Editorial


Par MELHEM KARAM

I - ALAIN JUPPÉ, LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES FRANÇAISES... ET L’AVENTURE

II - LA SITUATION EN ALGÉRIE TRIBUTAIRE DE LA HAUSSE DU PRIX DU PÉTROLE

Photo Melhem Karam
- I - Après le succès de Tony Blair, président du Conseil de Grande-Bretagne, qui a brandi le slogan: “l’enseignement; puis, l’enseignement et encore l’ensei-gnement”, Alain Juppé, Premier mi-nistre français, a décidé d’engager la bataille électorale, non sans avoir dissous le parlement, sur un con-texte social et lancé un slogan en rapport avec les revendications po-pulaires. Il semble que tous ont appris une leçon de Clinton qui a battu George Bush, gagnant de la guerre du Golfe, briseur du communisme et du mur de Berlin. Parce que Clinton s’est adressé aux ventres des Américains et non à leur raison. C’est pourquoi, Juppé a parlé de réduire les impôts et proclamé qu’il faut traiter avec franchise la question de l’emploi, la manière de gouverner, la réorganisation de l’Etat et la répartition des pouvoirs entre Paris et les régions, en vue d’une entente sociale modèle et d’un contrat social destiné à protéger le système. Juppé se vante d’avoir créé trente-cinq mille emplois dans le domaine de l’industrialisation des textiles au profit de nouveaux postulants du travail. Et d’œuvrer à l’effet d’assurer à tout citoyen un salaire à la dimension de ses aspirations et de ses besoins. Sarkozy s’est joint à lui, exprimant son ap-préciation de ses slogans, tout en rappelant qu’ils sont volés du dernier programme électoral de Bal-ladur. Les adversaires du Juppé se demandent: “Comment peut-on édifier un Etat fort en réduisant son budget?”. Nicolas Sarkozy, ancien ministre du Budget, dit qu’il est impérieux de dépenser moins, mais mieux. D’autant que les expériences visant à contrôler les dépenses publiques dans d’autres pays n’ont pas donné des résultats convaincants. Elles ont prouvé que c’est un remède inefficace et ne satisfait pas les ambitions de Juppé qui veut un Etat plus petit, mais plus fort. La majorité émanant du “Rassemblement pour la République” et de l’“Union de la démocratie fran-çaise”, donne des signes d’inquiétude et minimise les chances de succès d’Alain Juppé, d’autant que les dépenses de l’Etat français sont stables ou presque depuis 1970. En revanche, les dépenses de la Sécurité sociale et les diverses dépenses locales se sont amplifiées avec célérité. Le contrôle des dépenses publiques, l’austérité et le serrement des ceintures testés dans d’autres Etats, n’ont pas donné les résultats souhaités. La majorité est désireuse de geler les dépenses publiques au moyen du franc qui a été stable durant cinq ans. Mais cette tentative n’a pas réussi dans la plupart des Etats, ainsi que le prouve une analyse scientifique minutieuse. De là, la majorité française sous la direction de Juppé est en proie à l’inquiétude et à la peur, au point de douter de la possibilité pour l’actuel chef du gouvernement de se maintenir à l’hôtel Matignon. D’ail-leurs, il vient de décider de résigner ses charges officielles dès la fin de la consultation populaire, pour sau-ver la droite de la déroute au second tour des élections législatives pré-vues pour le 1er juin.

- II - Ahmed Ben Yéhia, Premier mi-nistre algérien, affiche un visage optimiste, éclatant et heureux, face aux résultats des réformes économi-ques, disant que le bilan est positif. Il l’a proclamé devant le Conseil national économico-social. On sait qu’il est candidat aux élections législatives devant avoir lieu le 5 juin. M. Ben Yéhia à qui le président Zéroual ne confiera pas la tâche de former un nouveau gouvernement, considère que les chiffres seuls parlent. Si ses prévi-sions se confirment, il estime que la réserve de la dé-pense publique évaluée par l’Etat à 5,300 milliards de dollars - chiffre jamais atteint par le budget algérien depuis dix ans - habilite l’Algérie à ne pas réclamer, une fois de plus, l’échelonnement de ses dettes en 1998, puisqu’elle les acquittera en bloc. Mais ceci n’empêche pas beaucoup d’experts, de prédire une nouvelle crise financière en Algérie à la fin de l’année, conséquemment à la baisse de la pres-sion pétrolière et à l’accroissement des services de la dette publique. Ben Yéhia, soutenu par sa coterie, invoque une logique dont il ressort que le développe-ment du revenu national doit atteindre cinq pour cent cette année, alors que les investissements extérieurs bloqués en raison de la situation sécuritaire, doivent s’élever à un haut niveau, ainsi que le soutient l’un des conseillers du président Zéroual. Les Autorités révèlent plus de 1.500 projets d’in-vestissements extérieurs, dont vingt-cinq contrats entre des firmes algériennes et occidentales. Le gou-vernement affirme que le programme des prestations donnera des parties du capital des sociétés privatisées aux ouvriers, aux jeunes, aux familles des martyrs, aux victimes du terrorisme et aux familles révolution-naires, cette dernière appellation concernant la caté-gorie se réclamant du front de libération ou d’autres formations groupant les militants et les anciens combattants. Cependant, l’optimisme de Ben Yéhia est atténué par le pessimisme d’éléments actifs de la vie écono-mique algérienne. Ceux-ci estiment que la situation actuelle revitalisée, ne repose pas sur des piliers soli-des, mais sur des fonds et des facteurs conjoncturels. Bien que la hausse du prix du baril d’or noir ait donné de bons résultats à l’économie algérienne, elle ne per-met pas de crier victoire. Il reste un long chemin à franchir avec fermeté et persévérance, pour que les réformes atteignent leurs objectifs et leur finalité.


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