
M. Bassem Sabeh. dddfddM. Mohamed Baalbaki.
dfdfM. Melhem Karam.
Dans le cadre d’une interview télévisée, le président
Rafic Hariri a saisi l’occasion pour lancer son projet de réforme
électorale basé sur le principe du Liban circonscription
unique. L’idée occupera pour un laps de temps le devant de la scène
politique et fera l’objet de multiples commentaires. La chaîne de
télévision nationale a recueilli, non seulement, les points
de vue de certains parlementaires mais, aussi, de l’homme de la rue qui,
comme par hasard, approuve la suggestion haririenne. Ces faits laissent
l’observateur perplexe et posent plus d’un point d’interrogation. Tout
d’abord, quelle mouche a piqué le Premier ministre pour qu’il lance
cette idée en ce moment précis? Les élections législatives
ont eu lieu il y a moins d’un an. Elles furent précédées
d’un long débat, qui n’a pas abouti, sur la réforme de la
loi électorale. Pour-quoi, dès lors, Hariri a-t-il choisi
de re-venir à la charge? Est-ce pour occulter d’autres sujets plus
importants de politique interne? Serait-ce pour cou-per l’herbe sous les
pieds du chef de l’Etat qui fut, en fait, le véritable ini-tiateur
du projet de réforme électorale sur la base de la circonscription
unique? Pourquoi M. Hariri cherche-t-il à reprendre ce projet à
son compte, pour le parrainer et en devenir le véritable promoteur?

M. Ahmed el-Ghaz. cccM. Riad Salamé.
QUE D’ANGUILLES SOUS ROCHE!
Il ressortait du moins de l’interview, que le Premier ministre
ne dispose pas encore d’un projet cohérent concernant cette réforme,
mais recherche davan-tage à avancer une idée basée
sur le principe de la circonscription unique. Ce leitmotiv nous est rabaché,
sans cesse, par le camp des “loyalistes” qui y voient, impérativement,
le modèle idéal pour assurer la convivialité entre
Libanais et la véritable entente nationa-le. Mais que d’anguilles
sous roche! Pour conforter ce principe, on nous sert une série d’arguments:
le député, dit-on, représentera alors toute la nation
et non plus sa circonscription, comme si tous les élus sur la base
de la petite ou moyenne circonscription en France, en Grande-Bretagne,
aux U.S.A, en Allemagne et dans tous les pays démocratiques étaient
des porte - à faux et ne représentaient pas leur na-tion!
Rien, en vérité, n’est plus falla-cieux que cet argument.
On nous dit, aussi, que la circonscrip-tion unique est le remède
miraculeux pour dépasser les clivages confessionnels. Rien n’est
plus faux, car une telle formule risque davantage, en l’absence de véritables
partis politiques bien structurés, de renforcer le sentiment de
frustration chez les uns et de domination absolue, chez les autres.
LISTE UNIQUE ET PARLEMENT MONOCHROME
Déjà, avec le mohafazat comme circonscription
électorale, la véritable représentation de toutes
les compo-santes de la société libanaise est faussée
et l’on a droit à un parlement uniforme. Qu’adviendrait-t-il si
l’on adoptait la circonscription unique? Le corollaire en sera tout simple
et dicté d’avance: une liste unique et un parlement “monochrome”!
Est-ce vraiment cela que recherche M. Hariri? Lors du débat qui
avait précédé les législatives de 96, plusieurs
courants avaient, au contraire, réclamé le retour à
la petite circonscription (sur la base du caza) pour maintes raison. Le
citoyen connaît, au moins, ses candi-dats et peut les choisir en
fonction de leur compétence et capacité, non parce qu’ils
ont été pris sur une «liste de coalition». Par
ailleurs, il est du devoir du député de s’occuper des problèmes
de sa circonscription, tout en remplissant sa mission de législateur
à l’échelle nationale. Une fonction n’annule pas l’autre,
toutes deux étant complémen-taires. Et qu’on nous fasse,
une fois pour toutes, grâce des arguments des «loyalistes»,
selon lesquels seuls les élus sur la base de la circonscription
unique pourront agir dans l’intérêt de la nation. De 1943
à nos jours, nos représentants au sein de l’hémicycle
ont quand même légiféré à l’échelle
nationale et doté le pays de lois valables tout en étant
élus sur la base du mohafazat ou du caza.
QUE CACHE CE PROJET?
De grâce, aussi, qu’on cesse d’invo-quer la préservation du
caractère convivial du pays ou l’aboutissement de la véritable
entente nationale, pour nous imposer une circonscription unique qui s’accompagnera
de facto d’une liste unique. Ce projet est trop tendancieux et cache, sans
doute, des visées non déclarées. Si nos responsables
voulaient, réellement, œuvrer dans l’intérêt du Liban
et de tous ses fils, ils devraient se pencher avec beaucoup plus d’objec-tivité
sur tous les éléments et facteurs capables de renforcer la
cohésion nationale. L’adoption de la circonscription unique comme
base électorale n’en est pas une. Elle risque d’avoir des effets
contraires à ceux qu’en escomptent nos dirigeants.
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