ENTRETIEN AVEC LE MINISTRE DES DEPLACES

WALID JOUMBLATT:

«IL NE RESTE DE LA SOLIDARITE ARABE QUE LES RELATIONS PRIVILEGIEES ENTRE LA SYRIE ET LE LIBAN»

«On ne doit pas faire assumer à la France un rôle au Proche-Orient dépassant sa capacité».

L’homme se distingue par le courage de ses opinions. Pour lui, il n’y a pas d’opposition et de loyalisme dans l’absolu; ils dépendent de son intérêt politique et de l’intérêt du pays. Ministre des Déplacés, le leader druze est présenté, actuellement, comme l’un des «nœuds électoraux» auxquels le Pouvoir s’emploie à trouver une solution. De fait, il réclame le découpage du Mont-Liban en petites circonscriptions, ce à quoi s’opposent la plupart des hommes politiques, partant du fait qu’il n’est pas juste «de découper un district à la mesure de personnes déterminées, quelles qu’elles soient». Sur le plan régional, M. Joumblatt estime «qu’Israël est un corps étranger condamné à disparaître un jour». Quant à la solidarité interarabe, il observe qu’il n’en reste aujourd’hui que les relations privilégiées liant le Liban à la Syrie.»

LA PAIX AVEC ISRAEL, IMPOSSIBLE

Invité à analyser les résultats de la dernière opération militaire israélienne par rapport au Liban, il juge qu’elle a débouché sur l’arrangement du 26 avril prévoyant deux groupes (de surveillance et de consultation) qui n’ont pas encore été formés, en raison des divergences entre les cinq pays devant y être représentés, à propos du rôle politique ou sécuritaire du premier groupe. A la question: Considérez-vous la paix régionale possible et imminente?, le leader du PSP répond: «En fait, il est impossible d’instaurer la paix avec un Etat étranger sur la terre arabe, cet Etat étant un corps étranger implanté par le colonialisme britannique et occidental sur la terre arabe. «Il pourrait y avoir une trêve, mais il faudrait en améliorer les conditions, politiquement et économiquement. Nous ne voudrions pas qu’Israël en profite pour approvisionner Haifa en gaz et en pétrole, profite des ressources arabes et envahisse nos marchés. «La paix est impossible et l’Etat hébreu est appelé un jour à disparaître.»

- La solidarité arabe face à celle existant entre les Etats-Unis et Israël est-elle suffisante?

«Au fond, la solidarité est inexistante entre les Etats arabes. En réalité, il n’en reste que les relations privilégiées entre le Liban et la Syrie.»

LA FRANCE EST LIEE A L’OTAN

- Comment voyez-vous le nouveau rôle français qui s’est manifesté dans la région au cours de la récente étape?

«C’est un rôle acceptable, mais nous ne devons pas faire assumer à la France un rôle au-delà de sa capacité. Puis, ne perdons pas de vue que ce pays est un associé de la politique occidentale et, en définitive, la France ne peut se dégager des liens qui l’attachent à l’OTAN».

- Est-elle incapable de prendre la place de l’ex-Union soviétique en tant que parrain de la paix au Proche-Orient?

«La France est un Etat occidental qui cherche peut-être à jouer en Orient un rôle différent de celui des Etats-Unis. Les pays occidentaux veulent profiter des gisements pétro-lifères de cette région, l’Irak étant le principal concerné. Les Français ne viennent pas à nous pour nos beaux yeux, car il existe ici des intérêts économiques énormes. Il n’est pas vrai de penser que la France s’oppose à la politique américaine, comme ce fut le cas naguère de l’URSS».

- Vous êtes pourtant connu pour être enclin vers la politique française...

«Je n’ai pas explicité le fond de ma pensée sur ce point. Qui l’a dit?»

- On l’a déduit de l’intérêt que vous avez attaché à la récente visite du président Chirac et de vos critiques de la visite du président Bush à Baabda...

«Les aspects sociaux ne changent rien à l’essence des choses».

J’AI TOUJOURS COMPTE SUR LE ROLE IRANIEN

- Vous ne cessez de proclamer votre soutien à la résistance et des rapports solides vous rapprochent du «Hezbollah»: comment concrétisez-vous votre appui à ce groupement?

«Nul au Liban ne peut se substituer à la résistance nationale ou islamique qui bénéficie d’un appui politique. En d’autres termes, nous ne pouvons nous poser en tant que force de rechange, d’autant qu’il existe des milieux réactionnaires au sein du Pouvoir et de l’Armée libanaise attendant le moment propice pour amenuiser cette résistance. «Il est vrai qu’ils ont parlé d’intégration ou d’entente nationale et brandi des slogans ronflants. En réalité, nous étions sur le point de proclamer le cessez-le-feu unilatéral à un moment donné, lors de la dernière crise. Nous nous sommes opposés à cela, naturellement. Certains milieux proches du Pouvoir libanais ne voyaient pas d’un bon œil, si on peut ainsi s’exprimer, cette alliance libano-syro-irano-islamique. Ces milieux n’étaient pas satisfaits de la visite d’Al-Khansari, responsable iranien. Quoi qu’il soit, nous devons profiter de l’appui de l’Iran au double plan officiel et populaire».

- Vous comptez donc sur le rôle iranien au Liban dans l’étape présente?

«J’ai toujours compté sur ce rôle».

L’ENTRETIEN AVEC CHIRAC

- Vous avez eu un long tête-à-tête de vingt minutes avec le président Jacques Chirac lors de sa visite au Liban. Quelle a été la teneur de votre entretien et quelle importance accordez-vous au rôle français par rapport aux problèmes internes?

«Nous avons parlé des élections; plus particulièrement de la nécessité de ne pas causer du tort à la minorité islamo-arabo-druze au Mont-Liban. Je lui ai tenu ce langage: Si vous vous souciez de l’intérêt des chrétiens, je ne trouve rien à redire. Mais nous devons prendre conscience de la position délicate du Mont-Liban. Le président français a compris mon point de vue et m’a dit qu’il en avait fait part au patriarche (Sfeir).

- Sa Béatitude a-t-il évoqué devant le président Chirac l’affaire du retour des déplacés de la montagne à leurs villages?

«Nous avons évoqué le cas des déplacés qui ne pose aucun problème. Il y a un certain retard en ce qui les concerne pour des considérations financières. Mais je m’attends à réaliser beaucoup de notre plan du retour l’été prochain».

- Comment jugez-vous le rôle du gouvernement durant la dernière agression israélienne contre le Liban: s’est-il montré à la hauteur de la crise?

«Le gouvernement a accompli son devoir».

ENTRE LA TROIKA ET LES INSTITUTIONS

- D’aucuns disent que le président Hariri a ramené l’institution gouvernementale à sa personne…

«Pas du tout. Le président Hariri a joué un rôle important au niveau des événements et le Haut comité de secours qui relève de lui a œuvré dans le sens voulu. Le président du Conseil a coopéré avec le président Berri lorsqu’ils ont rencontré Christopher (le secrétaire d’Etat US) à Chtaura et à Damas. «De son côté, le président Hraoui s’est rendu aux Etats-Unis et a parlé devant l’assemblée générale des Nations-Unies. La troïka a bien fonctionné cette fois.»

- Vous donnez donc la préférence au système de la troïka plutôt qu’aux institutions?

«Il y a une troïka et des institutions; l’important est que tout fonctionne normalement».

JE NE FELICITE PAS L’OPPOSITION

A propos de l’action menée par les détracteurs du pouvoir, le ministre des Déplacés observe que les personnalités qui ont tenu une réunion au domicile du président Omar Karamé ne sont pas tombées d’accord sur les questions débattues.

«Après leur rencontre, certains ont critiqué les discussions qui s’y sont déroulées. Si telle est l’opposition, je ne la félicite pas».

- Bien des hommes politiques voudraient connaître le secret de votre alliance avec M. Hariri…

«Qu’est-ce qui les gêne dans cette alliance? L’homme est un chef du gouvernement actif ayant dépassé l’Islam traditionnaliste. Il est ouvert sur toutes les idées politiques et au plan du développement. Dans ce cas, pourquoi ne pas nous allier à une personne de cette qualité?»

- Vous avez attiré l’attention en critiquant le président Hraoui pour avoir honoré le président Bush au palais de Baabda; puis, vous avez rendu hommage à ses prises de position lorsque vous lui avez rendu visite quelques jours plus tard, peu avant l’agression israélienne. Comment justifiez-vous cette volte-face?

«Il n’y a rien d’étonnant en cela. J’ai dit que le chef de l’Etat a entrepris des initiatives courageuses dans l’intérêt du pays. Mais je tiens à rappeler qu’il n’y pas de loyalisme ni d’opposition dans l’absolu: il existe une politique et mon intérêt, comme celui du Liban, me portent à faire du loyalisme ou de l’opposition quand je le juge nécessaire. Tel est mon tempérament.

«Il ne nous manquait plus que la visite de Bush, un criminel ayant fait couler le sang du peuple irakien, les enfants d’Irak mourant à cause de sa politique et de celle de Clinton après lui».

IL Y A CRITIQUE ET CRITIQUE

- Vous ne cessez de critiquer certains opposants, alors que vous passez sous silence les attaques déclenchées contre le gouvernement par certains autres, tels Moustapha Saad, Najah Wakim et Mohsen Ibrahim…

«Personnellement, j’ai des observations à formuler à propos de l’action gouvernementale au plan du développement et j’ai plus d’une fois insisté sur la nécessité de modifier certaines priorités. «Ainsi, je demande qu’un plus grand soin soit apporté à la culture de l’olivier pour que le cultivateur reste attaché à sa terre. Au lieu que les prévisions budgétaires du ministère de l’Agriculture soient de l’ordre de 0,7 pour cent, elles devraient être de 10 pour cent, alors que celles de l’Armée sont de 30 pour cent. «Avec le président Hariri, une possibilité d’entente existe, alors qu’avec d’autres, le pays aurait connu sa fin».

- Comment se présente la situation du ministère des Déplacés et dispose-t-il de suffisamment de fonds pour dédommager tous les sinistrés?

«Le ministère des Déplacés a connu l’an dernier une certaine stagnation, en raison de la campagne de la reconduction (du mandat présidentiel) et d’autres événements ayant exercé une forte pression sur la monnaie nationale, la Banque du Liban ayant perdu, alors, près d’un milliard de dollars. «L’apport en fonds au ministère a tardé, mais le président Hariri a promis, cette année, de compenser le retard survenu dans la reconstruction. J’attache une grande importance quant à moi, aux réconciliations dans les villages où des massacres ont été perpétrés. Je parle des axes de Mazraat el-Chouf, Salima, Kfarnabrakh, Bmariam et Ras el-Metn. Si je peux réaliser d’autres réconciliations, je n’hésiterais pas à le faire, mais ce n’est pas facile. Toujours est-il que le ministère a mis au point un programme ambitieux pour cet été. Puissions-nous en finir d’ici à l’automne prochain, la principale difficulté ayant été en partie aplanie; l’argent est maintenant disponible».

LE DOSSIER DE LA MONTAGNE PLUS DIFFICILE QUE CELUI DU SUD

- D’aucuns s’interrogent sur les raisons ayant retardé l’indemnisation des déplacés de la montagne qui attendent depuis plusieurs années, alors que ceux du Liban-Sud ont été dédommagés en quelques semaines...

«Ah! quel pays! Ceci vous montre que l’entente nationale dont on a tant parlé après l’agression israélienne, est inexistante. Ceux qui émettent une telle réflexion, n’ont-ils pas honte? «En pleine guerre, l’Etat a offert aux Sudistes le minimum de ce qu’il est tenu de leur assurer pour les aider à tenir tête à l’occupant. Les chiffres enregistrés dans mon ministère indiquent que les personnes déplacées n’ont pas été négligées. «De toute manière, je crois que le dossier de la montagne est beaucoup plus difficile que celui du Liban-Sud du point de vue matériel et psychologique.»

- Le cas du bureau du ministère à Tripoli a-t-il été réglé?

«Il a été rouvert dernièrement et les déplacés du Nord pourront s’attendre à voir leurs problèmes résolus. Je reconnais que nous n’avons donné aucun coup de pioche au Liban-Nord.»

ONE MAN, ONE VOTE

- A votre avis, les élections législatives auront-elles lieu dans le délai constitutionnel?

«En ce qui me concerne, il existe un problème à trancher au Mont-Liban. En tant que parti (socialiste progressiste), nous sommes pour la petite circonscription, contre le mohafazat. Nous souhaitons que soit adopté le système appliqué dans bien des pays où le citoyen vote pour un candidat («One man, one vote»). «Quant aux législatives, je ne peux vous dire qu’elles se dérouleront dans le délai constitutionnel. Posez la question à d’autres... Je considère que le temps ne se prête pas à cette mascarade, mais si cette dernière doit avoir lieu, élaborons une loi électorale valable non pour ce scrutin, mais pour l’avenir; une loi de nature à stabiliser la montagne».

- Sur base de quelle loi les prochaines élections générales auront-elles lieu? «J’ai déjà exposé mon point de vue. Je propose que le Mont-Liban soit divisé en trois circonscriptions: Chouf-Aley, Kesrouan - Jbeil et Baabda - Metn-Nord... Mais si on s’en tenait au caza, je n’y trouverais aucun empêchement».

- Si le Mont-Liban n’était pas partagé en trois circonscriptions, boycotteriez-vous les élections?

«Chaque chose, en son temps. Sa Béatitude le patriarche (Sfeir) dit qu’il ne veut pas d’élus chrétiens non représentatifs; nous en disons de même. Nous formons une région sensible et nous ne voulons pas qu’on nous «importe» nos députés».

- On parle de la constitution d’une liste forte dans la montagne dont vous feriez partie avec Michel Murr, «l’ami et l’allié», comme vous l’avez appelé?

«Murr est notre allié, mais nous n’avons pas envisagé de constituer une liste unique. Si nous formions une telle liste comprenant Murr, Farès Bouez, Elie Hobeika, Antoun Khalil, un représentant du «Hezbollah» et moi-même, nous nous embarquerions tous dans une même galère qui coulerait. Ainsi, nous garantirions notre échec».

PAS DE DENOMINATEUR COMMUN AVEC L’OPPOSITION

- Vous avez effectué des contacts avec le Dr Albert Moukheiber; pourriez-vous faire liste commune avec lui?

«Le Dr Moukheiber est un homme honnête, mais nous ne sommes pas d’accord, politiquement.»

- Il existe un dénominateur commun entre l’opposition chrétienne et vous-même: tous deux vous réclamez la petite circonscription. Y aurait-il d’autres dénominateurs communs entre vous?

«Cela n’est pas vrai. Le Patriarche peut être en faveur du caza en tant que circonscription électorale, mais l’opposition chrétienne table sur le Mont-Liban qui compte trente-cinq députés, lesquels pourraient réclamer la révision de l’accord de Taëf; tel est leur slogan, en ce qui concerne les réformes constitutionnelles et la présence syrienne. Tel est l’objectif de Michel Aoun, Amine Gemayel, Albert Moukheiber et d’autres encore».

- Considérez-vous la présence syrienne au Liban comme temporaire devant prendre fin avec les négociations de paix dans la région ou bien cette présence doit-elle, à votre avis, se maintenir sine die?

«Pas du tout. L’accord de Taëf précise que la présence des forces syriennes est pour une période déterminée, leur retrait devant intervenir en vertu d’un accord entre les gouvernements des deux pays».

- Votre liste électorale pourrait-elle comprendre le leader du PNL, Dory Chamoun bien que vous ne soyez pas politiquement du même bord? «Je crois que Dory (Chamoun) se classe dans l’opposition; n’est-ce pas?»

- Rien ne vous rapproche de lui?

«Une amitié et le bon voisinage nous rapprochent, mais non les intérêts politiques. N’oubliez pas que mon allié et ami est Georges Dib Nehmé, du moment que Dory fait partie de l’opposition Puis, il n’est nullement question de m’allier aux ennemis de la Syrie au Mont-Liban».

LE CAS ARSLAN ET LES RELATIONS AVEC BKERKE

Voici, par ailleurs, les réponses de M. Joumblatt aux questions portant sur divers autres sujets:

Le cas Arslan: La place de Talal Arslan est assurée et nul ne peut la lui ravir. Il devrait, cependant, œuvrer à partir de sa communauté, au lieu de parler de l’intégration nationale dans une patrie divisée, au plan communautaire, ne jouissant pas d’un minimum d’entente.

Bkerké et Moukhtara: Les relations et le bon voisinage sont utiles, même si le dialogue ne donne pas de résultat; au moins, il rompt la glace et reste préférable que d’échanger les déclarations de loin en loin.

Université privée et confessionnalisme: Je m’oppose aux universités privées tout en œuvrant en vue d’instaurer la société civile, de manière à séparer la religion de l’Etat. La base reste l’Université libanaise, l’enseignement officiel et civique, avec une doctrine arabe unique et claire pour l’armée. Mais nous faisons le contraire. «Si la démocratie devait être la dictature de la majorité sur la minorité, elle ne serait plus la démocratie. Nous réclamons une spécificité pour le Mont Liban, comme c’est le cas dans le système américain, la représentation ordinaire étant assurée au Congrès où chaque département est représenté par deux membres pour assurer l’équilibre. En Suisse, les petites minorités ont une voix. Mais au Liban, c’est tout à fait le contraire. «La décision prise dernièrement par le Conseil des ministres autorisant une université islamique, est le début d’une nouvelle dislocation certaine de la société libanaise. Les élections des professeurs sont une nouvelle preuve d’alliances hostiles à l’unité de l’université libanaise. Je prédis la fin de cette université sous le «règne» de Michel Eddé. «Je m’oppose à toutes les autorisations accordées pour la création de nouvelles universités privées. Mais il semble que les intérêts politiques et communautaires soient plus forts. Je crois, en tout cas, que l’université est finie à cause de la courte vue du ministre de l’Enseignement supérieur et son hypocrisie. De la manière dont il procède, le nombre des médecins, des ingénieurs, des pharmaciens et autres ne cesseront de croître, car on les forme selon le système de la couveuse».

Audiovisuel: «Le problème de l’audiovisuel a été reporté de trois mois. Comme je l’ai déjà dit, les grands intérêts économico-communautaires ont fait mainmise sur l’information, devenue à la merci de quiconque possède une marque de whisky ou une agence de voitures».

Cumul des charges de ministre et de député: «Je suis en faveur du non-cumul des deux charges ce qui était, d’ailleurs, l’idée de mon père Kamal Joumblatt. Mais ils sont tous contre ce projet».

A la question: Les druzes d’Israël ont-ils des liens avec ceux de la montagne? le leader du PSP répond: «Nous avions des relations avec les druzes de Palestine et lorsque l’armée israélienne a envahi la montagne, des officiers druzes étant enrôlés dans cette armée, Israël a mis fin à ces relations, parce qu’il a craint que les druzes de la montagne influent sur leurs coreligionnaires de Palestine. Aussi, a-t-il retiré ces officiers».

Mouvement national: Interrogé sur le point de savoir s’il serait question de relancer le «Mouvement national», le ministre des Déplacés se limite à répondre: «On ne peut raviver un mort. Ce mouvement a joué son rôle à une époque déterminée et son action s’est perpétuée durant près de vingt ans. On ne peut faire marche arrière».

Environnement: M. Joumblatt tient, en conclusion, à s’étendre sur le problème de l’environnement et préconise la mise sur pied d’un organisme pour la préservation de la Nature, des rivages, du patrimoine comme c’est le cas en France et d’autres pays. «Si le même comportement devait se poursuivre dans certains secteurs de Beyrouth, à l’intérieur des zones contrôlées par «Solidère» ou en dehors de ces zones, le crime se perpétuera contre l’environnement. On m’a raconté qu’un immeuble très beau de couleur rose à Ras-Beyrouth, près du Phare, va être démoli pour céder la place à un nouvel édifice. C’est bien dommage. Un peuple sans patrimoine n’a pas de valeur. Un peuple sans Nature devient prisonnier du béton et Beyrouth est en passe de devenir la ville la plus laide du monde. Il faut protéger bien des régions pittoresques dans notre pays, avant qu’elles soient galvaudées».

(Propos recueillis par HOUDA CHEDID)