Roman policier ou science-fiction, l’imagination
des cinéastes ne vaut pas celle des unités d’élite
de l’armée péruvienne qui ont donné l’assaut à
l’ambassade du Japon à Lima où soixante-douze otages étaient
retenus depuis le 17 décembre dernier. Cent-vingt-six jours de détention
ont connu leur épilogue lors d’une opération de quarante
minutes lancée le 22 avril à minuit par cent-quarante soldats
des unités d’élite de l’armée péruvienne. Un
tunnel de deux-cents mètres avait été creusé
sous la résidence pendant que de longues et stériles négociations
étaient menées par le comité de garants. Une des conditions
des rebelles du Tupac Amaru était la libération de leurs
chefs incarcérés dans les geôles péruviennes
ou, à défaut de celle-ci, l’allégement des conditions
de détention de leurs militants. Des exigences perçues comme
rédhibitoires par le président Fujimori qui avait fait de
la lutte contre les terroristes l’une des priorités de sa politique.
Il a continué toutefois à négocier en attendant le
moment propice pour donner l’assaut sans que cela ne mène à
un bain de sang. L’assaut fut donc mené et a atteint ses objectifs.
Seulement les quatorze membres du MRTA ont été tués
ainsi que deux officiers de l’armée et un magistrat de la cour suprême
péruvienne. Par ailleurs, on a pu compter vingt-cinq blessés
parmi lesquels l’ambassadeur du Japon qui a accueilli ses hôtes pour
célébrer son anniversaire et qui a été contraint
de les garder chez lui pour le plus long cocktail de l’histoire, en fait
la plus longue prise d’otages d’Amérique latine. “Jamais on ne cèdera
au chantage des subversifs” a affirmé Fujimori embarrassé
récemment par une série de scandales. Présent sur
les lieux de l’opération, bras levés en signe de victoire,
il a interprété l’hymne national péruvien avec ses
soldats et circulé, à bord d’une limousine, dans les rues
de la capitale, acclamé par une foule en liesse. Les militants du
Tupac Amaru, eux, ont dénoncé “le terrorisme d’Etat au Pérou”
et annoncé qu’ils poursuivront “la lutte contre le système
brutal”. Les plus surpris furent les Japonais. “J’ai le regret de dire
que le gouvernement péruvien ne nous a pas prévenus avant
de donner l’assaut”, a déclaré le chef du gouvernement japonais
Ruyitari Hashimoto. Mais-a-t-il ajouté “qui peut blâmer le
président Fujimori pour ne pas avoir annoncé à l’avance
l’assaut et pour ne pas avoir utilisé la force?”

Un incendie s’est déclaré
lors de l’attaque des forces
péruviennes.
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Le président péruvien, Alberto Fujimori,
arrive au siège de l’ambassade
du Japon, revêtu d’un gilet
pare-balles.
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