DANS UN DIALOGUE DIRECT AVEC
LES DIVERS POLES
DE L'OPINION PUBLIQUE

HRAOUI :

“J’insiste sur les réformes constitutionnelles et la loi sur le statut personnel”

Pour la première fois, le président Elias Hraoui a engagé, dimanche dernier, un dialogue direct avec les divers pôles de l’opinion publique: les représentants des médias, des syndicats, des Ordres professionnels, des universitaires, des agriculteurs, des artistes, etc... Pendant plus de deux heures et demie, il a répondu aux questions, sans en omettre aucune. Bien que, selon une source renseignée, celles-ci étaient sélectionnées de façon à en exclure les questions embarrassantes. Le chef de l’Etat affirme, tout d’abord, sa détermination à procéder à des réformes constitutionnelles et, à cet effet, il s’emploiera à obtenir l’agrément du Conseil des ministres. Il réfute l’allégation de ceux qui dénoncent la “troïka”, en précisant que “les trois présidents se concertent dans l’intérêt du Liban”. Le Premier Libanais critique ceux qui parlent de misère et de vie sous le seuil de pauvreté chez nous, assurant que, d’après les statistiques, “le nombre des pauvres n’excède pas 5 pour cent du peuple libanais”(!).

LIBERTéS GARANTIES...

M. Hraoui insiste sur la liberté d’expression, en attirant l’attention sur le fait “qu’aucun journal n’a été fermé ni aucun journaliste emprisonné, les libertés étant garanties”. Le président Hraoui proclame, aussi, sa détermination à combattre la corruption, révélant avoir remis au Conseil des ministres une liste de fonctionnaires suspects et appelant à la condamnation de ceux parmi eux qui auraient touché des pots-de-vin. Par ailleurs, il soutient que “la réconciliation nationale s’est réalisée le jour où la guerre a pris fin: il y a eu, alors, des retrouvailles nationales, même en dehors de la volonté présidentielle et des hommes politiques”. Le président Hraoui est persuadé que “la situation économique demeure saine”, disant que “le doute qu’on tente de susciter dans les esprits, vise à affaiblir la confiance extérieure dans notre patrie”.

Au premier rang de l’assistance: MM. Bassem Sabeh, ministre de l’Information; Mohamed Baalbaki et Melhem Karam, présidents, respectivement, des Ordres de la Presse et des journalistes et Mlle May Kahalé, conseiller de presse au palais de Baabda.

L’ABOLITION DU CONFESSIONNALISME POLITIQUE

En réponse à une question relative à l’abolition du confessionnalisme politique, le Premier Libanais émet ces réflexions: “Comment pourrais-je y mettre fin, alors que le pays ploie sous le poids du confessionnalisme et du sectarisme? Preuve en sont les réactions et les critiques des hommes de religion, le jour où j’ai préconisé l’élaboration d’une nouvelle loi sur le statut personnel. Et de poursuivre: “Le confessionnalisme politique doit être banni des esprits et des cœurs avant de l’être des textes”. En ce qui concerne la liberté, il observe que Dory Chamoun s’exprime en toute liberté et se déplace partout dans le pays sans être inquiété par qui que ce soit. “Quant à l’ex-président Amine Gemayel et au général Michel Aoun, je souhaite leur retour, rien ne justifiant leur présence en France. Le Général a terminé sa période d’exil et rien n’empêche le retour du président Gemayel. Si l’on excepte le dossier financier dont dispose le Parquet concernant le général Aoun et à propos duquel je ne puis rien faire”.

Les représentants des médias audiovisuels ayant recueilli les questions adressées au chef de l’Etat: Ali Jaber (Future TV), Camille Ménassa (MTV), Georges Farchakh (Télé-Liban), Georges Ghanem (LBCI) et J.-C. Boulos (Télé-Liban).

QUID DE L’AVENIR?

Quant à l’anxiété de la fraction chrétienne de notre peuple, quant à l’avenir et au sort de la présidence de la République, M. Hraoui déclare: “Les Etats arabes musulmans ont résolu de conserver au Liban un visage chrétien à travers la personne du chef de l’Etat”. Quant à la paix, elle ne pourra pas être instaurée dans la région, tant que Netanyahu ne changera pas de mentalité et de comportement. “Désarmer la résistance au Liban-Sud, enchaîne le président Hraoui, susciterait de grands problèmes, mais une fois la paix revenue, aucun coup de feu ne sera tiré du Liban-Sud, l’Etat s’engageant à assurer la sécurité de la zone frontalière”. Et à quand le retrait des forces syriennes du territoire libanais? A cette question, M. Hraoui répond: “Le retrait de l’armée syrienne en application de l’accord de Taëf, est tributaire de l’évolution de la conjoncture régionale”. Enfin, il réaffirme que “le Liban sera le dernier Etat arabe à signer la paix avec Israël et à ce moment, je serais disposé à serrer la main aux responsables israéliens”. La dernière question a porté sur le cas des personnes déplacées et le chef de l’Etat déclare à ce propos: “Il me peine de constater que tous les déplacés n’ont pas réintégré leurs villages. Assez faire de la surenchère au sujet de la caisse des réfugiés; je veux que tout le monde m’entende. La personne déplacée a le droit de revenir à sa maison et à ses terres. Que celui qui a des oreilles m’entendent”...