CRITIQUANT LA MAJORATION EXAGÉRÉE DES TAXES DOUANIÈRES SUR LES VOITURES

SAMIR HOMSI
“CETTE MESURE COMPROMET DANGEREUSEMENT L’AVENIR ÉCONOMIQUE DU LIBAN”



Samir Homsi au cours de la conférence de presse.

Serions-nous en train de nous orienter vers une politique de dirigisme étatique après plus de 50 ans d’économie libérale? C’est ce qui apparaît des dernières mesures protectionnistes prises le 10 juin par le Conseil des ministres.

MESURES DÉCOURAGEANTES
Au cours de la conférence de Presse tenue par l’association des importateurs de voitures à Jal El-Dib, M. Samir Homsi, vice-président, s’est demandé “comment l’Etat pouvait mener une telle politique, alors qu’il appelle sans cesse les jeunes et les capitaux à réintégrer le pays. De telles mesures protectionnistes, obser-ve-t-il, sont décourageantes et com-promettent dangereusement l’avenir économique du Liban”. Plus que les importateurs de voitures, c’est l’économie libérale libanaise qui en prend un sacré coup, d’autant plus que les importateurs de voitures participent, activement, à l’économie nationale. “Ces mesures, a-t-il dit, ne contribuent nullement à alimenter le Trésor mais au contraire, à le vider parce que les importateurs de voitures dont l’apport à l’Etat est considérable, ne seront plus capables d’importer et donc d’acquitter les droits de douane”. Interrogé sur les contacts établis afin de solutionner ce problème, M. Homsi a répondu: “Nous avons demandé des rendez-vous de tous les responsables susceptibles de nous aider, notamment M. Sanioura, mais n’en avons jusque-là obtenu aucun”.

LE LIBAN ÉVOLUE À CONTRE-COURANT
“Le monde entier, ajoute M. Homsi, se dirige aujourd’hui vers l’économie libérale, visant à abolir les bannières douanières; se pourrait-il, dans ces conditions, que le Liban qui a toujours été la plaque tournante du Proche-Orient, aille seul en sens inverse? Je suis inquiet car, changer le visage libéral du Liban équi-vaudrait à sa disparition. Ces mesures ne portent pas seulement atteinte aux importateurs de voitures, mais se répercuteront négativement, sur les investissements et le tourisme en raison de l’augmentation des taxes.” M. Homsi affirme, d’autre part, que l’association avait contesté cette décision inconcevable et manifesté sa réprobation quant à sa sévérité, mais tout en se disant prête à dialoguer avec l’Etat. En effet, l’association veut éviter tout heurt avec les responsables, en instaurant un dialogue fructueux en vue de fixer les taxes à 35% au lieu des 50, 100 et 200%. Ces augmentations sont totalement inconcevables dans un pays d’éco-nomie libérale; elles majorent le prix des voitures de luxe de 10 à 20.000 dollars US, en moyenne. Ce qui veut dire que de nombreuses agences fermeront leurs portes, elles qui ont la responsabilité de plus de 20.000 familles sans compter les sacrifices endurés par les agents importateurs de voitures dont les salles et les véhicules ont été brûlés durant la guerre “Cela fait dix ans, souligne-t-il que nous tentons de nous relever.”

SEULS LES DÉPUTÉS ET LES DIPLOMATES EN PROFITENT
Puis, M. Homsi exprime son étonnement de voir les taxes douanières augmenter dans une telle proportion et la douane perdre ses “clients” les plus importants, l’importation des voitures constituant les principales recettes douanières. “Cette décision, enchaîne-t-il, ne profite qu’aux députés et aux diplomates, seuls exemptés des taxes, ce qui augmente considérablement le risque d’entrée illicite de voitures. Aussi, formule-t-il l’espoir de parvenir à un arrangement avec les autorités et, notamment, à une majoration logique des taxes n’ex-cèdant pas 35% au maximum.

DÉLAI-LIMITE POUR LES VOITURES USAGÉES
Interrogé sur le point de savoir si la majoration des taxes ne visait pas à limiter l’entrée au Liban de voitures usagées, M. Homsy affir-me: “Nous ne sommes nullement contre les voitures usagées, si celles-ci sont en état de rouler. Nous sommes seulement contre les voitures-déchets refusées dans leurs pays d’origine, parce qu’ayant dépassé un délai-limite. Nous som-mes pour l’instauration, par l’Etat, d’un service-mécanique qui contrô-lerait les voitures usagées et quant à l’état du moteur, des freins, des feux arrières souvent éteints la nuit etc...” M. Homsy conclut sur une note d’espoir: “Nous espérons vivre tou-jours dans un pays démocratique et continuons à croire en un dialogue avec les responsables. “Autrement, il ne nous resterait plus qu’à plier bagage”.

NICOLE EL KAREH