Evénements de la semaine

ÉCLATEMENT DE LA TROÏKA ET IMBROGLIO POLITIQUE!

Tant que la troïka présidait aux destinées du pays, tout allait tant bien que mal, à l’ombre d’une prétendue concorde, alors qu’une large fraction de notre peuple était exclue des postes de décision. Mais l’échaffaudage s’est effondré dès l’éclatement du “pouvoir tricéphale” dont les pôles, non seulement ne coopèrent plus, mais s’entredéchirent en échangeant les accusations et en se faisant assumer la responsabilité du chaos qui caractérise notre monde politique...

“Le pire effet du pouvoir se manifeste quand il est placé dans des mains irresponsables”, lit-on dans l’ouvrage de lord Brougham sur la démocratie. Cette judicieuse réflexion nous est venue à l’esprit, face au chaos qui caractérise, en ce moment, notre monde politique lequel offre le spectacle, si peu édifiant, de tant d’aberrations et d’égarements intolérables au double plan de la gestion de la chose publique et de l’excercice des prérogatives. De fait, il ne s’est passé aucune semaine, sans que soit signalée une infraction à la Constitution et aux lois ou règlements en vigueur, en l’absence des organismes de contrôle - Conseil de la fonction publique, inspection centrale, Cour des comptes - empêchés de jouer leur rôle. Cela s’est traduit par des perturbations au niveau de l’Administration étatique, où aucune réforme digne de ce nom n’a pu être réalisée depuis belle lurette, parce qu’opérée sous le label du clientélisme. L’affiliation des candidats aux postes administratifs ou même techniques, plutôt que le mérite - a constitué le critère sur base duquel il a été procédé à leur engagement... Sur le plan politique, on n’a pas dérogé à la règle, l’Etat s’étant métamorphosé en “chasse gardée” où des catégories déterminées de citoyens - les ‘fromagistes” comme les appelait le regretté président Fouad Chéhab - avaient droit à une part du gâteau! Les élections générales n’échappaient pas au “système”, seuls étant habilités à briguer un strapontin sous l’hémycicle, les éléments répondant à des spécifications définies par les “décideurs”... Tout Libanais manifestant quelque velléité de... rébellion, est écarté d’office, d’où ces législatures monochromes de moins en moins représentatives de la volonté nationale. Doit-on donc souscrire au jugement émis par Alexis Carrell dans son livre: “L’homme, cet inconnu”: “Le principe démocratique a contribué à l’affaissement de la civilisation, en empêchant le développement de l’élite”? Ceci n’est vrai que lorsque la démocratie est mal exercée on quand ses principes sont appliqués dans le but de servir l’intérêt des ploutocrates. “La véritable démocratie, écrit Henry Ford dans “Ma vie et mon œuvre”, est celle qui donne à tous les mêmes chances de réussite selon la capacité de chacun et non celle qui remet aux non méritants l’autorité revenant au mérite”. Chez nous, la classe dirigeante n’a cessé de vanter une prétendue concorde et de faire croire aux citoyens que “tout allait pour le mieux dans nos murs”... L’échaffaudage a tenu tant bien que mal, jusqu’au jour où la troïka au pouvoir a éclaté, l’un de ses pôles ayant annoncé sa mort et son enterrement... Ses partenaires qui coopéraient jusque-là, en refusant de respecter le principe de la séparation des pouvoirs, sont à présent en bisbille. Non seulement, ils ne coopèrent plus, mais se boudent et s’entredéchirent en échangeant les accusations et les sobriquets... Le dernier épisode de cette tragi-comédie se concentre sur les élections municipales et de moukhtars: le chef de l’Etat se rangeant à l’avis de la majorité, insiste sur l’organisation de la consultation populaire aux dates initialement fixées (les 1er et 8 juin), alors que les présidents de l’Assemblée et du Conseil préfèrent le report du scrutin, les proches du palais de Baabda les accusant de vouloir le torpiller. Certains milieux voient dans ces tiraillements, les prémices de l’élection présidentielle et soupçonnent le locataire de Baabda de chercher à tirer avantage des municipales, afin de se prévaloir du droit de réclamer une nouvelle reconduction de son mandat...


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