DÉPUTÉ DU METN RÉCEMMENT ENGAGÉ DANS LA POLITIQUE
RAJI ABOU-HAIDAR:
“LE SUCCÈS DES HOMMES D’AFFAIRES AUX LÉGISLATIVES REFLÈTE LE DÉSIR DES CITOYENS DE HÂTER LA RECONSTRUCTION”
Il représente la nouvelle génération de parlementaires, apportant du sang nouveau à la Chambre. De plus, il a créé la surprise, en l’emportant sur un vétéran du parlement, le Dr Albert Moukheiber. Maintenant qu’il a accédé à l’Assemblée nationale, cet avocat-homme d’affaires compte-t-il renoncer à ses activités “professionnelles”? Etant entendu qu’il était établi à l’étranger d’où il s’acquittait de ses obligations.
Sa réponse est rapide et catégo-rique: “Pas du tout. J’ai tout simplement transféré mes bureaux au Liban où j’ai ma maison et ma famille. De plus, j’ai ouvert à Raboueh un bureau politique complètement indépen-dant de mes bureaux de travail”. En tant que directeur général de la société “Abella” ayant à son service 140.000 employés et ouvriers, M. Abou-Haidar précise qu’il peut assumer ses charges à partir de Beyrouth et de n’importe quel point du globe.
SON ORDRE DES PRIORITÉS
- Quel est votre ordre des priorités en tant que parlementaire?
“J’ai déjà exposé mon plan de travail au cours de ma campagne électorale. Ce plan comporte trois points essentiels: Primo, m’acquit-ter de mon rôle de député qui consiste à légiférer et à contrôler l’Exécutif. Secundo, contribuer à promouvoir le développement de ma circonscription et du Liban, en réalisant des projets d’utilité publique. “Tertio, rendre service aux citoyens qui en formulent la demande”.
- Auriez-vous une préférence pour une commission parlementaire?
“Etant donné mon expérience juridique, dans les domaines du tourisme, de l’économie et de la finance, j’aurais une prédilection pour les commissions spécialisées dans ces secteurs.”
- Ne constatez-vous pas que dans leur majorité, les nouveaux députés sont des hommes d’affaires ou versés en matière financière?
“Oui et ceci reflète la situation dans laquelle vit le Liban, à savoir l’ère de la reconstruction. Ceci nécessite la conclusion d’accords avec des sociétés et par conséquent, la création de nouveaux emplois. “D’où l’importance de la remise en état des infrastructures, afin d’encourager ces sociétés à s’implanter chez nous. Les hommes d’affaires devenus députés, peuvent avoir quelqu’influence dans ce domaine”.
RECOURS EN INVALIDATION DE MOUKHEIBER
- Le Dr Albert Moukheiber a présenté au Conseil constitutionnel un recours en invalidation de votre mandat. Qu’auriez-vous à dire à ce sujet?
“Le recours du Dr Moukheiber se base sur deux points: le fait que je ne résidais pas au Liban au cours des législatives et la présentation de ma candidature après l’expiration du délai légal. “Je regrette que le Dr Moukheiber que je respecte et connais depuis mon jeune âge, n’ait pas pris la peine de s’assurer de la justesse des faits invoqués dans sa requête. “J’ai présenté les documents et pièces justificatives réfutant ses allégations. Je crois, d’ailleurs, que la campagne en vue de l’in-validation de mon mandat, revêt un caractère médiatique plutôt que juridique. De toute manière, attendons l’arrêt du Conseil cons-titutionnel, la plus haute instance juridique au Liban”.
- D’aucuns disent que le chef de l’Etat a soutenu votre candidature. Est-ce exact et quelle est la nature de vos relations avec le président de la République?
“Il s’agit d’une relation établie de longue date entre mon père et la famille du président Hraoui. Quant à dire que le président a soutenu ma candidature, je pense que Son Excellence est resté neutre et n’a pris le parti d’aucun candidat. “Naturellement, j’ai fait partie de la “liste Murr”connue pour ses tendances et orienta-tions. J’appuie donc le chef de l’Etat sans au-cune hésitation”.
- Aspirez-vous à prendre en charge un portefeuille ministériel?
“Il va sans dire que je suis encore novice en politique et la priorité dans ce domaine revient à mes aînés”. En ce qui concerne son appui à MM. Nabih Berri et Rafic Hariri aux deuxième et troisième présidences, M. Abou-Haidar le justifie par sa conviction que les deux hommes sont aptes à assumer ces hautes charges. “Le président Berri, dit-il, n’avait pas de concurrent aux élections pour la présidence de l’Assemblée. Il en est de même pour le président Hariri et, de plus, il importe d’assurer une continuité dans le travail, surtout, en ce qui concerne l’œuvre de la reconstruction”.
LA PAUVRETÉ SÉVIT CHEZ NOUS À CAUSE DU CHOMAGE
- A quels problèmes aimeriez-vous voir le gouvernement accorder la priorité dans son programme?
“Le gouvernement a accordé, précédemment, la priorité à la reconstruction du Liban et à la remise en état des infrastructures. Mais aujourd’hui, en plus de la reconstruction et des infrastructures, le gouvernement devrait se pencher sur l’aspect social. La pauvreté sévit au Liban, de même que le chômage. Le peuple est dans la gêne, ce qui n’est pas étrange, après notre dure épreuve. Il importe, avant tout, d’assurer l’instruction aux enfants en âge scolaire et les soins médicaux. “Un soin particulier doit être accordé, également, à l’enseignement technique et professionnel, afin de garantir un gagne-pain aux jeunes”.
- Comment évaluez-vous la situation économique du Liban?
“Je ne suis pas informé en détail sur ce sujet. Cependant, le déficit ne me fait pas peur, du moment qu’il résulte de la préparation d’un pays à réactiver ses secteurs productifs. Car en assurant le téléphone, l’électricité, les routes, le port, l’aéroport, des zones franches et in-dustrielles, nous préparons le pays à accueillir des sociétés et des institutions capables de créer des emplois et d’intensifier la production qui nous permettra de combler le déficit. “Puis, nous nous attendons, une fois la paix régionale instaurée, à obtenir une aide sérieuse de la part des pays frères et amis, pour parachever certains projets”.
EN MARGE DE LA CORRUPTION ADMINISTRATIVE
- Qu’auriez-vous à dire à propos de la corruption au sein de l’Administration officielle? Ne porte-t-elle pas atteinte au renom du Liban à l’étranger, tout en compromettant les investissements?
“Malheureusement, la corruption existe et nous en pâtissons tous. Mais on ne peut pas remplacer tous les fonctionnaires; il suffit de placer à la tête de chaque département un homme probe et capable, pour en extirper les mauvais éléments et, surtout, de réactiver les organismes de contrôle”.
(Propos recueillis par Hoda Chédid)