Editorial


Par MELHEM KARAM

I- HARIRI A-T-IL COMMENCÉ À FAIRE SES VALISES ?

II- LE PLAN D’ISRAËL: REMPLACER ARAFAT PAR UN LEADER PLUS SOUPLE

Photo Melhem Karam
–I– T out à l’horizon de la politique libanaise dit que le président Rafic Hariri a commencé à faire ses valises. Rien au plan intérieur n’a réalisé le succès souhaité, en dépit des climats chargés de propagande intensive, auxquels il manque la dextérité et la manière saine de contacter les gens, parce qu’elle se base sur l’arrogance, le dépit et la façon de traiter de haut avec l’homme. Ce que rejette le Libanais élevé sur la souveraineté, la dignité et la fierté. Le fait de se vanter d’avoir de l’argent et d’imaginer qu’il est capable de balayer les convictions, est unanimement rejeté. Même si parfois on faiblit à son égard. Puis, utiliser l’argent pour acheter les consciences est refusé. Nous défions qui que ce soit de prouver que les gens dignes acceptent l’argent et changent leurs opinions après l’avoir touché! Les rétractations successives ont suscité la colère dans la rue libanaise, surtout les élections municipales présentées comme un exploit, avant de tomber sur l’autel des intérêts; sans oublier la nomination des doyens de l’université libanaise et la démission du juge Wajdi Mallat, président du Conseil constitutionnel. Ajouter à cela le “retrait” de Kfarfalous qui, dit-on, a coûté cher et a été accompli à l’insu des instances responsables de la situation au Liban-Sud, celles-ci étant chargées de traiter le dossier chaud de la région tout entière. Ce retrait a envenimé la situation et il serait question d’une expiation de cette faute qui pourrait être la démission. Ce timing, dit-on, a été fixé par d’autres que ceux qui l’ont proposé. Ces paroles rejoignent celles émanant d’un parti politique milicien et rapportées par un confrère, leur auteur ayant proclamé: “Nous pouvons renverser le gouvernement au moment de notre choix, en mobilisant les erreurs pouvant remplir de volumineux dossiers... les échéances étant retardées jusqu’à la récitation de l’acte de contrition”. Ajouter aux impératifs du départ, la demande formulée au président Chirac de charger son ministre des Affaires étrangères de transmettre à Israël un message autour de la couverture de “Liban, d’abord”, de son acceptation par la Syrie, alors que le Liban ne s’y opposerait pas! Puis, l’immortalité n’est pas de ce monde. Et le chef du gouvernement, tout chef de gouvernement, ne peut être éternel. Les gens doivent pouvoir souffler et n’être assujettis à aucun cauchemar qui leur serait imposé contre leur gré, conséquence de pratiques anti-démocratiques à classer dans la case des compromis, des arrangements et des accords conclus dans des salles fermées. Hariri a commencé à faire ses valises? Où est la frusturation en cela? Et où est la perte? L’important est qu’il ne prenne pas un billet de voyage à sens unique et que son nom reste sur la liste d’attente, en vue d’un retour... non proche!

–II– Israël s’est trompé dans ses calculs et cela se confirme avec le temps. Il a voulu que Arafat soit pareil à Antoine Lahad, mais il lui est apparu qu’Abou-Ammar est un rebelle se souciant de faire de son mandat, après Oslo, un nouveau style pour réclamer la totalité de son droit. Ce qui a peut-être alerté Israël sur le caractère indépendant de Arafat, c’est l’histoire du tunnel sous la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, où les hommes de l’autorité nationale palestinienne ont tué près de vingt Israéliens. Ce jour-là, il a eu l’assurance qu’il est impossible qu’Abou-Ammar soit un second Lahad ou son sosie. Alors la recherche a commencé d’un substitut à Arafat plus souple et moins féroce, bénéficiant du soutien de l’Etat hébreu. Les regards se sont tournés vers Abou-Mazen, “le NÞ2 de l’Organisation pouvant dépasser Arafat et être accepté dans ses milieux”. Mais Abou-Mazen a signifié à qui de droit, que cet habit trop large ne lui était pas destiné, les tailleurs devant utiliser une autre alène. Envisager de transformer la coordination temporaire entre les forces de sécurité palestiniennes et les forces israéliennes en une coordination “solide” est un rêve impossible. Le Shin Beit a planifié en vue de coordonner avec certains commandements de la sécurité palestinienne, en s’illusionnant être en mesure de les contraindre à jouer le rôle requis. La réponse a été un refus catégorique. Etant entendu que le président Arafat à qui tous les secrets et dessous de ces tentatives n’échappent pas, a souffert de ce qui s’est produit et a dit, une fois, à l’un de ses officiers supérieurs: “Voulez-vous me voir porter l’uniforme d’un militaire israélien pour m’obéir davantage?” Après des essais et des contacts de longue portée, au cours desquels il s’est avéré que Arafat est inébranlable et profondément enraciné dans la terre; que l’Egypte, la Syrie et les collègues membres de l’autorité nationale le soutiennent contre tout putsch ou changement, Netanyahu s’est trouvé devant l’alternative suivante, s’il reste au pouvoir et maintient la même attitude à l’égard de Arafat: 1) démissionner; 2) élaborer un plan pour faire face à la situation par l’action militaire, comme ce fut le cas le jour où il a ordonné le déploiement des chars et des blindés israéliens aux abords des zones résidentielles palestiniennes placées sous l’autorité du pouvoir national. 3) œuvrer en vue de raviver le projet visant à transformer l’autorité nationale à ce qui ressemble aux “ligues de village”; c’est-à-dire en une nouvelle autorité nationale locale coopérant avec Israël. Et ce, s’il persiste à rêver de sa capacité de cloner des personnalités de rechange, pour les placer à la tête de l’autorité nationale locale. Ce sont des probabilités plus proches du rêve, témoignant qu’Israël, ses secteurs et institutions, sont des provinces non unies, inaptes à confronter avec réalisme les problèmes posés, en refusant d’être de son époque dans la façon de traiter, de dialoguer et de parvenir à leur aspect positif. Le langage du siècle consiste à rechercher et à trouver des solutions pacifiques aux problèmes difficiles. Tout autre langage a été éliminé par le temps où nous vivons. C’est un fait dont Israël doit prendre minutieusement conscience avec toutes ses implications.


Home
Home