L’HOMME QUI A ARMÉ LA MOITIÉ DU MONDE
MIKHAÏL KALACHNIKOV NOUS REÇOIT CHEZ LUI À IJEVSK


Le prince héritier Abdallah Ben Abdel-Aziz d’Arabie séoudite,
arrivant à la salle de réunion. Assis, à gauche, Yasser Arafat.

Le père de la célèbre mitraillette russe AK-47 nous a exclusivement ouvert les portes de son modeste appartement à Ijevsk, à deux heures de vol de Moscou. «Ce n’est pas de ma faute si des hommes meurent à cause de cette mitraillette» affirme Mikhaïl Kalachnikov, cinquante ans après son invention. «Les coupables sont les politiciens. Une arme qui tue peut aussi bien sauver des vies». Agé de 77 ans, il vit aujourd’hui de son traitement modeste et souffre de la solitude et du désintérêt complet de ses concitoyens. Mikhaïl Kalachnikov aurait pu être millionnaire s’il avait vécu en Occident mais en URSS, il n’a pratiquement rien touché pour ses multiples inventions car ici, les inventions réalisées dans le domaine militaire ne sont pas brevetées, les concepteurs ne perçoivent pas d’honoraires correspondant au volume de production. Le père de la célèbre mitraillette AK-47 ne reçoit donc que de faibles sommes à titre de droits d’auteur contrairement à son «homologue» américain Eugene Stoner, créateur du fusil «M-16». Kalachnikov, le général retraité est domicilié depuis 1948 à Ijevsk, à deux heures de vol de Moscou où il occupe le poste d’ingénieur en chef de l’usine d’armements et il vit sur son traitement. Veuf depuis treize ans, Mikhaïl Kalachnikov habite seul dans un modeste appartement de trois pièces décorées de meubles datant de l’époque stalinienne et s’occupe lui-même de son ménage. La petite maison de campagne dans laquelle il passe l’été appartient à l’usine d’armements et la direction ne lui a pas permis de l’acheter.

«J’AI INVENTÉ LE KALACHNIKOV LORSQUE J’ÉTAIS BLESSÉ»
«J’ai conçu cette arme lorsque j’étais blessé durant la guerre en octobre 1941. Les Allemands tuaient les Russes avec des armes Schmeisser. Je me suis dit que je devais absolument inventer une arme automatique. Et c’est devenu le but de ma vie» raconte-t-il. On produit des Kalachnikov en Russie depuis 1948 et actuellement l’Armée rouge et les armées de cinquante-cinq autres pays en sont équipées. Les experts estiment que la célèbre arme soviétique demeurera jusqu’en 2026. En mai dernier, Mikhaïl Kalachnikov a rencontré, au cours d’un voyage aux Etats-Unis, son «homologue» Eugene Stoner. «Je n’avais pas assez d’argent pour m’acheter un costume avant mon départ aux Etats-Unis» se rappelle-t-il avec amertume. «J’ai grandi sous la dure discipline soviétique. J’ai voué toute ma vie à ma patrie».


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