I - HONGKONG... DEVIENDRA-T-IL UN NOUVEAU SINGAPOUR?
Quelques heures de festivités officielles ont effacé
plus de cent cinquante ans de pré-sence britannique à Hongkong.
Ainsi a été la vengeance chinoise, après le retour
de la ville rebelle au giron de Pékin: 4.500 soldats chinois y ont
pénétré, avec six hélicoptères, vingt-et-un
blindés et quatre cents transports de troupes de différentes
sortes, comme s’il s’agissait d’une escor-te en vue de la récupération
de la souveraineté sur la terre chinoise. La Chine fait grief aux
Anglais d’avoir corrompu la bourgeoisie chinoise pendant longtemps. Et
si elle se réjouit de s’être affranchie de l’humiliation qu’elle
a subie à Hongkong, elle ne sera pas pour autant satisfaite de l’autonomie
dont se prévaut Taiwan. Après avoir menacé de boycotter
les festivités marquant l’évacuation britannique de Hongkong,
les grandes puissances: l’Amérique, le Japon et l’Europe ont changé
d’attitude; elles y ont assisté pour ne pas affecter la sensiblerie
chinoise. Ainsi, elles ont partagé avec la Chine, l’Etat comptant
plus d’un milliard de citoyens, sa joie d’un nouveau New York asiatique,
édifié par six millions trois cent mille personnes parmi
les fous de l’économie libérale. De ce fait, huit années
après la chute du mur de Berlin et suite à la dislocation
de l’Union sovié-tique, le monde a vu l’un des symboles du libéra-lisme
extrême récupéré par un Etat communiste connu
pour son radicalisme. Les gens évoquent là-bas trois raisons
exigeant de l’homme de rester hongkongais: 1) la capacité d’obtenir
de l’argent tout en étant encore enfant au lit. 2) la possibilité
de discuter le prix du mobilier au cours d’une messe ou de funérailles
sans que cela gêne qui que ce soit. 3) le fait de blâmer la
Chine et la Grande-Bretagne chaque fois que quelque chose ne va pas, ainsi
que le dit Nouri Fitachi, humoriste connu de Hongkong. C’est la culture
en cours dans cette ville: un mélange de pragmatisme chinois et
d’humour anglais. Mais les sociétés chinoise et britannique
se sont-elles intégrées après cent soixante-cinq années
de cohabitation? Les Chinois ont appris des Anglais le hobby des courses
hippiques. Quant à la bour-geoisie chinoise qui a réussi
dans le domaine des affaires, elle est restée inexpugnable et immunisée
contre les us et l’esprit britanniques. Après le départ de
Chris Patten, gouverneur de Hongkong, qui a accompagné le prince
Charles à bord du “Britannia”, toutes les réunions autour
de l’avenir de Hongkong restent ouvertes, avec la possibilité que
s’effondre le marché de l’immo-bilier et disparaisse le dollar hongkongais.
Ou bien que Hong-kong devienne un nouveau Singa-pour fondé par Lee
Qwan Yu et que les Chinois appellent l’écono-mie du marché
socialiste.
II - LA DÉFENSE AMÉRICAINE À L’HORIZON
2025
Après que le président Bill Clinton eut proclamé
le 12 juin, d’une manière décisive, que les portes de l’OTAN
ne s’ouvriront que pour la Pologne, la Hongrie et la République
tchèque, le sort du sommet de Madrid les 8 et 9 juillet a paru tranché.
La réunion des seize Etats membres tenue depuis quelques jours à
Bruxelles, à l’initiative du secrétaire général
du Pacte, l’Espagnol Javier Solana, ne changera pas grand chose au sujet.
La plupart des observateurs sont d’accord pour dire que Solana ne pourra
pas œuvrer en faveur d’un courant appelant à admettre deux Etats
- la Roumanie et la Slovaquie - bénéficiant de la bénédiction
de la France, de l’Italie et du Canada. Car il est soucieux d’éliminer
tout ce qui sépare et conduit à la prise de mauvaises décisions,
comme le disent les alliés manifestant le plus de souplesse et de
modération. Dans le meilleur des cas, il pourrait leur proposer
maintes formes de compromis, tendant toutes à opter pour la proposition
américaine. Le président Clinton se rendra le 11 juillet
courant à Bucarest, pour affirmer à ceux dont le tour a tardé,
qu’ils seront admis un jour dans le cadre atlantique. Et ce, à l’effet
d’atténuer le mécontentement qui emplit les poitrines. Dans
ce domaine, le fait de songer à réédifier l’OTAN,
figurant à l’ordre du jour, paraît comme une question douteuse.
Jacques Chirac qui ira seul à Madrid, serait contraint de défendre
l’option de son Premier ministre, Lionel Jospin et de son gou-vernement.
Autrement dit, la France qui était enthousiaste pour une affiliation
à l’OTAN en tant que membre à part entière, arrêterait
provisoire-ment son adhésion à ce pacte, car “les conditions
posées par Chirac lui-même fin 1995 ne se sont pas encore
réalisées.” Puis, il existe un fait significatif: c’est qu’au
moment où les Européens s’opposent à l’élargisse-ment
du cadre atlantique créé en 1949, les Américains pensent
à ce que sera leur défense à l’horizon 2025. Ce n’est
pas un horizon terrestre; il est dans l’atmosphère qui - comme l’indique
et l’assure une étude établie par l’Armée américaine
de l’air - confère à quiconque l’occupera et l’utilisera,
un privilège et un dépassement décisif sur les autres.
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