Editorial


Par MELHEM KARAM

HARIRI... LA CIRCONSCRIPTION UNIQUE ET LES RÊVES HYPOCRITES!

Pourquoi le président Rafic Hariri propose-t-il la cir-conscription unique com-me base des élections? La ré-ponse est simple: parce que cela réalise ses ambitions et ses rêves, tout en assouvissant son narcissisme, celui d’être pré-sident de la République. Na-turellement, non en provoquant un coup d’Etat, une révolte ou en révisant la loi et en torpillant Taëf. Mais en laissant toute chose à sa place et en apparais-sant aux gens comme le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages à des élections législatives dans tout le Liban. Ainsi, il croit pouvoir disposer de l’écrasante majorité, distan-çant de loin le second de la liste. Ce fait ne peut être improvisé; il doit être la conséquence d’une étude, d’un plan et d’une organisation. Puis, comment cela se produira-t-il? Pour la première fois au Liban, le chef du gouvernement qui se comporte en tant que chef de parti, a des candidats dans toutes les circons-criptions. La candidature repose, moins sur l’idéologie, que sur le soutien officiel que dispense la présidence du Conseil et sur l’appui financier garanti par le président Hariri. Abou-Baha compte, non sur sa “grande popularité”, mais sur sa qualité d’allié des grands candidats, ayant des colistiers dans toutes les régions. Avec la liste unique, il pour-rait adopter les candidatures des forts, acquis à la coopération avec le chef du gouvernement grand détenteur de capitaux, au lieu de traiter avec un opposant désargenté! Cette coopération avec tous les éléments forts, en plus de sa qualité de chef de liste à Beyrouth, exerçant son emprise à Saida et au Sud... tout cela lui permettra de réaliser le plus grand score. De plus, il est des voix - et elles sont nombreuses - que seuls les riches peuvent obtenir.

***

Le grand avocat Emile Lahoud disait: “Nous disposons de sept-cents voix à Beit-Chabab”. Ses partisans répliquaient: “Ce n’est pas exact, Me Emile. Vous n’agissez pas, politiquement, à Beit-Chabab”. Il rétorquait: “C’est exact, mais les sept-cents voix dont je parle sont celles des adversaires de mon concurrent; ils ne choisiront pas un autre que moi, par dépit”. Cela s’applique au fait que j’évoque. Puis, Rafic Hariri n’est pas un chef de gou-vernement et un homme politique ordinaire, comme il se plaît à le dire. Il se présente comme le “promoteur d’un nouveau système” sur base duquel il se propose de gou-verner le Liban. Il a des idées qu’il propage partout, lui ga-gnent ici des amis et lui font perdre ailleurs beaucoup de gens. Il semble que ses idées alimentent les grands rêves. Autrement dit, les ambitions de Hariri ne se limitent pas à la présidence du Conseil, un mot lancé un jour par le président Hraoui étant encore dans sa mémoire. Le Premier Libanais avait dit: “Si les élections présidentielles devaient se dérouler sur une base autre que confessionnelle, mon candidat serait Nabih Berri”. Cette prise de position présidentielle ne cesse de peser sur le cœur de Hariri et son esprit. Cet homme constitue un danger; il nécessite l’ouverture des oreilles en permanence et le contrôle de tous ses mouvements, car aucun d’eux n’est spontané. Tous sont programmés et la spontanéité est exclue des calculs de Rafic Hariri. Quand je dis spontanéité, je ne signifie pas l’improvisation. Je sais qu’il lira ce message et me maudira, que Dieu lui pardonne. Mais il se dit en son for intérieur: “Mes plans ne sont ignorés de personne et je ne suis pas plus intelligent qu’un autre”. Les gens ne peuvent pas être leurrés. La constitution de la liste unique est, il est vrai, la forme idéale permettant d’intervenir dans tout le Liban. A ce moment, l’intervention ne serait pas en faveur d’autrui, ni visant à faire pencher la balance d’une partie déterminée. Ce serait un acte légal que tout candidat pourrait entrepren-dre pour se soutenir et accroître les chances de son succès. L’important est que les buts de la tentative se sont dévoilés et celle-ci ne trompe personne, ni ne passe inaperçue. Les intentions ne sont cer-tainement pas apparentes ni pures, mais pleines d’hypocrisie. Ce projet, nul ne l’adoptera; il ne passera pas à la Chambre des députés, si énormes que soient les tentatives et les capacités engagées sur la scène pour atteindre l’objectif souhaité. Un dernier conseil au président Hariri: Soyez simple et bon, car la bonté et la simplicité emportent, par leur spontanéité, la tartuferie et la détermination à faire le mal. Craignez Dieu dans tout ce que vous dites et accomplissez. Quant à votre narcissisme, apprivoisez-le et dominez-le, pour qu’il ne finisse par vous vaincre...

Photo Melhem Karam


Home
Home