Saturnale


Par MARY YAZBECK AZOURY.

GLORIA ET ALLELLUIA

QUID DES PREMIÈRES COMMUNIONS?

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE...

Qui n’a pas tressailli de joie et de fierté en écoutant et en regardant sur le petit écran le Pape Jean Paul II bénir en des dizaines de langues la foule compacte qui se pressait à Pâques sur la place Saint-Pierre de Rome? D’après le «Britannica Book of the Year» de 1995, le monde compte 1 milliard 100 millions de Catholiques. Les Chrétiens sont au nombre de 1 milliard 900 millions, 200 mille... Le prestige du Pape est incommensurable et surtout celui de Jean Paul II qui a été admirablement servi par les médias modernes. Le Liban s’apprête à le recevoir. Et il le recevra avec tous les honneurs dus à son rang. Le chef spirituel de plus d’un cinquième de la population mondiale exerce un pouvoir immense. Quand le Pape parle, les médias du monde entier écrivent, commentent, dissèquent, expliquent et prophétisent. Les papes des temps modernes apparaissent comme des pères affectueux, désirant causer avec des hommes, se faire entendre, se faire connaître, se faire comprendre. La personnalité du Pape ne laisse personne insensible. Au Liban, on l’attend avec impatience, des milliers de carillons accueilleront la visite pastorale du successeur de Saint-Pierre. Rien n’entamera ni n’altèrera la joie des Libanais!

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VOLER DES VOLEURS N’EST PAS VOLER

Selon l’agence Reuter, un pasteur anglican a déclenché une polémique en Angleterre, en se faisant ouvertement l’avocat du vol commis dans les grandes surfaces et en certaines circonstances: “Je ne considère pas cela comme un vol, mais plutôt comme un réaménagement tout à fait nécessaire des ressources économiques” a déclaré à ses paroissiens le Révérend Père John Papworth, lors d’une réunion sur la criminalité. “Ce réaménagement” s’impose au Liban. Voler l’Etat, dans la situation actuelle, voler des voleurs, voler ceux qui bombardent les Libanais d’impôts, des taxes, ne serait pas voler.... Ce serait juste un “réaménagement des richesses”. Dans cet état lamentable où se trouve le Libanais, là où l’on traite sous prétexte de justice tout le monde n’importe comment, il faudrait que des voix s’élèvent pour demander une réorganisation des taxes, des impôts, des prix des services de l’Etat. L’eau, l’électricité, le téléphone ne doivent pas avoir le même prix pour le vieux, la vieille sans ressources, le parent unique et les familles qui ont deux, trois ou même quatre salaires. Il faut tenir compte de la catégorie des citoyens. Ici, tout est fait n’importe comment... Par improvisation, par à coups. Pas d’études sérieuses, encore moins de décisions judicieuses. Tout dépend du conseiller de l’heure!

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Tous les petits garçons et petites filles catholiques libanais âgés de 8 à 10 ans rêvent de ce jour qualifié «le plus beau jour» de leur jeune vie: celui de la Première Communion. Or, on ne sait trop pourquoi il a été décidé que les premières communions n’auront pas lieu dans les collèges, les écoles, mais dans la paroisse respective de ces jeunes. Donc ceux-ci se voient catapultés, pour un jour extraordinaire, dans un groupe qu’ils connaissent fort peu, avec lequel ils n’ont de commun que la location, le point d’habitation. Oubliés les camarades, les petits amis qu’on voit tous les jours de l’année et avec qui, on aurait voulu partager ce jour pas comme les autres. Passe encore pour certaines petites paroisses où le curé en charge, organise ou a organisé de nombreuses rencontres entre ses paroissiens, afin qu’ils fassent connaissance. Mais pour les autres paroisses, les grandes où l’on ne se connaît pas, où les gens se côtoient le temps d’un service religieux, d’une messe, quel plaisir éprouvera le petit communiant ou la petite communiante, sans compter les parents? Pourquoi n’avoir pas établi le principe de la double cérémonie: la première communion privée et la première communion solennelle? L’une ayant lieu dans le collège ou l’école fréquentée par les postulants, la seconde ayant lieu, une ou deux semaines plus tard dans la paroisse. Peu importe qu’on baptise la première de privée et la seconde de solennelle ou vice-versa. Cela aurait fait plaisir à tout le monde et aurait été un exemple du «génie» libanais.

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DES LIBANAIS PLUS LIBRES QUE D’AUTRES LIBANAIS

Faites-les taire, monsieur le ministre de l’Intérieur ou laissez tous les Libanais parler! On ne voit pas au nom de quels principes, quelques illuminés sont autorisés à lancer leurs imprécations et leurs diatribes à tout vent, alors que d’autres n’ont même pas le droit de réponse! Qu’ils soient laïcs ou non, ils n’ont guère le droit d’insulter, de menacer, de vociférer sur les ondes. Deux poids, deux mesures! Est-ce cela la liberté? Est-ce cela l’égalité? Est-ce cela la fraternité? Mais ce n’est point parce qu’on est francophone, qu’il faut se bercer d’illusions. Ces principes sont bons pour la France, hélas! dans le Liban actuel, ce ne sont que des chimères!

Commence par soi-même et finit comme elle a commencé”. L’arrogance des responsables n’a d’égale que leur cupidité. A peine annoncée l’augmentation des salariés, que messieurs les députés et les ministres se sont empressés de faire valoir qu’eux aussi, pauvres citoyens, “au service” de leurs compatriotes doivent aussi recevoir un bonus, en proportion de leurs “importantes personnalités”. Ils ne peuvent plus vivre, ni survivre. Vingt fois le salaire minimum pour un député, trente fois le salaire minimum pour un ministre, en sus de toutes les “gentillesses” octroyées par une “clientèle” reconnaissante, sans compter les “petits” bonus de l’Etat: garde de corps, frais de transports, allocations de voyages, frais secrétariat etc...etc...etc... et on en passe les mille et une gratuités auto-octroyées, sans compter celles imposées! Pauvres gens.... Pauvre pays! Sans vergogne. “Bon appétit messieurs. O ministres intègres Conseillers vertueux. Voilà votre façon DE SERVIR, Serviteurs qui pillez la maison...” (Victor Hugo; Ruy Blas)


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