Bloc - Notes


Par ALINE LAHOUD..

LE REMAKE DE MONSIEUR MURR

N’est-ce pas du déjà vu cette élection municipale qui ressemble comme une sœur jumelle à la législative? Au cinéma on appelle cela un remake: une nouvelle version d’un ancien film. A part que dans notre cinéma à nous, rien n’a changé: même scénario, mêmes acteurs, mêmes metteurs en scène, mêmes figurants aussi - dont nous faisons partie vous et moi à titre d’électeurs - à qui il ne sera demandé - et permis - que de meubler le décor. Chacun a encore présent à l’esprit les quelque 15 mois qui ont précédé les dernières législatives, lorsque l’on nous annonçait tous les jours une nouvelle loi électorale. C’était à qui entonnerait le couplet le plus berceur. De culot en mensonge et de pommade en brutalité, ils firent traîner les choses jusqu’à la dernière seconde. En fait, jusqu’au moment où tout recours se trouvant fatalement court-circuité par le temps, il ne restait plus - même au Conseil constitutionnel - qu’à s’incliner devant l’inévitable. Il faut reconnaître que M. Murr est un virtuose en la matière. Chapeau! Seconde vision du même scénario, les municipales: une loi qui traîne au ralenti, du sérail au parlement pour surgir finalement, à la dernière minute sous la forme d’un avorton malformé, mongolien et épileptique. Pris de court, occulté, bousculé, le Conseil constitutionnel n’y pourra rien. Et vogue la galère! Ces messieurs du gouvernement ont le vent en poupe et ne sont pas nés du dernier “gala-gala”. Après tout, les présidents des municipalités et les moukhtars ne sont pas plus importants que les députés. Alors, pourquoi hurler à la lune? Parce que tout simplement les conseils municipaux et les moukhtars touchent à chaque instant de notre vie pratique: naissance, inscription à l’Etat-civil, décès héritage, ventes, achats, hypothèques, cadastre, listes électorales, passeport, droit de résidence, de nationalité, tracé des routes, impôts locaux, environnement, etc, etc... Plus une foule d’autres choses qui peuvent transformer nos vies en enfer. Du député on peut s’en f... du moukhtar, non. Comme on ne peut pas s’en f... des nouveaux naturalisés dont messieurs Murr et Merhej, ainsi que le régime issu de Taëf, en ont fait les véritables arbitres de nos existences. Il existe des villages, des bourgs, des villes, dont l’importance sur le plan national n’est plus à démontrer, qui ont vu leur équilibre démographique et politique bouleversé par des injections massives d’étrangers que personne ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Il y a par exemple dans la Békaa, des villages où les nouveaux naturalisés - spécialement des Turkmènes - sont plus nombreux que les autochtones. Est-ce pour cela que, toutes affaires cessantes, en pleine crise proche-orientale, à un moment crucial de notre vie nationale où l’on débat d’élections, de désastre social, tandis que la révolte gronde dans les universités et que se déchaîne le fanatisme religieux orchestré par le fameux cheikh Saïd Chaabane, le président Hariri s’est précipité au Turkménistan? Est-ce à Achkabad que seront résolus nos problèmes, ou bien seul le président turkmène Saparmyrat Niyazou a l’envergure et le poids nécessaire pour faire rentrer Netanyahu dans sa coquille? A part le vote-ravage des Turkmènes et autres, il y a la tragi-comédie de la carte électorale qui fait saliver notre ministre de l’Intérieur. Une carte dont nous rêvons depuis des décades et que M. Murr sort brusquement de sa manche comme un lapin du chapeau d’un prestidigitateur. Ce n’est pas que nous soyons contre la carte électorale, bien au contraire. Mais en l’occurrence, cette carte n’est que de la mise en scène pour ne pas dire de la poudre aux yeux. M. Murr donne aux électeurs un délai de deux mois pour retirer cette carte. Faute de quoi ils ne pourront pas voter. Nous sommes au Liban, au moins, un million et demi d’électeurs. A raison de 10 minutes pour chaque formalité d’obtention, nous arrivons au total de quinze millions de minutes ou 250.000 heures. En comptant 6 heures par jour ouvrable, cela nous amène à 41.666 jours. Maintenant, à supposer que M. Murr ait prévu deux cents centres pour délivrer ces cartes, cela devrait prendre 208 jours. C’est-à-dire un minimum de 8 mois. Le chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur peuvent-ils nous dire pour quelles raisons inavouées et probablement inavouables veulent-ils torpiller ainsi une carte électorale dont ils semblent aussi fiers? Et qu’on ne vienne surtout pas nous raconter que cela est dû à un complot particulièrement vicieux du lobby sioniste.


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