LES NOUVELLES FIGURES DU PARLEMENT
DEPUTE DRUZE DE BEYROUTH
KHALED SAAB:
“LE LIBAN A DES SPECIFICITES CAPABLES DE LUI GARANTIR UN ROLE ET UNE PLACE DE CHOIX SUR LE PLAN TOURISTIQUE”
Né à Beyrouth, en 1944, il fait ses études primaires au collège protestant et, secondaires, à l’I.C. et au “High School”. Il obtient son baccalaurius en sciences politiques à l’A.U.B. et se rend à New York pour travailler à la Bourse au service des ventes et achats d’actions. Mais il ne tarde pas à rentrer au pays pour se lancer dans des projets touristiques: des chalets à Faraya; puis, le “Summerland” avec la famille. En 1993, il se retire de l’hôtel et crée sa propre société. “Notre profession, dit-il, a été la plus affectée par ces années de guerre. Il est normal qu’on s’en occupe de très près de façon quotidienne, avec les collègues opérant dans les différents domaines touristiques”. Ainsi, il est élu à la tête de la Fédération des syndicats de tourisme, qui groupe sept syndicats. “Il y aura bientôt des élections et je pourrai me retirer pour me consacrer à la députation”. Son travail le mène vers différentes actions à caractère public et il est nommé membre de plusieurs conseils d’administration. “J’ai démissionné de ces postes, non rénumérés d’ailleurs, avant de poser ma candidature aux législatives”, tient-il à préciser en réponse au recours d’invalidation présenté contre son élection par le député druze sortant, Issam Naaman. Sur le plan professionnel, il travaille sur un projet touristique avec un groupe d’investisseurs sur les hauteurs de Kfarselwane. Il affirme ne pas être partisan, tout en ayant de bonnes relations avec Walid Joumblatt et n’avoir pas fait de la politique, mis à part qu’il avait été président de l’amicale des étudiants à l’A.U.B. Marié, père de deux enfants âgés de 19 et 18 ans il pratique de façon régulière une heure de marche tous les jours.
PRIORITE AU DOSSIER TOURISTIQUE
“La politique englobe tous les secteurs et domaines, affirme d’emblée Khaled Saab, nouveau député druze de Beyrouth. Du fait que notre profession est considérée comme l’une des composantes vitales du cycle économique libanais, il est normal que nous soyons présents dans l’hémicycle. Nous en avons bien le droit, je pense! Telle était donc la motivation essentielle qui l’a mené au parlement. Sur l’action qu’il compte y mener, il répond: “Je m’occuperai, tout d’abord, du dossier que je connais le mieux. Mais ceci ne veut pas dire que je me désintéresserais des autres dossiers. Le tourisme va de pair avec l’environnement et la formation d’un personnel qualifié. D’où la nécessité d’orienter les jeunes vers les métiers et professions dont le pays a le plus besoin”.
- Arrivez-vous place de l’Etoile avec un plan de travail et des idées concrètes à proposer?
“Je ne suis pas venu avec un programme précis, mais dans le cadre d’une liste qui, elle, a un projet global et concret. Présidée par le premier ministre Hariri, cette liste avait pour nom la “Décision de Beyrouth” mais son véritable slogan est celui du développement et de la reconstruction. Il est, dès lors, du devoir de chaque personne qui le peut, de collaborer et participer à cet objectif prio-ritaire. Car celui qui a vécu ces années de guerre et de des-tructions connaît la valeur de la reconstruction”.
- Les problèmes du tourisme, de l’environnement, de l’orien-tation professionnelle des jeunes ne semblaient pas figurer dans l’ordre des priorités de la liste!
“Je ne suis pas d’accord avec vous! Car, en définitive, le chef de la liste choisit ses membres en fonction des compétences et des spécialisations propres à chacun, en vue de former une véritable équipe de travail. Mon entrée sur la scène politique au sein de la liste était dans la perspective de participer avec cette équipe qui a pour slogan un vaste programme de développement et de reconstruction et où on est appelé à y mettre du sien”.
UN DOSSIER QUE JE CONNAIS BIEN
- Quelles sont vos propositions personnelles concernant le domaine touristique, sachant que vous avez une longue expérience dans ce domaine?
“Certes, je ne suis ni un nouveau venu ni un intrus à ce dossier que je connais bien de par mon action et mes activités professionnelles. Comme programme d’action, je considère qu’il est indispensable, en premier lieu, de restaurer les établissements touristiques exis-tants et qui, pour la plupart, sont dans un état désastreux, du fait des années d’épreuves. D’où la nécessité d’encourager et de drainer les capitaux et les investissements libanais et étrangers vers ce secteur et de promulguer les lois adéquates à cet effet. Surtout que les projets touristiques assurent de mul-tiples opportunités de travail, pour un grand nombre de gens. Un hôtel moyen a besoin de 400 à 500 employés. Ce n’est pas peu! Pour cela, l’importance de ce secteur est vitale pour développer et faire avancer le pays”.
- Dans la perspective d’une paix régionale, quels seraient le rôle et la place du tourisme au Liban?
“Le Liban a des spécificités capables de lui garantir un rôle et une place de choix sur le plan touristique. Son climat a, de tout temps, attiré les fils de la région et avant la guerre le Liban, était un centre de villégiature pour les Arabes et est en train de le redevenir. Celui qui vit toute l’année avec l’air conditionné, souhaite passer au moins deux mois dans un climat sain et reposant. “Le monde arabe est donc attiré par le climat du Liban et ses montagnes, d’où l’importance de mettre en place les structures capables d’accueillir les vacanciers et de leur offrir les services adaptés aux exigences de l’avenir. “Le Liban a, aussi, un autre grand atout touristique: au cours de la saison d’hiver, ses montagnes sont les seules couvertes de neige dans la région. Il faut donc créer une deuxième saison de tourisme l’hiver en attirant vers nos montagnes les adeptes et amateurs de ski. Ajouter à cela la cuisine libanaise qui s’est constituée au fil du temps à travers les brassages de cultures et de traditions culinaires pour devenir spécifique et recherchée de partout”.
POUR UNE VERITABLE POLITIQUE DE L’ENVIRONNEMENT
“Avant la guerre, le Liban était, aussi, le dispensaire, l’hôpital, le centre universitaire et culturel pour la région arabe. Il est, aujourd’hui, appelé à le redevenir. D’où la nécessité de ramener au pays les cerveaux libanais qui ont émigré. Par la compétence et la réputation qu’ils ont acquises à l’étranger, ceux-ci redonneront au pays une place privilégiée à l’echelle régionale. “Par ailleurs, rien de tout ceci ne pourra se faire, si on n’a pas une véritable politique de l’environnement, afin de protéger nos montagnes, notre côte et notre société.”
- Précisément, c’est là où le bât blesse, car sur le plan de l’environnement, c’est l’échec total!
“Rien ne se fait en pressant un bouton ni par une nuit sans lune. Le ministère de l’Environnement a été créé il y a 4 ans à peine et n’avait pas de budget. Il faut promulguer les lois nécessaires à la protection de l’envi-ronnement, synchroniser l’action avec les autres ministères et, surtout, sensibiliser l’opinion publique, créer une véritable prise de conscience chez le citoyen”.
- Ne croyez-vous pas que la situation est bien plus grave et mérite des mesures d’urgence, avant qu’on fasse notre deuil du moindre espace vert, des sites et anciennes demeures, et de notre côte?
“Le citoyen doit respecter les lois. Le fonctionnaire devrait, aussi, comprendre que la loi est faite pour le service des gens et que son application est dans l’intérêt public. J’étais dans le secteur maritime et sur toute la côte, il y a eu des dérogations, non pas que la loi n’existait pas, mais parce qu’on ne pouvait pas obtenir d’autorisations légales; on était obligé de travailler en cachette, pour réaliser un projet vital”.
SE CONFORMER A LA DECISION DE LA MAJORITE
- Auriez-vous l’ambition d’être ministre du Tourisme ou de l’Environnement?
“La personne qui n’a pas d’ambitions n’est pas digne de ce nom. Je ne recherche pas un ministère et j’expose mes idées, sans plus. Je préfère, d’ailleurs, être législateur au parlement plutôt qu’à la tête d’un ministère au budget quasi-nul. Je suis un homme d’action dans ma vie professionnelle et je vais continuer à l’être.”
- Allez-vous pouvoir concilier vos activités professionnelles avec la députation?
“C’est le grand problème auquel je fais face en ce moment, en toute sincérité. Certes, je n’ai pas le choix, je dois m’organiser de sorte à continuer à m’occuper de mes activités privées, sans que cela entache en rien mon rôle public”.
- Votre présence sur la “liste de la Décision” signifie-t-elle que vous allez approuver sans contestation, toutes les décisions de Rafic Hariri?
“Je suis un homme d’action très pratique. J’ai déjà travaillé dans des conseils d’admi-nistration et sait comment cela se passe. Chaque membre a son point de vue mais, en définitive, il faut se conformer à la décision de la majorité. Notre problème au Liban, c’est qu’à l’intérieur d’une réunion on dit une chose et quand on en sort, on en dit une autre. “Pour ma part, j’ai toujours exprimé mon opinion et continuerai à le faire, tout en respectant en bon démocratre la décision de la majorité”.
OUI, AUX LIBERTES, NON A LA PAGAILLE
- Etes-vous convaincu de l’ensemble des projets de Hariri?
“Je ne suis pas là pour le défendre, ni pour admettre le principe qu’on l’attaque. En premier lieu, toute personne qui travaille commet des erreurs. Au moins, le président Hariri travaille, a un projet global et ceux qui s’y opposent n’ont qu’à proposer quelque chose d’autre pour qu’on puisse faire un choix. En définitive, l’homme doit être en harmonie avec soi-même et avec ceux avec qui il collabore.”
- Ne trouvez-vous pas que les libertés sont en danger en ce moment, au Liban?
“Je crois en les libertés, mais non en la pagaille. Je voudrais répondre à cette question d’un point de vue économique: la pagaille dans l’information influe sur notre développement économique. Il est demandé, dès lors, au “Quatrième pouvoir” d’amortir les problèmes, les conflits internes, les critiques qui effraient l’investisseur et n’encouragent pas le retour des capitaux. “Car aujourd’hui, il nous faut surtout agir, participer avec tous ceux qui produisent dans cette société et construire l’avenir”.
N.H.