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SABEH: «La relation avec la Syrie se passe de conventions»

BAALBAKI: «Le 6 mai résume les motivations de la lutte commune»

KARAM: «Assad est épris de nationalisme, son Histoire étant le présent et l’avenir»



M. Bassem Sabeh. dddfddM. Mohamed Baalbaki. dfdfM. Melhem Karam.

Dans le cadre d’une interview télévisée, le président Rafic Hariri a saisi l’occasion pour lancer son projet de réforme électorale basé sur le principe du Liban circonscription unique. L’idée occupera pour un laps de temps le devant de la scène politique et fera l’objet de multiples commentaires. La chaîne de télévision nationale a recueilli, non seulement, les points de vue de certains parlementaires mais, aussi, de l’homme de la rue qui, comme par hasard, approuve la suggestion haririenne. Ces faits laissent l’observateur perplexe et posent plus d’un point d’interrogation. Tout d’abord, quelle mouche a piqué le Premier ministre pour qu’il lance cette idée en ce moment précis? Les élections législatives ont eu lieu il y a moins d’un an. Elles furent précédées d’un long débat, qui n’a pas abouti, sur la réforme de la loi électorale. Pour-quoi, dès lors, Hariri a-t-il choisi de re-venir à la charge? Est-ce pour occulter d’autres sujets plus importants de politique interne? Serait-ce pour cou-per l’herbe sous les pieds du chef de l’Etat qui fut, en fait, le véritable ini-tiateur du projet de réforme électorale sur la base de la circonscription unique? Pourquoi M. Hariri cherche-t-il à reprendre ce projet à son compte, pour le parrainer et en devenir le véritable promoteur?


M. Ahmed el-Ghaz. cccM. Riad Salamé.

QUE D’ANGUILLES SOUS ROCHE!
Il ressortait du moins de l’interview, que le Premier ministre ne dispose pas encore d’un projet cohérent concernant cette réforme, mais recherche davan-tage à avancer une idée basée sur le principe de la circonscription unique. Ce leitmotiv nous est rabaché, sans cesse, par le camp des “loyalistes” qui y voient, impérativement, le modèle idéal pour assurer la convivialité entre Libanais et la véritable entente nationa-le. Mais que d’anguilles sous roche! Pour conforter ce principe, on nous sert une série d’arguments: le député, dit-on, représentera alors toute la nation et non plus sa circonscription, comme si tous les élus sur la base de la petite ou moyenne circonscription en France, en Grande-Bretagne, aux U.S.A, en Allemagne et dans tous les pays démocratiques étaient des porte - à faux et ne représentaient pas leur na-tion! Rien, en vérité, n’est plus falla-cieux que cet argument. On nous dit, aussi, que la circonscrip-tion unique est le remède miraculeux pour dépasser les clivages confessionnels. Rien n’est plus faux, car une telle formule risque davantage, en l’absence de véritables partis politiques bien structurés, de renforcer le sentiment de frustration chez les uns et de domination absolue, chez les autres.

LISTE UNIQUE ET PARLEMENT MONOCHROME
Déjà, avec le mohafazat comme circonscription électorale, la véritable représentation de toutes les compo-santes de la société libanaise est faussée et l’on a droit à un parlement uniforme. Qu’adviendrait-t-il si l’on adoptait la circonscription unique? Le corollaire en sera tout simple et dicté d’avance: une liste unique et un parlement “monochrome”! Est-ce vraiment cela que recherche M. Hariri? Lors du débat qui avait précédé les législatives de 96, plusieurs courants avaient, au contraire, réclamé le retour à la petite circonscription (sur la base du caza) pour maintes raison. Le citoyen connaît, au moins, ses candi-dats et peut les choisir en fonction de leur compétence et capacité, non parce qu’ils ont été pris sur une «liste de coalition». Par ailleurs, il est du devoir du député de s’occuper des problèmes de sa circonscription, tout en remplissant sa mission de législateur à l’échelle nationale. Une fonction n’annule pas l’autre, toutes deux étant complémen-taires. Et qu’on nous fasse, une fois pour toutes, grâce des arguments des «loyalistes», selon lesquels seuls les élus sur la base de la circonscription unique pourront agir dans l’intérêt de la nation. De 1943 à nos jours, nos représentants au sein de l’hémicycle ont quand même légiféré à l’échelle nationale et doté le pays de lois valables tout en étant élus sur la base du mohafazat ou du caza.

QUE CACHE CE PROJET?
De grâce, aussi, qu’on cesse d’invo-quer la préservation du caractère convivial du pays ou l’aboutissement de la véritable entente nationale, pour nous imposer une circonscription unique qui s’accompagnera de facto d’une liste unique. Ce projet est trop tendancieux et cache, sans doute, des visées non déclarées. Si nos responsables voulaient, réellement, œuvrer dans l’intérêt du Liban et de tous ses fils, ils devraient se pencher avec beaucoup plus d’objec-tivité sur tous les éléments et facteurs capables de renforcer la cohésion nationale. L’adoption de la circonscription unique comme base électorale n’en est pas une. Elle risque d’avoir des effets contraires à ceux qu’en escomptent nos dirigeants.


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