QU’EST DEVENU LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL?
Le tollé généralisé appelé à faire boule de neige, provoqué par la décision gouvernementale surtaxant les voitures de tourisme et inter-disant l’importation d’une vaste gamme de produits agricoles, rap-pelle à notre souvenir la loi portant création du Conseil économique et social. Cette loi ratifiée par la Chambre des députés depuis deux ans et demi, n’a reçu jusqu’ici aucun début d’application et on en connaît la raison: ceux qui détiennent les rênes du Pouvoir veulent rester «maîtres de la situation». Il leur répugne, en effet, d’associer les autres aux décisions, même les non-profanes en matière économique. Parce qu’ils veulent les élaborer de manière à servir leurs seuls intérêts et ceux de leur coterie... Le président Salim Hoss dont on ne peut douter du sérieux et de la compétence, a eu l’heureuse initia-tive d’adresser, ces derniers jours, une question écrite au gouvernement - en souhaitant qu’il y réponde dans le délai légal - dans laquelle il l’interroge à propos de la date de constitution dudit Conseil. L’ancien président du Conseil rappelle que la loi (Nº389) y relative avait été promulguée le 12 janvier 1995. Cet organisme ayant une vocation consultative, doit avoir pour tâche d’associer les secteurs économico-socio-professionnels à l’étude et à l’élaboration de la politique socio-économique de l’Etat. Et, aussi, d’intensifier le dialogue, la coopération et la coordination entre les différents secteurs productifs. De plus, son article onze fait obligation de déterminer les modalités d’application de la loi dans un délai de six mois, à compter de la date de sa promulgation. Et ce, en vertu de décrets à prendre en Conseil des ministres. L’article vingt-deux exige la formation de l’assemblée générale dans un délai de cinq mois. Deux ans et demi se sont écoulés et rien de tout cela n’a été accompli. Pourtant, le gouvernement Hariri a promis plus d’une fois de hâter la constitution de l’assemblée générale du C.E.S., en réponse aux questions des parlementaires ou pour dissiper la tension créée et entretenue par les requêtes syndicales... Il va sans dire et cela se passe de preuves, que le Conseil économique et social peut et doit contribuer à apporter des solutions à la crise socio-économique qui a trop duré. Par la faute des gouvernants qui prennent, à la légère, des mesures dont l’application s’avère difficile, sinon impossible. Cela dit, le Premier ministre a affirmé, en quittant mardi le palais de Baabda, que les mesures arrêtées le 10 juin par le Conseil des ministres, ne seront pas rapportées.. De plus, il a refusé de répondre à la question d’un reporter de presse qui l’interrogeait sur le point de savoir s’il comptait, au moins, les réviser. Pourtant, l’un de ses proches, en l’occurrence M. Elie Ferzli, vice-président de l’Assemblée, avait déclaré une heure plus tôt: «J’adjure le chef du gouvernement de renoncer aux décisions ministérielles, parce qu’inadéquates.» |