Carla Bruni en velours brodé. YSL

OLIVIER LAPIDUS: UNE COLLECTION FUTURISTE

Pour le talentueux couturier, Olivier Lapidus, fils du célèbre Ted Lapidus, la collection hiver 96-97 est placée sur la trajectoire du futur. C’est le plus branché des créateurs qui réussit à conjuguer d’un même trait alerte passé, présent et avenir. Sa collection “The âge of Space” (ou l’âge de l’espace) est passionnante. Ses manteaux vert-pistache merveilleusement taillés portés avec des bottes hautes, ont un immense succès... Sans oublier ses robes rose bonbon à col haut, ses magnifiques robes du soir pour une femme jeune et super sexy. Mais le clou du défilé fut l’ensemble fuseau noir et parka multicolore à capteur d’énergie solaire, permettant de transformer la lumière en électricité et de conserver la température du corps par tous les temps. En plus, ce vêtement du futur a la capacité de recharger les téléphones portables et d’alimenter les fax. Sacré Olivier, il n’a pas fini de nous étonner et de se faire de plus en plus aimer!

Contraste entre le blond vaporeux de la Schiffer et le mystérieux smoking d’YSL.

DERNIERE CREATION DE GIANFRANCO CHEZ DIOR

Chez Dior, dernière collection de Gianfranco Ferré en la présence de Mme Bernadette Chirac, celle de sa mère, Mme Chodron de Courcel, placée à la gauche de Bernard Arnault, P.D.G. du groupe, sans oublier Emmanuelle Béart, Mmes Juppé, de Charette, Claude Pompidou, Paloma Picasso et bien d’autres célébrités. Chez Dior, les robes sont somptueuses, légères, en organzas plissés et beaucoup de dentelles couleur fleur de sable.

Dior balance entre le drapé à la grecque et le sari indien.

La simplicité dans la perfection, mais aussi le faste des robes somptueuses inspirées de l’Inde dans un ballet d’élégance et d’opulence digne des palais de maharadjahs. En fin de défilé, beaucoup d’émotion et fracas d’applaudissement pour remercier et saluer Ferré qui, pour sa collection d’adieu, fut sublime. Chez Ungaro, prédominance de la “high society" italienne, avec à sa tête la famille Ferragamo qui devient majoritaire chez le couturier italien. Comme toujours, Ungaro fascine par son talent de mélanger tissus et couleurs. Ses pyjamas du soir en dentelle et en mousseline font sensation. Quand apparaît la mariée, bergère du XVIIIème siècle, la salle salue un “grand” couturier qui n’a jamais cessé d’être amoureux de son métier.

Carla Bruni en “Marquise des Anges”.

CHANEL SE MODERNISE

C’est à l’hôtel Ritz, à la suite Windsor, anciens appartements de Coco Chanel, qu’a lieu le défilé Chanel, magistralement mené par Karl Lagerfeld qui n’a pas fini de surprendre, en modernisant Chanel, sans pour autant en trahir le mythe. Plus un seul signe extérieur de Chanel: plus de double “C” sur les boutons, ni sur les sacs, ou les ceintures; plus une seule jupe, mais des caleçons, des “Léotards”, des pantalons étroitement zippés sur la jambe, portés avec de hauts talons, sous des vestes aux boutons en pierreries. Les manteaux sont longs, minces, noirs ou rouges flamboyants, ultra-violet ou marron glacé. Les tailleurs sont portés par des mannequins ultra-minces. Le soir chez Chanel est tapageur avec ses ruissellements de pierres de Topkapi, de perles, de broderies d’argent ou d'or; les quatre tuniques et manteaux du final, inspirés par les coromandel de Coco Chanel où l’on dessine des pagodes et des ruisseaux, des cerisiers en fleurs et des dragons ont nécessité six cents heures de travail, par pièce et nous ont littéralement époustouflés! Chez Hanaë Mori, la couturière japonaise la plus célèbre de l’avenue Montaigne, les cultures occidentales et orientales se marient avec maestria.

Couleurs pastel pour une robe de gala de Lacroix.

Les fastes du Japon millénaire sont évoqués par la soie et les satins imprimés de paysages multicolores. Quand vient le soir, les étoles de mousseline s’envolent comme des papillons, les pantalons se piquent de plume d'autruche, les robes d’organza nacré sont peintes à la main. Bref, luxe, talent, élégance et exotisme se marient à merveille. Chez Yves St Laurent, comme toujours, la simplicité est fastueuse et d’une rare perfection, Claudia Schiffer a présenté en exclusivité, la collection St Laurent et elle était magnifique. On assiste à la renaissance de la robe noire pour dîner en ville: elle est en velours, dépouillée à l’instar d’une robe de concertiste, à manches gants et décolleté profond arrondi. L’élégance est dans la rigueur et la rencontre imprévue de couleurs rares. A l’exemple de cet ensemble aux trois tons de pourpre sur cardigan de velours prune et jupe en velours bordeaux sur une blouse en mousseline orange ardent. Les manteaux de velours sont ourlés de renard de couleurs différentes. La mariée de St Laurent (Claudia Schiffer) était en blanc, mais portait un chapeau de curé noir ainsi qu’une capeline velours noir. Original, non?

Guipure de charme pour un chapeau à porter pour aller au Derby.

L’APOTHEOSE AVEC LACROIX

De l’avis de la majorité, c’est la collection de Christian Lacroix qui a fait palpiter le plus de cœurs. Tant elle était belle et empreinte d’un très haut talent artistique, à l’instar de peintres célèbres, tel Vermeer, Goya, Watteau, ou même Delacroix. C’est, aussi, l’Espagne de toutes les époques et de toutes les passions... C’est le XVIIème siècle des décolletés sabrés d’un coup de ciseau pour dénuder la gorge et l’épaule. Avec maestria, Lacroix vit son rêve, mélangeant les siècles et les genres avec poésie, insolence et fantaisie dans le splendide décor persan du Grand Hôtel place de l’Opéra. La salle en transe, au comble de son émerveillement, applaudit à tout rompre quasiment chaque modèle. Au premier rang, la première Dame Mme Bernadette Chirac (particulièrement séduite), M. et Mme Bernard Arnault, Régine, de très nombreuses et prestigieuses clientes et j’en passe. La mariée de Lacroix est magnifique et mystérieuse, évoluant sous une sorte de cage en mousseline tombant jusqu’à terre et ouverte juste à la fin par Christian Lacroix follement et très longtemps applaudi. Bref, nous vécûmes en cette semaine de défilés parisiens des moments que nous serons loin d’oublier de sitôt!

troisème partie