LEBANON’S PAGEANT 97

ON ATTENDAIT ZOYA, CE FUT DALIDA

Dalida Chammaï et Nagib Abi-Aad les deux «élus».

Les élections et leur résultat-surprise font boule de neige au Liban. «Glassnost» ou pas, la transparence n’existe pas. L’esprit cartésien non plus. Un et un ne font pas nécessairement deux, mais selon la volonté des décideurs de l’heure, peuvent faire trois ou quatre. Le facteur inconnu, en l’occurrence «Internet» peut intervenir et changer la face des choses. A Waterloo, Napoléon attendait Grouchy, ce fut Blucher. L’élection de Miss Univers Lebanon’s Pageant 97 organisée par la MTV s’est déroulée, jeudi dernier, au Forum de Beyrouth. L’atmosphère au début est décontractée, même bon enfant. Venue de France, une des présentatrices, Sophie Favier, déchaîne les fou-rires. Elle salue les spectateurs, les téléspectateurs «Surtout les pays arabes, les déserts, les chameaux, etc...». Dans sa belle envolée oratoire, elle a oublié le plus important: le pétrole. Les autres présentateurs-animateurs sont: Ward el-Khal, Ghazi Féghali et Cinderella. Le jury est présidé par Sylvie Murr et est composé de: Yara Lapidus, Hayat Arslan, May Moussa, Claude Sabbagha, Georges Fakih, Mohamed Khatib, Leyla Bsat, Mario Pelchat.

PREMIÈRE PARTIE AMUSANTE

L’atmosphère en début de séance est bonne. Les candidates défilent, certaines rapidement, d’autres plus lentement. Quelques gros plans par-ci, quelques passages rapides par-là. En maillot, en tenue d’après-midi, en tenue du soir, la beauté en moyenne est bonne. Le maquillage est un peu lourd, les coiffures, quand elles ne couvrent pas la figure, sont acceptables, surtout quand les cheveux flottent naturellement. Puis, vient l’annonce des dix premières candidates sélectionnées, parmi les vingt qui se sont présentées. L’intervalle dure plus que prévu. Le public s’impatiente. Un brouhaha provient des coulisses, que la musique n’arrive pas à couvrir.

Zoya Sakr, la sculpturale première dauphine âgée de 19 ans.

UN RETRAIT BIZARRE

Enfin, neuf candidates des dix retenues se présentent en robe de mousseline bleu marine corsage en paillettes bleues et blanches. Où est passée la dixième candidate? En l’occurrence Lyn Traboulsi? Le présentateur, sans la nommer, déplore l’absence d’esprit sportif et le manque de fair-play de l’absente. En réalité, on ne l’a su que plus tard: celle qui a déclaré forfait a eu vent de certaines pratiques peu orthodoxes. Rien d’étonnant si l’on prend l’exemple sur certaines élections législatives. Là, on n’a pas fait voter les morts, on a fait voter sur «Internet» et c’est là toute l’astuce. Comment contrôler les votes d’Internet?


Miss photogénique May Abou-Sleiman.
C’est sur ces photos en noir et blanc,
que le titre a été décerné.
(En exemple, notre photo).

LES MENSURATIONS OCCULTÉES

Une question commence par intriguer les personnes présentes et les téléspectateurs: Pourquoi a-t-on occulté les mensurations? On voit bien qu’il y a des petites, des moyennes et des grandes. Mais tout est approximatif. Pourtant on avait bien pris les mensurations des candidates avant la soirée. Contrairement à toutes les autres élections du même genre, on a passé sous silence les rondeurs et les platitudes de certaines. En escamotant les chiffres, on a escamoté l’essentiel. On se rend bien compte qu’il y a de jeunes filles mesurant pas plus de 1m65, alors que d’autres dépassent les 1m80. Au fur et à mesure que le défilé avance et que le questionnaire culture suit, il est facile de faire les additions et de connaître les résultats au pif, sans tenir compte d’Internet. Les premières additions donnent en claire Zoya Sakr triomphante. Très belle, élancée, beaucoup de classe, elle a su parfaitement répondre à une question-piège et s’en est tirée haut la main. On donne Joëlle Hatem comme première dauphine.

Julia Syriany, miss 95 et Dalida Chammaï, miss 97.

SURPRISE, SURPRISE

Le moment solennel de la proclamation des résultats arrive. Surprise, surprise, c’est Dalida Chammaï qui est la Miss triomphante de la soirée. C’est une brunette aux cheveux noirs et aux yeux bleus. Elle est jolie, mais un peu petite. Or, aux élections de Miss Univers, la stature compte énormément. Zoya Sakr avec ses mensurations idéales, de hauteur 1m83, 66 kg, 92 cm (poitrine), 67 cm (taille), et 96 cm (hanches), sa taille mannequin et son minois charmant, aurait pu avoir de fortes chances aux élections de Miss Univers. Zoya Sakr est première dauphine, Joëlle Hatem deuxième dauphine, Nina Kaddis troisième dauphine, May Abou Sleiman Miss photogénique. Côté masculin: Nagib Abi-Aad est élu «le plus beau» et Omar Halahel, Mister Internet. Ensuite, vient le moment du couronnement. Comme l’an dernier aucun trône n’a été prévu, Julia Syriany s’avance en tenant une couronne à la main qu’elle pose plus ou moins de travers sur la tête de la nouvelle Miss, qui est entourée d’un tas d’inconnus. Le désordre règne. Contrairement aux usages, elle ne fait pas le tour d’honneur, ne parade pas devant le public. Elle ne pose pas avec ses dauphines pour la photo traditionnelle. Ce sont des bousculades, des rires, des larmes. La soirée se termine sans marche triomphale et sans marche de couronnement!

INTERNET A DÉCIDÉ

Les explications, alors, pleuvent. C’est «Internet» qui a fait changer les résultats escomptés. Les notes les plus élevées du jury vont à Zoya Sakr et Joëlle Hatem... Mais les notes d’«Internet» ont fait basculer la balance en faveur de Dalida Chammaï, qui a été ainsi couronnée Miss Univers Lebanon’s Pageant et Miss Amitié. Est-ce que cela se passe ainsi à l’étranger? Pourquoi n’a-t-on pas donné les mensurations exactes? Pourquoi la finale a-t-elle été escamotée? Autant de questions que le grand public se pose. La «glassnost» ou transparence a fait son apparition dans les pays de l’ex-bloc soviétique, mais il semble qu’elle ne soit pas encore arrivée au Liban!

MARY YAZBEK AZOURY