CÉLÉBRATION DU CINQUANTIÈME ANNIVERSAIRE DU PLAN MARSHALL LORS DES JOURNÉES EUROPÉENNES DE BILL CLINTON


Le président Bill Clinton et le Premier ministre Tony Blair au cours de leur conférence de presse conjointe.


Les deux «First Ladies», Hillary et Cherie, visitant une réplique du Globe theater où se jouaient les pièces de Shakespeare.

Qu’est-ce qui intéresse le plus les Américains? Que leur président marque l’Histoire par l’accord Russie-Otan considéré comme la réussite la plus spectaculaire de ses deux mandats ou l’affaire Paula Jones qui connaît, fort curieusement, des rebondissements spectaculaires lorsque celui-ci se trouve propulsé au zénith de sa carrière? La signature historique de «l’Acte fondateur» a été, en quelque sorte, éclipsée aux Etats-Unis par l’affaire Paula Jones dont s’est saisie la Cour suprême et qui a poursuivi le président américain, alors qu’il se trouvait à La Haye pour commémorer le cinquantième anniversaire du plan Marshall. Fort curieusement, Miss Paula Jones n’a déposé sa plainte pour harcèlement sexuel qu’en 1994, alors que l’ancien gouverneur du Texas accédait à la Maison-Blanche. Pourtant, les faits remontent à 1991 lorsque Paula Jones, fonctionnaire d’une trentaine d’années, est, prétend-elle, attirée dans un hôtel de Little Rock par Bill Clinton qui tente de la séduire contre son gré. A la regarder, Miss Paula Jones n’a vraiment pas la tête d’une harcelée sexuelle et ne dispose pas en outre des moyens de se payer des avocats. C’est pourquoi, on soupçonne fortement les républicains d’avoir monté cette affaire pour alourdir le dossier du président dans lequel figurent le scandale Whitewater, le FBI gate et le financement de sa campagne électorale. Dans l’Amérique puritaine, Paula Jones a une très large audience. Mais il est malheureux de voir un fait divers éclipser de grands moments historiques.

LE 5 JUIN 1957, GEORGE MARSHALL LANÇAIT SON PLAN
Les cérémonies du cinquantième anniversaire du plan Marshall qui se sont déroulées à La Haye devant plus de cinquante-cinq pays membres de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) ont ému jusqu’aux larmes Helmut Kohl, auquel le président américain faisait allusion en évoquant «le souvenir d’un jeune garçon allemand qui regardait les soldats américains distribuer la soupe dans son école». «Ce garçon a grandi, il est devenu le premier chancelier d’une Allemagne libre et unifiée, il symbolise la lettre et l’esprit du plan Marshall. Le 5 juin 1957, George Marshall, ancien chef d’état-major de l’armée de terre américaine, secrétaire d’Etat du président Truman, lançait son programme de redressement économique européen à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Son «European recovery programm» se proposait de lutter contre «la famine, la pauvreté, le désespoir et le chaos». Le plan qui porte son nom, avait été également conçu par des diplomates américains, dont Averell Harriman et Dean Acheson et soutenu par des dirigeants européens. Conçu initialement en faveur de l’Europe occidentale et orientale, ce programme débloquait des fonds à hauteur de 13,35 milliards de dollars, dont 85% étaient offerts à titre gratuit et 15% convertis en prêts à longs termes. L’URSS a refusé de s’y associer, suivie du bloc des pays de l’Est. De 1948 à 1952, le plan Marshall a remis l’Europe debout et fait profiter les Etats-Unis de ses dividendes. Le général George Marshall entrait ainsi dans l’Histoire. En 1953, il se voyait attribuer le prix Nobel de la Paix à Oslo. Ce n’est pas sans raison qu’un nouveau plan Marshall est sollicité aujourd’hui en faveur des pays d’Europe centrale et orientale, dont les «énormes besoins» engloutiraient des fonds de 100 milliards de dollars, selon les estimations de Wim Kok, Premier ministre néerlandais. Il n’y aurait plus un nouveau plan Marshall américain, car Bill Clinton s’est déclaré favorable à «une accélération du rythme des investissements privés». Les institutions financières internationales ont déjà investi dans les pays de l’Est près de 50 milliards de dollars, tandis que l’Union européenne avance une fourchette de 145 milliards de dollars. Renvoyant ainsi la balle à l’Europe, il a déclaré avec superbe: «J’affirme aux peuples d’Europe: l’Amérique est à vos côtés, nous ne nous retirerons pas du vieux continent.» Avant de quitter les Etats-Unis, à la veille de sa tournée qu’il avait précédée par le dépôt d’une gerbe sur la tombe de George Marshall à Arlington, Bill Clinton avait pompeusement annoncé que la «mission (des Etats-Unis) commence en Europe».

AVEC TONY BLAIR AU 10 DOWNING STREET
Après Paris et La Haye, Bill Clinton, accompagné de son épouse Hillary, s’est arrêté à Londres où il a participé au 10 Downing Street, aux côtés de Tony Blair, à une réunion du gouvernement britannique, privilège qu’avait connu avant lui le président Nixon, lequel avait rejoint en 1962 l’équipe du travailliste Harold Wilson. La rencontre des couples Clinton et Blair s’est effectuée dans une atmosphère décontractée. Tony Blair a pu confier à Bill Clinton qu’il lui avait emprunté certaines de ses idées. Tous les deux que sept ans séparent, ont indiqué, au cours d’une conférence de presse, tenue dans les jardins du 10 Downing Street et rappelant les pelouses de la Maison-Blanche, qu’ils étaient des centristes soucieux de préserver une société juste mais adeptes de la flexibilité des marchés de l’emploi et de l’esprit d’entreprise. Clinton a, par ailleurs, lancé à l’adresse de l’IRA: «Déposez vos armes», en confiant un tantinet philosophe: «Chaque lutte dans le monde est une lutte pour un compromis où personne n’est vraiment content». Par-delà la politique qui unit Bill Clinton et Tony Blair dont les profils semblent similaires, leurs épouses, brillantes avocates qui ont emprunté des parcours assez proches, ayant été se revigorer au théâtre où elles ont assisté à une représentation d’Henry V.


Home
Home