Evénements de la semaine

LES LÉGISLATIVES FRANÇAISES ET LEURS ÉVENTUELLES RETOMBÉES AU LIBAN


La déconfiture de la droite en France aura de fâcheuses retombées sur la scène libanaise, pour plus d’un motif. D’abord, la “cohabitation” si peu commode, restreindra la liberté d’action du chef de l’Etat qui n’aura plus les mains libres; il y a lieu de craindre que l’assistance à notre pays soit réduite ou même gelée. Puis, le chef du gouvernement (socialiste) se soucie avant tout de satisfaire son électorat, en accordant la priorité aux problèmes intérieurs. Le Liban (et le P.O.) peuvent faire les frais des tractations qui ne manqueront pas d’opposer les deux pôles du pouvoir à l’Elysée....

La cuisante déconfiture de la droite française peut avoir attristé les Libanais - et les Arabes - moins, à cause de ses répercussions au niveau du palais de l’Elysée, où le «cohabitation» n’est pas, quoi qu’on en dise commode, ni agréable, mais surtout en raison de ses éventuelles retombées dans nos murs où la politique libanaise (et arabe) du président Chirac peut être mise en brèche par ses nouveaux partenaires socialistes. Le cas du Congrès US est présent dans les mémoires, depuis que les Républicains y disposent de la majorité. Celle-ci rend ardue la tâche du chef de la Maison-Blanche qui est forcé, souvent, de se prêter à certains accommodements pour obtenir la ratification d’un projet ou d’un texte de loi... On sait que M. Chirac compte parmi les amis personnels de M. Hariri, lequel a toutes les raisons de craindre l’amenuisement, voire le gel de l’assistance française. Le successeur de M. Juppé pourrait être amené à réduire le volume de l’aide à l’étranger, selon les programmes établis par le Cabinet sortant et par son prédécesseur, celui de M. Balladur, afin de pouvoir tenir ses promesses relatives à la sécurité sociale, à l’emploi, à l’assistance médicale, etc... C’est pourquoi, le nouveau gouvernement français peut accorder la priorité aux problèmes intérieurs. Du même coup, l’intérêt de Paris aux problèmes extérieurs risque de faiblir. D’autant que, selon certaines sources fiables, le lobby juif ne serait pas étranger à la déroute de la droite française, l’Amérique ayant pu lui donner un coup de pouce, parce que ne voyant pas d’un bon oeil les initiatives (française et européenne) au Proche-Orient... Rappelons-nous la rivalité qui avait éclaté au grand jour lors des dramatiques événements d’avril 95 au Liban-Sud, lesquels avaient entraîné plus d’un chassé-croisé du chef du Quai d’Orsay et du chef du département d’Etat US dans la région, les deux hommes ayant refusé, d’abord, de s’aboucher pour dissiper certains «malentendus», avant de parvenir à s’entendre sur la constitution du groupe de surveillance de la trêve... Fait à signaler: la droite ne gouverne plus en Europe que dans deux pays: en Allemagne et en Espagne, les treize autres Etats de l’Union européenne, étant peu acquis à Maastricht, à l’euro et à une stratégie commune... Enfin, il ne faut pas perdre de vue que le chef de l’Elysée a encore la possibilité de dissoudre de nouveau l’Assemblée nationale d’ici à un an. On peut donc s’attendre à des tractations au niveau du pouvoir, dont le Liban et le dossier proche-oriental pourraient faire les frais...


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