ELLA FITZGERALD NOUS QUITTE… LAISSANT DES "BLUES" A L'AME
Ella la reine du scat.
Celle qui fit aimer le jazz au monde entier, celle qui, pendant plus d'un demi-siècle fut la première dame de la chanson américaine s'est éteinte à l'âge de 79 ans, laissant en nous les "blues" à l'âme… Ella, un prénom aussi simple qu'un claquement de doigts, elle l'avait comme le définissait Michel Berger "ce petit supplément d'âme" cette grande dame qui gardait vissé au cœur le swing. Tour à tour enjouée et émouvante, aussi à l'aise dans le jazz que dans les compositions de Gerswin ou de Cole Porter, un mouchoir dans une main, un micro dans l'autre telle était Ella, cette vedette sans histoire d'une simplicité désarmante qui conférait à son art cette dimension dramatique omniprésente dans l'œuvre d'une Billie Holliday ou d'une Bessie Smith… Devenue une figure véritablement populaire, elle saluait avec ses chansons un genre qui ne pouvait que parler à cette fille du Sud, maîtresse du rythme, gorgée d'énergie. Incarnant tout et pour tous la chanteuse noire américaine, cette conteuse idéale, valorisant le plus infime détail est restée toute sa vie durant, sans rivale. Réservée et explosive, Ella qui avait enregistré plus de deux cents cinquante disques, plus d'une centaine d'albums originaux, avait reçu 13 "Grammy Awards", commandeur des Arts et des Lettres en 1990, Ronald Reagan en avait fait un véritable trésor national. Bill Clinton à l'annonce de sa mort a dit toute sa tristesse affirmant que "la voix phénomènale d'Ella restera proche du cœur des Américains, pour des générations à venir…
"J'AI TOUJOURS SU QUE JE CHANTERAI JUSQU'A LA FIN DE MES JOURS…"
La
plus grande chanteuse de l'histoire du jazz.
Ella avait ce goût prononcé pour le bonheur. Enjouée, secrète, le secret de sa voix incomparable résidait en ce qu'elle l'utilisait comme un instrument, jouant sur les nuances d'interprétations, trouvant toujours la variation mélodique idéale, passant du grave à l'aigu avec une déconcertante facilité. Née en 1918 en Virginie, Ella Fitzgerald connaît une enfance triste mais sans histoire dans un orphelinat de New York. A seize ans, elle décroche un prix dans un concours de chant pour amateur et elle est engagée à chanter avec le groupe du batteur Chick Webb. Elle dira déjà: "Je sais que je chanterai jusqu'à la fin de ma vie…" En 1942, elle s'attaque à une carrière de soliste et en quelques années elle devient l'idole non seulement des Américains, mais aussi des Européens et des Japonais. Tous les plus grands noms du jazz: Count Bassie, Duke Ellington, Louis Armstrong se disputeront ce phénomène, première spécialiste du scat. Dotée d'un sens de l'improvisation, d'une logique algébrique et d'une conscience de la métrique hors-pair, la voix de Ella sonnait comme une clarinette, voire un violon. Un mezzo soprano couvrant pratiquement trois octaves, une voix chaude et généreuse qui savait rendre chaque texte, chaque mélodie encore plus passionnants. Son éclectisme était tel qu'on retrouvait, également, dans son répertoire des chansons de Lennon, de Sinatra comme l'inoubliable "Summertime" ou sa fabuleuse interprétation de "Porgy and Bess". Infatigable, malgré de très sérieux ennuis de santé, Ella n'a jamais abandonné la scène. Avec un "pep" irrésistible, une joie de vivre très communicative, malgré sa vue qui commençait à baisser très sérieusement depuis 1970, malgré une opération d'un quintuple pontage coronarien, des problèmes respiratoires, elle continue de se produire sur scène. En 1993, elle subissait suite à son diabète l'amputation de ses deux jambes… Oui mais la maladie ne lui avait pas coupé les ailes pour atteindre enfin tous ses amis, derrière un arc en ciel… Elle est morte celle qui fit aimer le jazz au monde entier qui le lui rendit bien. Ella la diva noire, a stimulé la plus belle aventure musicale du XXe siècle.
S.N.