Airbag létal 1           Airbag létal 2

chapô

Si sa fonction première est de protéger, l’airbag, peut également s’avérer périlleux. Le choc lors de l’ouverture n’est pas des plus doux, mais c’est le prix à payer pour avoir la vie sauve. Excepté que les « petits » s’acquittent parfois de la leur justement... L’ouverture de l’airbag se fait à une vitesse pouvant atteindre les 320 Km/h, risquant ainsi de briser le cou d’un enfant ou d’un adulte de petite taille. Bien qu’ayant sauvé la vie de plus de 1700 personnes, les airbags ont également entraîné la mort de 32 enfants et 20 adultes. Ces chiffres alarmants ont suscité la colère de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), la sécurité routière américaine, qui a exhorté les constructeurs automobiles à réduire la puissance d’ouverture de 30%, limitant ainsi les risques encourus. Pour un grand nombre de « petits », la vitesse de gonflement des airbags est fréquemment synonyme de mort. Le problème si l’on peut dire, est de... taille. En effet, les victimes des airbags sont des individus (enfants ou adultes) d’une moyenne inférieure à 1,60M, dont un pourcentage important de femmes ayant succombé suite à l’ouverture du coussin. Que se passe-t-il durant ces brefs instants ? L’airbag se gonfle en quelque 30 millisecondes, cinq fois plus qu’il ne vous faut pour cligner des yeux... et se dégonfle aussitôt afin d’éviter tous heurts ou secousses avec le siège. Les personnes de petite taille, ont tendance à rapprocher leur banquette du tableau de bord, de sorte que, lors du gonflement, elles sont atteintes directement au visage, augmentant ainsi les probabilités mortelles. Gardons-nous, cependant, de tout alarmisme, car une partie de ces victimes n’avaient pas de ceinture de sécurité ou l’avaient mal fixée ; le port de celle-ci n’étant pas obligatoire dans certains Etats américains.

Simulation d’accident avec des mannequins
(plus connus sous le nom de “Crash test dummies”)
servant à tester, virtuellement, l’efficacité
des systèmes de protection.

Une option qui permettrait de désactiver l’airbag passager, sera bientôt en vigueur (modèles 98), évitant tout incident inutile. Cette mesure permettrait ainsi de protéger les enfants des chocs brutaux tout, en gonflant l’airbag avec suffisamment de rapidité pour continuer à sauver les adultes. Le seul problème que pose la mise hors service de ce dispositif est l’amalgame avec les airbags classiques qui ne se déclenchent pas lors du choc. Il n’est en effet pas rare que certains survivants poursuivent en justice le constructeur pour tromperie sur la marchandise ou pour matériel défectueux.

Les voitures qui seront équipées du nouveau système d’airbag auront l’option désactivation et ladite ‘option airbag’ n’en sera plus. Elle sera obligatoire au 1er janvier 1998, donc de série sur toutes les voitures en circulation (aux Etats-Unis) construites après 97.

Les airbags latéraux, s’ils ne représentent aucun danger demeurent superflus. Ils sont nés, suite à la vague de « sécurisation » des automobiles. L’argument sécuritaire est largement occulté par des raisons purement marketing. Les gens réclament de la sécurité, on leur en donne. Pour ce qui est de l’intérêt des airbags latéraux, de grands constructeurs comme BMW, Mercedes ou encore Volvo s’attellent à son optimisation. La prochaine étape qui ne tient, quant à elle pas du gadget est la mise en place des airbags dits « intelligents », prévue pour 1999. Les véhicules équipés de smart airbags détecteront d’eux-mêmes l’absence de passager, désactivant ainsi automatiquement le procédé de sécurité. Mieux, les airbags du futur seront capables d’estimer le dosage de la pression du coussin en fonction du poids et de la taille du voyageur, afin d’assurer une protection optimale.

Un débat divise actuellement la NHTSA et le trio Ford, General Motors et Chrysler. Opposés à la mise en place du système de désactivation, les Big Three arguent qu’il serait imprudent de mettre des interrupteurs sur demande, car cette option pourrait entraîner encore plus d’accidents – la raison cachée est, aussi, la peur des poursuites judiciaires quant au dysfonctionnement éventuel du mécanisme de sécurité. La NHTSA quant à elle, sollicite le dispositif pour proposer l’alternative de « soulager les consommateurs inquiets » du danger que peut représenter un gonflement trop prompt. Les trois géants de répliquer qu’il s’agit : « d’un rejet total de responsabilité » de laisser aux acheteurs la possibilité de choisir la déconnexion du système de sécurité. La polémique-choc ne fait que commencer, mais elle promet d’avoir... de l’impact !

 Saër KARAM.