Editorial

ENVIRONNEMENT, CARRIÈRES ET... “REQUINS DE LA FINANCE”

L’affaire des carrières continue et, pour cause, à entretenir la controverse dans les milieux tant politiques, que parlementaires et populaires. D’autant qu’un membre du Cabinet Hariri, en l’occurrence le ministre des Déplacés, a tiré à boulets rouges sur les Pouvoirs publics, cette semaine, appelant à supprimer toutes les carrières et à importer de Syrie, de Chypre ou d’ailleurs, les 20 millions de m3 de graviers nécessaires, annuellement, à l’industrie du bâtiment.

Quoi qu’on pense ou dise de ses comportements et de la manière dont il traite les questions d’intérêt national, Walid Joumblatt a le grand mérite de parler avec franchise sans aucun complexe et, surtout, de se montrer sous le jour d’un fervent partisan de la transparence. Ainsi, évoquant les problèmes de l’environnement et des carrières, il s’en prend à “tous ceux qui s’emploient à les politiser”. Pour le ministre des Déplacés, “la solution radicale de ces problèmes réside dans la suppression, purement et simplement, des carrières”. Puis, de constituer une société mixte des propriétaires de carrières et de concasseurs, en vue d’importer de Syrie, de Chypre ou d’ailleurs, le gravier indispensable à l’industrie du bâtiment. M. Joumblatt fait une révélation ahurissante: “Toute carrière, dit-il, cache un cartel financier... et j’en forme un à Sibline... Il y a des carrières et des concasseurs à Saïda appartenant à la famille Chammaha, proche du président Hariri; une autre à Al-Kajak, exploitée par un proche du ministre du Tourisme M. Fattouche et une quatrième à Baassir...” De plus, le leader du Parti socialiste progressiste s’en prend à certains responsables, les soupçonnant de rendre la vie dure au ministre de l’Environnement, Akram Chéhayeb, député membre du PSP, tout en réclamant l’élargissement de ses attributions pour pouvoir régler, une fois pour toutes, cette affaire et mettre un terme aux surenchères politiques de la part de personnes influentes. Car il leur répugne de voir supprimer, définitivement, les carrières, parce qu’elles sont pour elles une source de revenus... M. Chéhayeb, quant à lui, se trouvait dimanche à Damas où il a convenu avec son homologue syrien, M. Mounajjed, en présence de M. Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil supérieur syro-libanais, de constituer dans un délai de deux mois, une commission mixte ayant pour tâche d’élaborer une politique claire de l’environnement, susceptible de combattre les fléaux menaçant le domaine environnemental dans les deux pays et la pollution sous toutes ses formes. La coopération libano-syrienne peut-elle avoir raison des “cartels financiers” dénoncés par M. Joumblatt? Nous voulons bien y croire sans trop espérer! Car il est difficile de mater ces “requins de la finance” qui veillent, jalousement, sur leurs intérêts et les défendent avec férocité!


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