Par MELHEM
KARAM
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LA PERTE DE CHIRAC... ET LA GLOIRE DES OMEYYADESPourquoi votre gloire s’est-elle estompée?”, a-t-on demandé aux Omeyyades. Ils ont répon-du: “A cause de nos différends et du rassemblement de nos adversaires”. Ce qui s’est passé aux élections françaises, était une bataille aux couteaux, affirmant que les blessures politiques ne se cicatrisent pas, mais s’alimentent en rancunes avec les-quelles elles se développent. Les formations d’Edouard Balladur, de Sarkozy, Pasqua, Léotard et Veil étaient autant de poignards dans le dos du groupe du président Chirac. Franz Olivier Giesberg, rédacteur en chef du “Figaro”, journal de droite, a dit à la télévision: “Chirac a reçu un coup de son propre camp”. Rien ne profite à la droite si Chirac sanctionne sa fille Claude, responsable médiatique au palais de l’Elysée, ni son collègue Dominique de Villaurban ou les boycotte, pour l’avoir induit en erreur par des informations inexactes et des sondages d’opinion très peu crédibles. Il aurait dû s’assurer de la véracité des renseignements l’ayant incité à accélérer l’échéance et à dissoudre l’Assemblée nationale. D’autant que Chirac est connu pour être “un impulsif, dont les calculs précipités sont faux”, pour reprendre les propres termes de Valéry Giscard d’Estaing. Celui-ci a dit de lui le soir de la défaite, sans le citer nommément, qu’il s’est hasardé dans son initiative d’appeler à des élections anticipées et a été, une fois de plus, victime de conseils erronés ou non étudiés. Et qu’il a improvisé le duo Seguin-Madelin pour mener les élections législatives au second tour, après avoir écarté Juppé de la direction et de la présidence du Conseil. Chirac qui a subi la défaite la plus cuisante, s’est causé du tort en apparaissant à la télévision pour dire aux gens: “Ne votez pas pour les socialistes”, se comportant ainsi en tant que chef de parti et non d’Etat. Il a échoué et obtenu 235 députés, contre 331 à la gauche, faisant du pouvoir français un attelage conduit par deux chevaux, chacun évoluant dans un sens contraire à l’autre, ce qui se traduira par la paralysie, la perte de temps et la dispersion des efforts. Cela signifie, aussi, le retard de l’unité monétaire européenne, la chute de Maastricht et, probablement, celle de la politique arabe de Chirac prévoyant la création d’une télévision arabe pour l’Europe. De même, cela signifie l’émergence de crises appelées à s’envenimer, conséquemment au conflit féroce à l’ombre d’une “cohabitation” sans vitalité. Surtout que Chirac attendra un an, au terme duquel il dissoudrait une seconde fois l’Assemblée pour organiser de nouvelles élections. Il jouerait solde et s’il venait à échouer, il démissionnerait, bien qu’il soit de ceux qui s’attachent au porphyre du pouvoir et à son prestige. *** Nous devons ne pas interpréter, abusivement, les causes de la chute de Chirac. Les Français ne veulent pas ouvrir les frontières européennes, ni tolérer un espace européen unique. Ils considèrent que l’intégration prévue par Maastrichit engendre un système de protection sociale capitaliste sau-vage. De plus, ils préfèrent que les grands secteurs, tels les communica-tions et les transports restent à la char-ge de l’Etat, la hâte dans l’intégration européenne faisant perdre aux masses leurs acquis sociaux, spécialement la limite du nombre des chômeurs. La cause de l’échec, en plus des tares que nous connaissons, certaines provenant de notre terre libanaise, résulterait, peut-être, du fait que le gaullisme est tombé devant les nouveaux défis auxquels il ne trouve pas de réponse: le chômage, l’immigration, la crise sociale, alors que les socialistes disposent de réponses claires, la position du “front national” à leur sujet étant connue et déclarée. Le gaullisme, au summum de son éclat, ne formait pas une majorité écrasante. De Gaulle est tombé au premier tour et a engagé la bataille du ballotage contre Mitter-rand. Le centre français a, peut-être, perdu son rôle en France, ce rôle qui était possible et réclamé dans les années soixante. Et quoi, maintenant? Telle est la question. La réponse est qu’il faut adopter des responsables sociaux et des hommes politiques de l’ancienne majorité française, habilités à affronter Lionel Jospin, Premier ministre socialiste, contre lequel ils ne peuvent rien parce qu’il est honnête, probe et le fils de son temps. C’était une erreur flagrante, comme l’a dit Jean-Pierre Chevènement, de confier à Alain Juppé la présidence du Conseil, lui le technocrate statique n’ayant aucun rapport avec la réalité sociale, qui laissait des grèves syndicales se perpétuer pendant quarante jours sans entreprendre de les traiter, tout en restant noyé dans des dossiers et des textes auxquels ils n’apportait pas de solutions. Maintenant, si elle veut rester sur la carte politique française, la droite doit mettre fin aux dissensions entre ses membres, renoncer à se jeter la responsa-bilité de la défaite, tout en éliminant de son style l’ambiguité et en cessant d’agir “sous la table”. Elle est tenue d’opter pour la sérénité politique et de modifier le ton du discours directorial. Sinon tous s’assureront de la chute du centre-droit, le fait de se passer de lui ne provoquant pas un vide, ni une brèche; son courant faiblira et sa gloire s’éclipsera, si les luttes sourdes venaient à persister entre ses leaders. Ces luttes auxquelles feront face, de l’autre bord, le rassemblement des antagonistes, tous y compris les Verts, le Front national et les divers éléments ou groupes qui ne portent pas la droite dans leur cœur. |
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