Evénements de la semaine

ESCALADE POLITIQUE SUR FOND DE PRESIDENTIELLES...

L’exhortation apostolique a-t-elle commencé à porter ses fruits? On serait porté à le croire, en constatant le changement du discours politique au niveau du Pouvoir. Mardi, la coterie du président Hariri lui a attribué une déclaration dont il ressort que “des contacts sont effectués à travers des canaux officiels, en vue de nomaliser les rapports entre Damas et le patriarcat maronite.” (Entre-temps, M. Wadih el-Khazen poursuit sa mission conciliatoire; il a rencontré, une fois de plus, M. Khaddam, ses pourparlers ayant atteint un stade avancé).

La longue trêve des confiseurs ayant pris fin, l’activité politique a repris ses droits cette semaine, dominée par deux dossiers particulièrement chauds, à savoir: la polémique autour de l’armée et de la «politisation de son rôle» et l’arrêt du Conseil constitutionnel à propos du recours en invalidation du mandat de quatre députés: MM. Faouzi Hobeiche, ministre, de surcroît, de la Culture et de l’Enseignement supérieur; Emile Naufal, Henri Chédid et Khaled Daher, représentants de Jbeil, de la Békaa et du Akkar. En ce qui concerne la «Grande Muette», il y a lieu de signaler les prises de position contradictoires de plusieurs membres du Cabinet Hariri: se joignant au chef du gouvernement qui, le premier, a attaqué l’institution militaire, Walid Joumblatt, ministre des Déplacés, accuse le commandement de Yarzé d’avoir soutenu M. Elias Abou-Rizk, président de la CGTL, lors des récentes élections syndicales (contre Ghanim Zoghbi, censé bénéficier de l’appui du Sérail). Le ministre de la Défense, Mohsen Dalloul, a mis en garde contre le fait pour certains «de se laisser séduire par l’expérience turque», allusion aux pressions exercées par les militaires sur le gouvernement Erbakan, afin de l’empêcher d’islamiser le pays. En revanche, deux autres membres du gouvernement: Sleiman Frangié (Santé) et Talal Arslan (Emigrés) ont pris le parti de l’Armée: le premier soutient «qu’il n’est dans l’intérêt de personne qu’une tension caractérise les rapports entre Yarzé et Koraytem», tout en assurant que «l’institution militaire est beaucoup mieux gérée, actuellement, que sous bien d’autres régimes». Le second se prononce en faveur de l’arrêt des attaques décochées contre le commandant en chef de l’Armée «dont l’éthique militaire est au-dessus de tout soupçon». A ce propos, l’émir Talal fait une révélation pour le moins ahurissante. De fait, il parle d’une démarche effectuée par «une personnalité importante du gouvernement» qu’il s’est abstenu de citer nommément et par un ministre auprès du général Lahoud, pour qu’il désigne un autre candidat qu’Abou-Rizk aux élections de la CGTL... «demande que le commandant en chef a naturellement rejetée, parce qu’il s’interdit de s’immiscer dans les affaires syndicales ou autres ne relevant pas de ses fonctions»... Cela dit, le Libanais bien pensant est en droit de s’interroger sur les raisons d’une telle cabale dont le général Lahoud est la cible. Le fait pour le ministre de la Défense de prévoir «des jours difficiles avant et à l’approche des présidentielles», porte à penser que la polémique autour de la prétendue «politisation du rôle de l’armée» peut avoir pour enjeu la bataille de la magistrature suprême... On sait que le commandant en chef est l’un des présidentiables les mieux placés pour l’emporter contre d’autres candidats plus ou moins valables. Or, Koraytem ne semble pas voir d’un bon oeil l’accession du Général au palais de Baabda, pour la simple raison qu’il le juge «trop peu accommodant», sans doute parce que ne se prêtant nullement aux tractations et manœuvres si chères aux «fromagistes»... Sa présence à la première magistrature pouvant rappeler celle d’un autre grand militaire, le président général Fouad Chéhab qui s’est signalé par son intransigeance sur les principes et son opposition à la violation de la loi fondamentale, au point de ne pas laisser proroger son sexennat!


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