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MESURES IMPOPULAIRES ET INDÉFENDABLES PARCE QU’IMPROVISÉES

Suite au tollé général suscité par les mesures dirigistes prises par le Conseil des ministres (surtaxant les voitures de tourisme et interdisant l’importation d’une vaste gamme de produits agricoles), on s’attend que le gouvernement révise ses décisions - bien que son chef s’y oppose - car le nombre des défenseurs de ces mesures s’amenuise. En revanche, le mouvement protestataire s’étend maintenant à tous les organismes économiques et syndicaux, même la CGTL (pro-gouvernementale) qui dénoncent la politique du Pouvoir.

Il s’agit, on l’aura deviné, des mesures arrêtées par le dernier Conseil des ministres destinées, soi-disant, à protéger notre production agricole, d’une part et à réduire l’importation des voitures, d’autre part. On lira ailleurs dans cette livraison, le point de vue d’un certain nombre de citoyens bien placés pour juger de la validité de la politique suivie par le gouvernement que nous taxerons, quant à nous, d’amateurisme pour ne pas dire de démagogie... Ces mesures ont été qualifiées “d’impopulaires” par le Premier ministre lui-même le lendemain de leur adoption, en harangant les habitants rassemblés à la place Sassine, à Achrafieh. Nous ajouterons qu’elles sont indéfendables, tout simplement parce qu’elles sont improvisées. Normalement, la prise de décisions d’une aussi grande importance, doit être précédée de concer-tations entre les instances qualifiées et de con-sultations, ne serait-ce que des représentants du peuple, à savoir les membres de l’Assemblée, seuls habilités à les ratifier. Ce dialogue nécessaire, voire indispensable n’a pas eu lieu, “c’est pourquoi, on assiste maintenant à un “dialogue de sourds” entre les gouvernants et les administrés, les premiers persistant dans la “politique du rouleau compresseur” et tournant l’oreille sourde à toutes les contestations... Ils iront même jusqu’à menacer de mâter toute velléité de manifestation et tout mouvement protestataire. En fait, le Cabinet Hariri aura mis, une fois de plus, la charrue devant les bœufs: d’abord, en n’ayant pas mis au point les structures administratives nécessaires au succès de son plan. Ensuite, le ministre de l’Agriculture - n’aurait-il pas mieux valu pour lui de réintégrer son étude d’avocat? - a-t-il fait entreprendre une enquête sur le terrain, pour voir si le Liban peut assurer ses besoins en produits agro-alimentaires, avant d’interdire, ne serait-ce que 20 pour cent de ces produits? Il prétend être en mesure d’empêcher la contrebande, en coopération avec son homologue syrien. “Sinon, menace-t-il, j’autoriserai de nouveau l’importation des produits prohibés, à l’effet de combattre les contrebandiers sur leur propre terrain.” Autre question à laquelle les responsables s’abstiennent de répondre: ce dirigisme économique, pour le moins anachronique, ne porte-t-il pas ombrage à l’économie libérale à laquelle les Libanais sont fortement attachés? Le même ministre (de l’Agriculture) répond par la négative, mais ses arguments ne sont nullement persuasifs. En ce qui concerne les surtaxes sur les voitures importées, nous les qualifierons, également, d’abu-sives et même d’inopportunes, avant que les trans-ports en commun soient parfaitement bien organisées dans toutes les régions du pays. Or, les autobus publics ne desservent jusqu’ici, tant bien que mal, que la capitale et ses faubourgs, de l’aveu même du ministre des Transports. Que va-t-il se passer? Tout simplement, ce qui s’était produit en 1970, date à laquelle il avait été fait échec à un décret inique (NÞ 1943), surtaxant les articles de luxe... arbitrairement et d’une manière chaotique. En conclusion, nous répéterons cet adage cité par un ministre ayant critiqué la politique officielle: “Renoncer à l’erreur est une vertu”...


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