Par José M.
LABAKI.
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LES DIMENSIONS D’UN SCRUTIN |
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Certes la France
restera toujours la France, civilisatrice et humaine, berceau des droits
de l’homme. Quels que soient les systèmes politiques qui la gouvernent.
Rien au monde ne pourra mettre en échec sa marche irréversible
vers le progrès et la réussite, avec tous les risques que
comporte pareil engagement. Toutefois, aux temps nouveaux, des hommes nouveaux,
des choix différents. Sur les grandes et nobles causes qui virent
militer les Français, l’histoire a déjà tranché,
sans attendre les sondages, les électeurs et leurs élus.
Une prise de conscience tranchante est évidente. L’heure de vérité
a sonné pour le déclin du socialisme entendu comme tel, en
France et ailleurs, même si la Gauche l’emportait. Désormais,
les Français se prononceront, non sur les promesses électorales,
ni sur une certaine idéologie ou une quelconque orientation politique,
mais sur un bilan. Sur un projet d’avenir qui leur assure la sécurité,
la justice, la liberté et surtout et d’abord un emploi digne et
loyalement rémunéré. Leur jugement sera plutôt
moral que politique, sur un socialisme qui a fait faillite dans tous les
domaines et à tous les niveaux et dont ils continuent de payer la
lourde facture. Ils auront pris acte de cette dérive à haut
risque qui s’est achevée dans la déception et la confusion.
Il suffit de saisir, au hasard, le programme de n’importe quel candidat
socialiste pour se rendre à l’évidence. Durant quatorze ans
de pouvoir socialiste, la Gauche n’a fait que reprendre, dans une formulation
maximilisée, des idées appartenant à la Droite et
qui n’ont jamais été siennes. A savoir: la santé,
l’immigration, les libertés publi-ques, les impôts, les privatisations,
les prélèvements obligatoires, l’Europe, pour ne citer que
ces priorités.
En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, le président Jacques Chirac a redonné la parole aux Français. Le nouvel élan qu’il a prôné, n’est pas un simple slogan à marchander, mais à traduire en programme de gouvernement et en perspectives ambitieuses d’avenir. Néanmoins, quels seraient au juste les enjeux des législatives françaises de cette fin de siècle, et le résultat du scrutin? Les Français, exigeront-ils de leurs nouveaux élus moins d’Etat ou plus d’Etat, quelle Europe voudront-ils? La réforme de l’Etat telle que préconisée par l’élec-torat, comporterait entre autres, l’adhésion des Français à la démocratie revue et corrigée, le renforcement du parlementarisme, principalement par la suppression du cumul des mandats et l’introduction d’une dose de proportionnelle dans les législatives. Ils exigeraient aussi, une autonomie renforcée du pouvoir judi-ciaire, la refonte de la fonction publique en intro-duisant une “culture de management” chez les fonctionnaires, les hauts gradés en particulier, énarques inclus, la simplification administra-tive, avec davantage d’initiative et enfin l’ac-croissement des pouvoirs locaux. C’est la réussite de tous ces grands chantiers qui condition-nerait le succès de la relance économique et de la lutte pour l’emploi. La Gauche et la Droite, n’auront certes pas sur ce terrain la même culture, mais elles seront confrontées aux mêmes urgences. Le projet d’un libéralisme tempéré à l’ère du troisième millénaire, par la majorité au pouvoir, à l’avant-garde d’un nouveau contrat social, serait indubitablement celui d’une France forte, vraie et généreuse. Il rappelle la responsabilité sans vergogne, des socialistes dans le déclin de la solidarité nationale, il marquerait surtout, un nouveau départ d’une Europe qui mettra le citoyen, l’emploi, le bonheur des gens au cœur de ses préoccupations. Car, ce n’est pas avec moins de solidarité que l’on entrera mieux dans la modernité. Il faudrait donc un libéralisme légitimé, tempéré et corrigé et non un socialisme turbulent et rétrograde. Cependant, Droite et Gauche, mènent leur campagne à coups de slogans, tout en ayant le même problème: l’électorat qui finira bientôt par voter, pour qui et pourquoi votera-t-il? Voilà l’enjeu. D’éminents juristes tels que Georges Vedel, Olivier Duhamel, Hugues Portelli et Guy Carcassonne, viennent de proposer à l’adresse des Français, gouvernants et gouvernés confondus, cinq mesures pour réformer la République, ce sont: réactivation de la pratique du référendum, réduction à cinq ans du mandat présidentiel, interdiction du cumul des mandats, révision des pouvoirs locaux et impartialité de l’Etat. “Les Français de tous bords, disent-ils, sont appelés à militer dans cette direction. Il y va de leur honneur et de leur réussite dans une Europe dont ils se veulent les bâtisseurs par excellence”. Le troisième millénaire frappe à la porte, l’Europe aussi, quels tournants la France aura-t-elle pris ou manqués? Quelles mutations va-t-elle annoncer? Quelles étapes lui reste-t-il à franchir? Pour les Français de l’an 2000, il s’agit d’inventer une nouvelle thématique de gouvernement, puisqu’ils auront à faire, sûrement, à une nouvelle société plus exigeante et plus consciente. Au nom de l’authenticité, les Français réclameront aux politiques de parler net et clair, de gouverner juste. Ils ne voudraient pas d’un pouvoir arrogant, seul détenteur de la vérité. Pour eux l’Etat est un service public, sans plus. Ces mutations transcendentales au sein de la société française vont-elles pouvoir éradiquer les clivages traditionnels de la Droite et de la Gauche? Les bases sociales sur lesquelles reposait ce clivage sont-elles reconnues inopérantes? Les grandes institutions modificatrices qu’étaient l’Eglise, les pactes et les idéologies se sont-elles à jamais effondrées? Y aura-t-il demain une Droite représentant les nantis et une Gauche encadrée dans la modernité? En fait, que l’on préfère parcourir ce chemin ardu de la démocratie représentative, à droite ou à gauche, la voie qui conduit aux grands équilibres macro-économiques et politi-ques est assez étroite. Elle ne permet pas de grands mouve-ments, tant de domaines pouvant être gérés autant à partir d’un point de vue de droite que de gauche. Au demeurant, la gauche française mériterait une cure de recyclage, à savoir que les palais officiels ne sont pas la demeure obligée des socialistes; le contre-pouvoir s’avérant indispensable et peut-être plus important que le pouvoir lui-même. Le changement tel que les Français l’exigent, ne pourra jamais venir d’une coalition hétéroclite. Puissent-ils ne pas virer derechef à gauche. Quoi qu’il advienne, la France sera toujours la France avec toutes ses vertus et ses valeurs séculaires. Elle seule doit être la triomphatrice et la souveraine. |
![]() “Si l’histoire ne se répète jamais, les politiciens se ressemblent toujours. Mais la France restera la France, bastion de la démocratie.” Charles De Gaulle
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