L’UNIVERSITÉ LIBANAISE HONORE NICOLAS NAMMAR
L’UNE DES PLUS BELLES FIGURES AYANT MARQUÉ L’HISTOIRE DE L’ART CONTEMPORAIN LIBANAIS



1965: Nicolas Nammar lançant la campagne
pour la création de l’institut des B.A
.


1969: chez Fouad Boustany, recteur de l’UL avec les doyens des instituts et facultés. On reconnaît au centre, à droite de Fouad Boustany, Nicolas Nammar portant des lunettes noires.


1954: Nicolas Nammar professeur à l’ALBA dans l’atelier de modelage. De droite à gauche: Nicolas Nammar, Alexis Boutros, César Gémayel, un visiteur et Ferdinando Manetti.


Composition rythmée par le graphisme et les couleurs.


Un monde qui dépasse les apparences.


1947: Nu au fusain dessiné par Nammar,
étudiant à l’ALBA.

Le 20 mai au cours d’une séance organisée au siège central de l’Université Libanaise, en présence d’un public nombreux et sélect des personnalités du monde culturel et politique, “l’UL” honore Nicolas Nammar l’une des plus belles figures qui ont marqué l’histoire de l’art contemporain. M.M. Ghassan Tuéni, propriétaire du “NAHAR”; Samir Mrad: directeur du Département culturel et artistique au ministère de la Culture; Raymond Gébara, écrivain, metteur en scène; Nazih Khater: muséologue et critique d’art; Assaad Diab, ex-ministre et recteur de l’UL, prennent successivement la parole pour dire les mérites de Nicolas Nammar qui a largement contribué par son art et son action à la renaissance artistique libanaise à partir des années “50”. En effet, ancien de l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (“ALBA”) (1944-1949) et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, à Paris “ENSBA” (1949-1952), il fréquente à cette même époque, l’atelier de Fernand Leger et celui d’Yves Brayer à l’Académie de la grande chaumière. De retour à Beyrouth en 1952, il est nommé professeur et patron d’atelier à l’ALBA; de 1958 à 1965, il est nommé directeur de l’Ecole de Peinture et de Sculpture à l’ALBA. Il est engagé comme professeur à l’Institut des Beaux-Arts de l’UL de 1965 à 1988, date à laquelle il prend sa retraite. Il est nommé doyen à l’INBA du 5/1/1968 au 5/1/1973. En 1978, il organise la section II à l’INBA, au mois de juillet de la même année, il est nommé directeur de la Section II et il assume cette responsabilité jusqu’au 1er juillet 1983. Notons que Nicolas Nammar a fait partie du groupe ayant mené le mouvement qui réclamait en 1965 la création de l’Institut National des Beaux-Arts à l’UL. Egalement, il a fait partie du comité promoteur ayant créé l’Association des artistes, peintres et sculpteurs libanais et il a assumé à plusieurs reprises la présidence de cette association. Actuellement, il est patron de diplôme à l’ALBA.

UN ARTISTE DE GRAND TALENT
Parallèlement, artiste de grand talent, il réalise dans “l’Art mural” une œuvre importante: peintures, mosaïques, vitraux, bas-reliefs, tapisseries etc... au Liban, en Syrie et au Kowait dont on peut citer: la cathédrale St Georges des maronites à Beyrouth, l’Aéroport international de Beyrouth, le night- club “Eve”, le foyer du théâtre-cinéma Eldorado, etc... Il organise, en même temps, plusieurs expositions de ses œuvres au Liban et à l’étranger, représente le Liban à des Biennales internationales en Europe, aux Etats-Unis, dans les Etats d’Amérique Latine et dans les pays arabes, il participe, aussi, aux expositions collectives organisées par les différents ministères libanais, par l’Association des artistes, peintres et sculpteurs, par des galeries privées. En 1959, il obtient le Prix du président de la République libanaise, en 1962 celui de la Biennale d’Alexandrie des pays de la Méditerranée. Ses œuvres sont dans les collections officielles et privées au Liban, USA, Brésil, Maskat-Oman, France.

UNE VIE ENTRE LE TEMPOREL ET L’INTEMPOREL, LE PROFESSIONNEL ET LE CRÉATIF
C’est dans le temps qui passe qu’il trouve ses multiples qualités de gestionnaire, de promoteur et c’est dans l’intemporalité qu’il retrouve ses qualités de créateur. Les différents postes de responsabilités qu’il occupe et conduit du reste avec une incontestable compétence, n’ont pas pris le dessus sur la dimension artistique qui anime Nicolas Nammar. Occultée en vie publique, l’âme de cet artiste s’éveille en privé. Le bonheur de la création est toujours là, aussi présent, exaltant et émouvant. On ne peut, cependant, ignorer ou minimiser le combat permanent qu’il doit mener pour naviguer entre le temporel et l’intemporel, le professionnel et le créatif, les charges de professeur, directeur, doyen, président... et celles de la toile. Sans bousculer l’un ou l’autre, il arrive à plier le temporel et l’intemporel à ses aspirations professionnelles et artistiques. Ses qualités créatives et actives l’aident à dominer la situation et à gérer au mieux les divers appels qui le sollicitent: les appels des choses relatives et l’appel de l’absolu. Le temps de l’art qui ne peut être indiqué par le cadran de l’horloge obéit à des pulsions plus nobles et à un horaire qui échappe à la durée. Comment émergent les œuvres de Nicolas Nammar? de quel combat intérieur naissent ces images issues d’une longue quête personnelle? Avant de peindre, l’œuvre est déjà en lui au plus profond de lui-même. Il vit une alchimie intérieure et à chaque fois, il mène avec bonheur sa tension intérieure vers la toile. Son art est lié à sa vie et ne s’en détache pas car tout se tient dans une vie ce qui s’attache et ce qui se détache, le privé et le public, le professionnel et le créatif, le rêve et la réalité.

UN ART OÙ TOUT DEVIENT VIE, ESPACE ET TEMPS
L’œuvre de Nicolas Nammar est une ligne en mouvement, une forme en développement, une interdépendance entre le statique et le dynamique, une correspondance entre le plein et le vide, entre le chaos et l’ordre, l’existant et le non- existant, les choses et les êtres, une sorte de cosmos où tout devient vie, espace, forme et temps. Chaque tableau est un tout, une entité indépendante qui a son commencement, son développement et sa fin. Par son esprit de synthèse, il recherche l’essentiel. Tout ce qui est antagoniste et conflictuel, il essaye de le pacifier et de le rassembler dans une synthèse. C’est, d’ailleurs, grâce à cet esprit de synthèse qu’il est connu en tant que “responsable” et en tant que “créateur”. La peinture de Nammar est liée à la vie publique et ne s’en dissocie pas. Même en tant que responsable, il ne cesse de voir la vie avec son regard d’artiste. Qui a choisi l’autre? Est-ce Nicolas Nammar qui a choisi la peinture ou bien est-ce la peinture qui l’a choisi? Il y a eu sans doute les deux mouvements d’attirance de l’un vers l’autre, un amour réciproque ayant permis l’émergence d’un art personnel et vivant qui porte le rêve de l’artiste. Nicolas Nammar occupe une place importante dans l’art libanais contemporain. Notons qu’à la fin de la cérémonie, M. Assaad Diab, recteur de l’UL. lui a remis la médaille de l’UL, alors que M. Fayçal Ajami, président du syndicat des artistes plasticiens syriens, a pris la parole pour le féliciter et annoncer que la Syrie compte bientôt, à son tour, honorer ce grand artiste libanais.

NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE


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