Editorial

QUI ORGANISERA LES ÉLECTIONS MUNICIPALES?

“Qui supervisera les élections municipales et auront-elles lieu dans le délai prévu? Existe-t-il un Etat pour les organiser?”, s’est demandé Walid Joumblatt dimanche dernier, avant d’ajouter: “Il n’y a pas d’Etat et on se trouve dans une ère de mensonge, sous la coupe de “requins de la finance” dont je fais moi-même partie”. Après le chef du Législatif, c’est maintenant au tour du ministre des Déplacés de décocher ses flèches envenimées en direction du Pouvoir... On attend la réponse du gouvernement.

Au moment où les médias officiels (radio et télévision) diffusent le communiqué du gouvernement exposant les modalités de distribution de la carte électorale mise au point par le ministère de l’Intérieur et la procédure à suivre par le citoyen pour l’obtenir, divers sons de cloche se font entendre autour des municipales et, surtout, de la possibilité de les organiser dans les meilleures conditions, aux fins de s’assurer de la représentativité des conseils municipaux. Tout d’abord, un membre du Cabinet Hariri, en l’occurrence Walid Joumblatt, ministre des Déplacés, se montre sceptique et déclare d’un ton désabusé: “Il nous faut savoir avant tout si les élections municipales se dérouleront aux dates fixées”. Et d’enchaîner: “Y a-t-il un Etat pour les organiser? ... “De toute manière, conclut-il, je serai en voyage au moment où elles auront lieu en juin prochain”... Voilà sur le plan officiel. Sur le plan parlementaire, le ton est moins morose, les membres de l’Assemblée mettant l’accent sur l’importance des élections municipales. Au Akkar (Liban-Nord), Issam Farès engage les citoyens “à participer nombreux au scrutin pour élire leurs représentants locaux”. Un autre parlementaire nordiste, M. Baarini souligne la nécessité “de placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut au plan municipal.” Dans la Békaa, Mahmoud Abou-Hamdane, ministre des Coopératives et de l’Habitat, juge impérieuses les municipales, les toutes dernières ayant eu lieu il y a trente-cinq ans. A Nabatieh (Liban-Sud), Abdel-Latif el-Zein, député, souligne l’importance des municipalités dans chaque agglomération “pour s’occuper des problèmes intéressant les citoyens dans leur vie quotidienne.” Il restera au gouvernement à trancher le cas des localités situées au-delà du cordon frontalier, en zone occupée. A ce sujet, on prête aux responsables l’intention de nommer les conseillers municipaux, le scrutin étant difficile, voire impossible, à organiser dans cette zone. Pourtant, les électeurs des villages occupés ont bien participé aux législatives, des bureaux de vote ayant été ouverts à leur intention à Beyrouth, à Saida ou ailleurs. D’autant qu’il est question d’un retrait de l’Armée du Liban-Sud de la région de Kfarfalous, ce qui permettra aux votants de gagner Jezzine. “Les habitants de ce caza, a dit Edmond Rizk, ancien député de cette circonscription, demeurent fermement attachés à l’Etat qui est tenu de les traiter sur le même pied d’égalité que leurs concitoyens.” L’Etat le fera-t-il? Dans la négative, sur base de quels critères les conseillers municipaux et les moukhtars seront-ils désignés? Un tel procédé anti-démocratique peut-il être adopté sans susciter des réactions hostiles et un vaste courant de protestation dont le moins qu’on puisse dire est qu’il sera justifiable? Beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant les municipales du mois de juin, le gouvernement étant confronté à de multiples obstacles qu’il aura du mal à aplanir.


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