RENCONTRE AVEC LE PDG DE L’ORGANISME ARABE POUR L’INDUSTRIALISATION

SALAH HALABI:

«Notre entreée dans la production civile sert notre volet militaire»

L’entretien avec le maréchal Salah Halabi, président du conseil d’administration de l’Organisme arabe pour l’industrialisation en Egypte, apporte toujours des nouvelles réjouissantes, lesquelles témoignent de l’existence d’une stratégie claire adoptée par cette entreprise qui dispose, aussi, d’un plan exécuté avec minutie, en vue d’accroître le volume de ses investissements. L’organisme mentionné s’active dans le domaine de la production de guerre, objectif principal de sa création, en plus de la production civile devenue, dernièrement, l’un des piliers de l’industrie égyptienne. «La production au plan militaire, précise le maréchal Halabi, demeure au plus haut niveau technologique, que ce soit par rapport aux fusées «Swing Fire», «Oeil de faucon» ou par rapport aux blindés».


ENCOURAGER LES JEUNES
L’Organisme arabe pour l’industrialisation avait pris l’initiative l’an dernier, d’en-courager les jeunes Egyptiens à s’adonner à la recherche et à innover, à travers un concours dont les résultats ont été proclamés. Invité à en parler, notre interlocuteur émet ces réflexions: «L’Organisme que je préside a organisé ce concours doté de maints prix, en vue d’inciter les nouvelles générations à s’im-pliquer dans la création et l’innovation, sur base de critères que nous avons définis. «Ainsi, pour être considérée comme une in-novation, la création doit adopter une nouvelle technologie, répondre aux impératifs de l’envi-ronnement et de l’emploi au plan local».

- De quelles innovations s’agit-il?
«Celles consistant, notamment, à construire un avion sans pilote et à améliorer le système des appareils captant l’énergie solaire de manière à en réduire les prix».

- L’Organisme pour l’industrialisation encourage-t-il, également, les recherches dans les domaines industriel et scientifique?
«Tous les milieux ont accueilli, favorable-ment, notre idée et se disent disposés à aider, tant le secteur public que privé. En fait, ils ont réalisé que cela concerne l’avenir de l’Egypte dans le domaine industriel. Nous persévérons dans cette voie, le second concours ayant été préparé dès la fin du premier».

NOUS NOUS CONSACRONS AUX GRANDES INDUSTRIES
- On constate, ces dernières années, votre incursion dans la production civile.
«Nous concentrons nos efforts sur les gran-des industries, à l’exclusion des petites entre-prises. «Nous ne faisons pas la concurrence au sec-teur privé dans ses domaines et nous nous con-sacrons à des industries lourdes, en coopération avec le ministère de la recherche scientifique».

- Ces activités n’affectent-elles pas votre production militaire?
«Pas du tout. Nous sommes tenus, sans doute, de nous limiter tout d’abord aux indus-tries de guerre ayant besoin de gros investisse-ments, en plus de la recherche. Aussi, avons-nous recours à l’Etat pour financer nos projets que nous exécutons, en coopération avec les industries civiles, celles-ci apportant leur con-tribution en divers secteurs».

- Qu’en est-il de l’usine pour la fabrication d’articles électroniques: a-t-elle réservé sa production dernièrement aux appareils de télévision?
«Le programme de l’usine au plan de l’in-dustrie militaire se poursuit, par rapport aux pièces destinées aux équipements à usage guerrier».

PRODUCTION DE HAUT NIVEAU TECHNOLOGIQUE
- D’aucuns croient que votre organisme n’a pas fait évoluer sa production depuis quelque temps, celle-ci étant limitée aux fusées «Swing Fire», «Oeil de faucon» et «Fahd I»...
«Je voudrais préciser que les équipements militaires que nous fabriquons en Egypte se signalent par leur haut niveau technologique. Le «Swing Fire» est considéré comme le meilleur de sa catégorie dans le monde; il s’agit d’une arme anti-chars ayant prouvé son efficacité. «L’important pour une fusée est de pouvoir perforer un char. La fusée de fabrication égyptienne donne satisfaction à ce point de vue; elle rivalise avec celles produites à l’étranger».

- Votre organisme rencontre-t-il des diffi-cultés dans l’écoulement de sa production sur les marchés arabes?
«On ne peut parler de difficultés, pour la raison que personne n’a refusé d’adopter nos équipements. A vrai dire, le marché des armes est ouvert. Puis, l’organisme que je préside ne peut répondre à tous les besoins des Etats arabes».

- Les achats arabes d’armes, spécialement dans le Golfe, révèlent une priorité à l’acqui-sition d’équipements destinés aux forces aériennes et terrestres. Où en est votre organisme dans ces domaines? «Rien n’est impossible et nous sommes en mesure de tout produire, mais ceci exige d’im-portants crédits. Il faut, aussi, assurer un mar-ché sûr. «Puis, les compagnies qui fabriquent des armes ne se limitent pas à un seul domaine: la construction d’avions nécessite de gros inves-tissements, sans perdre de vue la nécessité d’as-surer l’écoulement des appareils après leur sortie de l’usine».

- Quels obstacles entravent le marketing dans votre secteur?
«L’organisme arabe pour l’industrialisation a réalisé de progrès dans ce domaine au cours du premier semestre de l’an dernier. De plus, il a accompli une production militaire et civil allant au-delà du programme établi».

- Votre entreprise présente régulièrement de nouvelles armes ou certaines modifiées. Comment procédez-vous?
«La décision à ce sujet est prise après consul-tation des forces armées égyptiennes, en pre-nant en considération leurs besoins».

VERS LA COOPERATION AVEC ANKARA
- Le succès de la visite effectuée, derniè-rement, à Ankara par le chef d’état-major égyptien, marque-t-elle une nouvelle ère de coopération avec la Turquie dans la fabrica-tion de pièces de l’avion «F-16»?
«Effectivement, après la visite du chef d’état-major, la tendance est en faveur d’une telle coopération qui fait l’objet d’étude avec le ministère égyptien de la Défense. Mais nous n’avons encore abouti à un résultat déterminé».

- Qu’en est-il de la coopération avec les forces armées égyptiennes dans le domaine des recherches?
«Je n’exagère pas en disant qu’une telle coopération s’effectue quotidiennement. Nous coopérons avec ces forces si elles réclament une étude spéciale des besoins de l’armée d’un autre pays. Nous profitons, dans ce cas, des expérien-ces énormes acquises par les forces armées. Ainsi, nous avons signé un contrat en vue de la fabrication d’équipements destinés à un Etat arabe frère et ce document avait fait l’objet de consultations entre notre organisme et les forces armées».

PAS DE CONCURRENCE
- Parlez-nous de la coopération entre votre organisme et le ministre de la production de guerre et ses associés?
«Nous ne faisons la concurrence à personne dans la fabrication des équipements militaires; les autres sociétés ont leurs domaines et nous avons les nôtres. «En ce qui concerne la production pour les besoins civils, les usines peuvent disposer d’une marge de liberté. L’organisme pour l’industrialisation, les ministères de la Défense et de la production guerrière ont toute latitude de développer leur programme. Dans ce cas, la concurrence peut se faire».
Enfin, invité à établir un bilan des activités de son organisme depuis sa création jusqu’à ce jour et interrogé sur le point de savoir s’il avait augmenté son capital, son président émet ces réflexions: «On ne peut ni ne doit mesurer le chemin parcouru sous l’angle de l’augmentation du capital, bien qu’il se soit amélioré, mais sur base de différents critères.

FABRICATION DE TUYAUTERIES ET DE VOITURES
«Le capital de la société se montait à 125 millions de dollars et elle a fondé quatre usines. Maintenant, nous en avons neuf et nous affectons d’importants crédits à l’importation de matériels pour l’industrialisation. «Ainsi, nous avons conclu un contrat en vue du montage d’une usine pour la fabrication de tuyaux en porcelaine et de canaux destinés aux égouts, projet auquel ont été affectés plusieurs millions de dollars, cette usine devant com-mencer à produire à la fin de l’année courante. «Un outillage dont le prix s’élève à cinq millions de dollars a été importé en vue de la fabrication de voitures en Egypte. De plus, le nombre des ouvriers est passé de 5 ou 6.000 à 20.000 en quelques mois». A propos de l’avion «Hélouane», le maréchal Halabi précise que le troisième modèle de ce type d’appareil a été mis au point et sera adop-té, incessamment, dans sa forme définitive. «Nous avons engagé des pourparlers avec un pays en vue de l’industrialisation d’un avion pouvant transporter dix-sept à dix-neuf passa-gers».

Le Caire - Oussama Ajjaj


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