Editorial

P.O.: LA NOUVELLE FORMULE DE L’U.E. FAIT NAÎTRE DE FAUX ESPOIRS...

Au cours de son escale beyrouthine, M. Miguel Moratinos, émissaire de l’U.E. a créé la surprise en préconisant une formule destinée à relancer le processus de paix au P.O. Mais comme on s’en doute, celle-ci a été accueillie avec réserve, voire avec scepticisme, étant donné la rivalité opposant l’Amérique à l’Europe, la première tenant à rester le maître du jeu au Proche-Orient. Notre photo: l’émissaire européen au palais Bustros.

Au terme d’une nouvelle tournée proche-orientale, M. Miguel Moratinos, envoyé spécial de l’Union européenne, a quitté la région après avoir fait miroiter de faux espoirs, quant à la possibilité de relancer le processus de paix bloqué depuis plus d’un an. En effet, à Beyrouth où il a bouclé son périple, l’émissaire européen a lancé une “nouvelle formule” destinée à réactiver les négociations de paix entre le Liban et la Syrie, d’une part et Israël, d’autre part. Cette formule, a-t-il précisé, est basée sur le principe du “retrait total contre la sécurité totale” et est conçue de manière à satisfaire toutes les parties. Mais est-elle en mesure de sortir le processus de paix de l’impasse? On peut en douter, surtout qu’elle est émise au lendemain du veto dont les Etats-Unis ont fait usage au Conseil de Sécurité, afin d’empêcher toute sanction contre Israël ou même le moindre blâme, pour avoir décidé de construire une onzième colonie de peuplement à Jérusalem-est. D’ores et déjà, la Presse syrienne s’en prend à l’Amérique, disant qu’après le veto au Conseil de Sécurité, “l’Amérique a perdu sa crédibilité en tant que parrain de la paix”. De toute manière, la formule de l’U.E. a besoin d’être explicitée. D’ailleurs, “les Américains n’ont pas encore réagi, officiellement”. Pourtant, M. Moratinos a assuré qu’il coordonnait ses efforts avec M. Ross. Quant aux Israéliens, “ils sont en train d’étudier la proposition européenne”. Le Liban officiel, par la voix du chef de sa diplomatie, juge la formule de l’U.E. “valable”, vaut la peine d’être “cristallisée” et constitue un pont vers “la terre contre la paix”, principe adopté à la conférence de Madrid en 1991. En vérité, la formule européenne ne tient compte que de l’aspect sécuritaire du conflit israélo-arabe. Pendant ce temps, Netanyahu défendait sa politique et ses décisions, à commencer par celle relative à la nouvelle colonie à Jérusalem-est. Mordekhaï, son ministre de la Défense, tentait à Amman d’atténuer l’acuité de la crise grave opposant Tel-Aviv à la capitale jordanienne, justement à cause de la politique de colonisation du Likoud. M. Kabariti, Premier ministre jordanien, n’a pas mâché ses mots, ni caché son désappointement: en effet, il a accusé l’Etat hébreu d’entraver le processus de paix... ...Alors qu’à Washington, le président Hosni Moubarak n’a pas obtenu de son homologue américain la promesse de geler la décision de Netanyahu relative à la onzième colonie juive dans le secteur oriental de la Ville sainte. *** Aux dernières nouvelles, l’assemblée générale de l’ONU a institué, autour de la politique de colonisation israélienne, un débat qui se poursuivait hier jeudi. Dans le même temps, Yasser Arafat invitait à une conférence urgente demain samedi à Gaza, les pays impliqués dans l’opération de paix: Etats-Unis, Russie, Union européenne, Japon, Egypte, Jordanie et Norvège. (Washington y sera représenté par son consul à Jérusalem). A titre de réplique, Tel-Aviv menace “de geler ce processus”, alors qu’à Moscou où il se trouvait en visite, cette semaine, Netanyahu rejetait la teneur et le ton de la lettre que lui a adressée le roi Hussein, dénonçant la décision du Cabinet israélien de construire un nouveau quartier juif à Jabal Al-Ghoneim (Jérusalem-est), disant, en substance: “Avec vous, la paix dont vous détruisez le processus, est un mirage. Vous ne m’inspirez pas confiance.”


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