
Composition rythmée par le graphisme et les couleurs.
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Un monde qui dépasse les apparences.
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1947: Nu au fusain dessiné par Nammar,
étudiant à l’ALBA.
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Le 20 mai au cours d’une séance organisée au siège
central de l’Université Libanaise, en présence d’un public
nombreux et sélect des personnalités du monde culturel et
politique, “l’UL” honore Nicolas Nammar l’une des plus belles figures qui
ont marqué l’histoire de l’art contemporain. M.M. Ghassan Tuéni,
propriétaire du “NAHAR”; Samir Mrad: directeur du Département
culturel et artistique au ministère de la Culture; Raymond Gébara,
écrivain, metteur en scène; Nazih Khater: muséologue
et critique d’art; Assaad Diab, ex-ministre et recteur de l’UL, prennent
successivement la parole pour dire les mérites de Nicolas Nammar
qui a largement contribué par son art et son action à la
renaissance artistique libanaise à partir des années “50”.
En effet, ancien de l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (“ALBA”)
(1944-1949) et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, à
Paris “ENSBA” (1949-1952), il fréquente à cette même
époque, l’atelier de Fernand Leger et celui d’Yves Brayer à
l’Académie de la grande chaumière. De retour à Beyrouth
en 1952, il est nommé professeur et patron d’atelier à l’ALBA;
de 1958 à 1965, il est nommé directeur de l’Ecole de Peinture
et de Sculpture à l’ALBA. Il est engagé comme professeur
à l’Institut des Beaux-Arts de l’UL de 1965 à 1988, date
à laquelle il prend sa retraite. Il est nommé doyen à
l’INBA du 5/1/1968 au 5/1/1973. En 1978, il organise la section II à
l’INBA, au mois de juillet de la même année, il est nommé
directeur de la Section II et il assume cette responsabilité jusqu’au
1er juillet 1983. Notons que Nicolas Nammar a fait partie du groupe ayant
mené le mouvement qui réclamait en 1965 la création
de l’Institut National des Beaux-Arts à l’UL. Egalement, il a fait
partie du comité promoteur ayant créé l’Association
des artistes, peintres et sculpteurs libanais et il a assumé à
plusieurs reprises la présidence de cette association. Actuellement,
il est patron de diplôme à l’ALBA.
UN ARTISTE DE GRAND TALENT
Parallèlement, artiste de grand talent, il réalise dans “l’Art
mural” une œuvre importante: peintures, mosaïques, vitraux, bas-reliefs,
tapisseries etc... au Liban, en Syrie et au Kowait dont on peut citer:
la cathédrale St Georges des maronites à Beyrouth, l’Aéroport
international de Beyrouth, le night- club “Eve”, le foyer du théâtre-cinéma
Eldorado, etc... Il organise, en même temps, plusieurs expositions
de ses œuvres au Liban et à l’étranger, représente
le Liban à des Biennales internationales en Europe, aux Etats-Unis,
dans les Etats d’Amérique Latine et dans les pays arabes, il participe,
aussi, aux expositions collectives organisées par les différents
ministères libanais, par l’Association des artistes, peintres et
sculpteurs, par des galeries privées. En 1959, il obtient le Prix
du président de la République libanaise, en 1962 celui de
la Biennale d’Alexandrie des pays de la Méditerranée. Ses
œuvres sont dans les collections officielles et privées au Liban,
USA, Brésil, Maskat-Oman, France.
UNE VIE ENTRE LE TEMPOREL ET L’INTEMPOREL,
LE PROFESSIONNEL ET LE CRÉATIF
C’est dans le temps qui passe qu’il trouve ses multiples qualités
de gestionnaire, de promoteur et c’est dans l’intemporalité qu’il
retrouve ses qualités de créateur. Les différents
postes de responsabilités qu’il occupe et conduit du reste avec
une incontestable compétence, n’ont pas pris le dessus sur la dimension
artistique qui anime Nicolas Nammar. Occultée en vie publique, l’âme
de cet artiste s’éveille en privé. Le bonheur de la création
est toujours là, aussi présent, exaltant et émouvant.
On ne peut, cependant, ignorer ou minimiser le combat permanent qu’il doit
mener pour naviguer entre le temporel et l’intemporel, le professionnel
et le créatif, les charges de professeur, directeur, doyen, président...
et celles de la toile. Sans bousculer l’un ou l’autre, il arrive à
plier le temporel et l’intemporel à ses aspirations professionnelles
et artistiques. Ses qualités créatives et actives l’aident
à dominer la situation et à gérer au mieux les divers
appels qui le sollicitent: les appels des choses relatives et l’appel de
l’absolu. Le temps de l’art qui ne peut être indiqué par le
cadran de l’horloge obéit à des pulsions plus nobles et à
un horaire qui échappe à la durée. Comment émergent
les œuvres de Nicolas Nammar? de quel combat intérieur naissent
ces images issues d’une longue quête personnelle? Avant de peindre,
l’œuvre est déjà en lui au plus profond de lui-même.
Il vit une alchimie intérieure et à chaque fois, il mène
avec bonheur sa tension intérieure vers la toile. Son art est lié
à sa vie et ne s’en détache pas car tout se tient dans une
vie ce qui s’attache et ce qui se détache, le privé et le
public, le professionnel et le créatif, le rêve et la réalité.
UN ART OÙ TOUT DEVIENT VIE, ESPACE ET
TEMPS
L’œuvre de Nicolas Nammar est une ligne en mouvement, une forme
en développement, une interdépendance entre le statique et
le dynamique, une correspondance entre le plein et le vide, entre le chaos
et l’ordre, l’existant et le non- existant, les choses et les êtres,
une sorte de cosmos où tout devient vie, espace, forme et temps.
Chaque tableau est un tout, une entité indépendante qui a
son commencement, son développement et sa fin. Par son esprit de
synthèse, il recherche l’essentiel. Tout ce qui est antagoniste
et conflictuel, il essaye de le pacifier et de le rassembler dans une synthèse.
C’est, d’ailleurs, grâce à cet esprit de synthèse qu’il
est connu en tant que “responsable” et en tant que “créateur”. La
peinture de Nammar est liée à la vie publique et ne s’en
dissocie pas. Même en tant que responsable, il ne cesse de voir la
vie avec son regard d’artiste. Qui a choisi l’autre? Est-ce Nicolas Nammar
qui a choisi la peinture ou bien est-ce la peinture qui l’a choisi? Il
y a eu sans doute les deux mouvements d’attirance de l’un vers l’autre,
un amour réciproque ayant permis l’émergence d’un art personnel
et vivant qui porte le rêve de l’artiste. Nicolas Nammar occupe une
place importante dans l’art libanais contemporain. Notons qu’à la
fin de la cérémonie, M. Assaad Diab, recteur de l’UL. lui
a remis la médaille de l’UL, alors que M. Fayçal Ajami, président
du syndicat des artistes plasticiens syriens, a pris la parole pour le
féliciter et annoncer que la Syrie compte bientôt, à
son tour, honorer ce grand artiste libanais.
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