Par ALINE
LAHOUD..
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TU ES PIERRE... |
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Sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle”. Cette promesse a été faite par le Christ il y a 2000 ans et depuis, rien n’a prévalu contre Pierre. Aucune puissance n’a jamais pu prévaloir contre Jean-Paul, successeur de Pierre. Même les forces des ténèbres ont été contraintes de battre en retraite devant l’extraordinaire rayonnement de cet homme extraordinaire qui a fait de sa soutane blanche un habit de lumière. Aucun pouvoir n’a jamais pu faire vaciller cette fragile silhou-ette dont la formidable stature morale couvre de son ombre toute la terre. Il a été beaucoup dit et beaucoup écrit sur la personne de Jean-Paul II. L’homme charismatique qui rassem-ble des foules dont n’osent même pas rêver les héros des stades, les idoles du football et du superball, les superstars de la pop music ou les mégastars du hard rock. L’homme médiatique dont les caméras sem-blent amoureuses. Le grand commu-nicateur qui a transformé les médias en instruments de prière. L’homme dont la foi soulève des montagnes et dont l’amour pour l’humanité soulève le monde. Vouloir décrire ici cet homme, prétendre faire le tour de sa personnalité hors du commun, c’est tenter d’enfermer l’océan dans un dé à coudre. Qu’est venu faire chez nous le vicaire du Christ, alors que nous nous croyions abandonnés de tous? Il est venu, justement, nous dire que nous n’étions pas seuls et qu’il se tenait et se tiendrait toujours à nos côtés. Qu’il ne venait pas en visiteur, ni en chef d’Etat, ni en hôte de marque, mais en pèlerin, sur les traces du Sauveur pour s’agenouiller sur une terre sacrée, la seule, en dehors de la Palestine, que les pieds du Christ ont foulée. Il est venu nous raconter notre propre Histoire, une Histoire que nous avions fini par égarer entre la démagogie des uns, les prétentions hégémoniques des autres, la désinformation systématique, les faux témoignages, les vrais appétits, les esprits serviles et les aboyeurs de service. Il est venu nous dire que nous n’étions pas “un pays artificiel” comme certains se complaisent, avec un plaisir pervers, à l’insinuer, mais une nation de plein droit à l’héritage culturel et humain d’une richesse inouïe et le seul peuple de l’univers que le Christ a voulu évangéliser Lui-même. Il est venu nous dire ouvrez vos portes les uns sur les autres, “abattez les murs”, les murs de l’intolérance, du fanatisme, de l’injustice, de l’exclusion, du refus de l’autre. Sa venue a infligé un cinglant démenti à ceux (pau-vres crétins haineux) qui prétendaient que sa présence au Liban allait attirer les dissensions confessionnelles. Savent-ils, ces corbeaux de malheur, que les dizaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui lui ont fait une haie d’honneur depuis le rond-point de l’aéroport jus-qu’au rond-point Chatila et l’ont acclamé frénétique-ment, étaient de religion musulmane? Savent-ils que des dizaines de milliers de foulards islamiques constellaient l’immense rassemblement humain qui assistait à la messe pontificale de la place des Martyrs? Un démenti encore plus cinglant infligé à l’adminis-tration américaine qui, par son embargo vicieux et stupide, veut accréditer le mythe du “terrorisme libanais” et fait semblant de trembler pour la vie des sous-secrétaires de ses sous-secrétaires d’Etat s’ils venaient à s’aventuer au Liban. A cette Amérique, la venue de Jean-Paul II signifie qu’on n’a pas peur lorsqu’on aime. Lorsqu’on ne triche pas avec les notions de justice, de légalité internationale, des droits de l’homme dont on a plein la bouche, mais qu’on viole avec cynisme. Il est venu tendre vers nous ses mains faites pour bénir, avec sur le visage une telle sérénité, une telle béatitude, un tel regard plein d’amour que nous avons cru voir le ciel s’ouvrir. Certains pensaient qu’il allait sous leurs yeux accomplir un miracle. Et le miracle eut lieu. Comme jadis Lazare sortant du tombeau à l’appel du Seigneur, un million et demi de Libanais, calfeutrés dans la morosité des jours qui déchantent et des lendemains sans espoir, ont franchi les murs d’un horizon bouché pour se précipiter à sa rencontre, une véritable lame de fond qui a tout balayé sur son passage: l’indifférence, les préjugés, le désen-chantement. Ce fut pour tous comme une seconde nativité. Ce fut à la fois la nuit de Noël et le Dimanche des Rameaux. Ces heures avec le Saint-Père ont été si pleines, si riches, si courtes! Et quand son avion a décollé et qu’il ne fut plus qu’un point lointain dans le ciel, chacun de nous a cru voir une place vide à son foyer, mais pas dans son cœur où déjà le grain semé commence à germer. Le dernier message de Jean-Paul II avant son départ “N’ayez pas peur”... Le Liban est et restera jusqu’à la fin des temps et les puissances du mal ne prévaudront pas contre lui. | ![]() |