ÉLECTIONS PARTIELLES
LIBAN-NORD:
FAIBLE TAUX DE PARTICIPATION BATAILLE SERRÉE À
KOBAYATE, FIEF DES DEUX PRINCIPAUX CONCURRENTS: HOBEICHE ET M. DAHER
JBEIL:
CONTRAIREMENT AU LIBAN-NORD, AFFLUENCE
RECORD (53%) DANS LES BUREAUX DE VOTE
LIBAN-NORD
![]() M. Issam Farès est favorable à l’adoption du caza comme circonscription électorale. |
![]() A partir de son domicile, M. Fawzi Hobeiche se rend à pied, en compagnie de ses partisans jusqu’au bureau de vote. |
![]() Avec beaucoup d’assurance, il dépose son bulletin. |
![]() Avec beaucoup d’assurance, il dépose son bulletin. |
AKKAR: SCRUTIN SANS SURPRISE
Sur la route côtière menant au Liban-Nord, la circulation
est absolument fluide: les villes du littoral, se réveillent tout
doucement et l’on ne relève presqu’aucun indice d’intérêt
à l’égard du scrutin à l’ouverture des bureaux de
vote. A Tripoli, l’animation électorale est très faible et
ne s’animera pas davantage au cours de la journée pour retomber
en léthargie en fin d’après-midi. Nous sommes bien loin de
la fièvre électorale qui avait marqué les législatives
de l’été 1996. Cette fois, les portraits des candidats sont
rares et le taux de participation des électeurs assez faible; il
ne dépassera pas les 15% à Tripoli, tout comme un peu partout
dans les différents cazas du Nord, à l’exception de celui
du Akkar directement concerné par ce scrutin, notamment le gros
bourg de Kobayate. Dans l’ensemble, les citoyens ne se sentent pas vraiment
motivés par cette élection partielle et les appels lancés
par les leaders locaux, pour les faire bouger auront peu d’effet. Même
dans les rues et quartiers de Tripoli à forte domination islamiste,
la participation restera faible, alors qu’au quartier d’el-Mina au bord
de la mer, c’est le calme plat bercé par le bruit des vagues.
![]() A Tripoli en bras de chemise, le président Omar Karamé a rempli son devoir électoral. |
![]() Mme Nayla Mouawad a laissé le libre choix à ses partisans et déposé un bulletin blanc. |
![]() Le ministre de la Santé, M. Sleimane Frangié a apporté son appui au tandem Faouzi Hobeiche - Khaled Daher. |
![]() Khaled Daher, candidat de la «Jamaa Islamiya». |
O. KARAMÉ: “NOUS VIVONS À L’ÂGE
DE PIERRE”
Plusieurs déclarations vont, quand même, ponctuer ce
dimanche électoral dont, notamment, celle du président Omar
Karamé. Après, avoir déposé son bulletin dans
l’urne il affirme: “Concernant le déroulement du scrutin, j’ai deux
remarques à faire: la première est que la machine électorale
remonte toujours à l’âge de pierre. Espérons qu’aux
prochaines élections municipales ou législatives on aura
adopté la mécanisation”. La seconde remarque porte sur l’utilisation
déplorable de l’argent dans la bataille. “Certains candidats, dit-il,
achètent les consciences, en payant des sommes exorbitantes. Nous
attirons, l’attention des autorités sur ce phénomène
grave, dans l’espoir qu’elles y mettront fin à l’avenir.”
![]() A Baïno, Mme Issam Farès déposant son bulletin de vote. |
![]() Mission de contrôle du bon déroulement du scrutin pour Paul Salem. |
![]() Pour Mme Fawzi Hobeiche, la femme joue un rôle de plus en plus important dans la vie politique et les relations publiques. |
![]() Mme Mikhaël Daher: le verdict du Conseil constitutionnel était déjà pour nous une victoire. |
SUR LA “PLACE BASSEL EL-ASSAD”
A Halba, première grande localité du Akkar, on se
serait attendu à une plus grande agitation électorale. L’ambiance
est encore calme tôt le matin; elle s’activera durant la journée
et les électeurs iront aux urnes, au fil des heures, sans trop se
bousculer. Des soldats et un tank de l’armée libanaise montent la
garde sur la place centrale de la localité qui, comme il se doit,
porte le nom “place Bassel el-Assad”. On y voit deux grands portraits de
Fawzi Hobeiche et Issam Farès. Par ailleurs, l’armée assurera
la sécurité dans tout le mohafazat. Le mieux est de se diriger
vers Kobayate, centre de focalisation de la bataille du Nord, puisque les
deux candidats briguant le siège maronite, en sont originaires.
Le fait d’aller couvrir les élections ne nous empêche pas,
pour autant, d’admirer la beauté du paysage. Le Akkar est une vaste
et riche région qui mérite d’être connue et mise en
valeur. Elle a l’avantage de ne pas être encore envahie par le béton.
Nous voilà à Kobayate, une grande localité qui s’étale
sur des buttes au cœur même du Akkar et dont on aperçoit,
en premier, les clochers de ses multiples églises. Une agitation
fébrile règne au domicile du candidat Mikhaël Daher
qui, nous dit-on, est parti très tôt le matin pour une tournée
à Wadi Khaled. Même animation au domicile de l’autre candidat,
Fawzi Hobeiche qui paraît détendu. A 9h30, il se dirige de
sa villa vers le bureau de vote situé dans les locaux de la direction
des tabacs et tombacs du Akkar. Après avoir déposé
son bulletin de vote, Hobeiche répond à nos questions affirmant:
“Comme vous le constatez, je suis parfaitement à l’aise. Les électeurs
sont déjà venus nombreux pour voter et le seront davantage
encore au cours de la journée pour témoigner de la vérité
et rendre justice à ceux qui le méritent.” Il adresse, ensuite,
un message aux citoyens: “Voter, rappelle-t-il, est un devoir. Il est demandé
aux électeurs de l’accomplir, de témoigner devant Dieu, selon
leur conviction et conscience”. Concernant son alliance avec le candidat
sunnite Khaled Daher, alors qu’au scrutin de 96 ils étaient sur
deux listes différentes, il la justifie en ces termes: “Je ne vois
pas de contradiction en cela. En politique, il n’y a pas d’adversaires
ni d’alliés permanents. Le fait que nous étions en 96 sur
deux listes différentes n’était qu’une étape provisoire
et ne portait pas sur des principes, des idéaux ou une ligne de
conduite. Cette étape s’est achevée avec la fin du scrutin
de 96. Aujourd’hui, nous avons établi une alliance solide et de
multiples facteurs nous unissent: l’amitié et, surtout, une ligne
nationale saine”. Il ajoute: “Nous respectons cet engagement avec Khaled
Daher à 100%. Et je suis sûr qu’il en est de même de
son côté”. Fawzi Hobeiche tient, par ailleurs, à remercier
les représentants des médias (presse écrite et audiovisuelle)
qui se sont dérangés de Beyrouth ou de Tripoli pour couvrir
cette journée électorale.
![]() Après le vote pour Mikhaël Daher et en attendant les résultats. |
![]() La place Bassel el-Assad de Halba: peu d’animation. |
![]() On voyait un peu partout ce slogan. |
![]() Fawzi Hobeiche et Khaled Daher savourent leur victoire. |
ALLURE DE DÉFI
Mme Thérèse Hobeiche s’est, elle aussi, pleinement
investie dans cette bataille électorale qui a pris, quoi qu’on dise,
une allure de défi. Elle refute, cependant, cette expression affirmant:
“Ce n’est pas une question de défi. Nous prenons les choses avec
un esprit sportif. J’ai senti que les amis et les proches étaient
pleins d’enthousiasme pour cette bataille; peut-être plus même
qu’en 96.” Elle a tenu de multiples rencontres avec des femmes responsables
d’organisations non gouvernementales (ONG) caritatives, sociales, culturelles
et a pu constater, au cours de ses contacts et tournées, le rôle
que cherche à jouer, de plus en plus, la femme dans la vie politique
et les relations publiques. “Ceci, ajoute-t-elle, a renforcé mon
dynamisme et stimulé mon action. Nous avons de multiples projets
pour la femme nordique”. Mme Hobeiche me confie, aussi, que, depuis que
son époux a été élu député en
96; puis, nommé ministre, ils viennent régulièrement
chaque week-end à Kobayate, pour être plus proches de leurs
concitoyens et de leurs problèmes. Comme elle n’avait pas encore
voté, je lui pose sous forme de boutade la question: Pourquoi allez-vous
voter? Elle répond sur le même ton: “Parce que je suis de
la famille Daher, dois-je réfléchir à cette question,
à votre avis? Nous sommes, après tout, tous des parents et
que Dieu aide celui qui arrivera”.
DAHER: BATAILLE CONTRE LE POUVOIR ET L’ARGENT
De retour de sa randonnée à Wadi Khaled, M. Mikhaël
Daher se rend, directement, au bureau de vote pour y déposer son
bulletin. “Cette bataille, nous confie-t-il, est celle de la victoire du
peuple contre les pouvoirs de l’argent et de l’autorité. Notre véritable
capital sont les citoyens appelés à décider eux-mêmes
de leur sort. La bataille présente, ajoute-t-il, se situe entre
deux courants: l’un croyant que l’argent et le pouvoir font un député;
le second, restant convaincu du fait que le peuple, décide librement
de son choix”. Concernant l’achat des voix dénoncé, peu de
temps auparavant, par le président Karamé, il répond:
“Le président Karamé a, peut-être, des informations
précises et directes sur ce sujet. Pour ma part, ce que je peux
vous dire, c’est qu’ils vont certainement payer des milliers de dollars
pour faire face à cette révolution du peuple attaché
à sa dignité et sa liberté de décision”. Quant
aux pressions qui peuvent s’exercer sur les électeurs, il affirme:
“Ces pratiques sont, cette année, d’une autre nature. L’an dernier,
elles touchaient directement les électeurs. Cette fois, ce sont
les “têtes” qui sont visées, mais je ne sais pas jusqu’à
quel point les pressions peuvent influer sur les électeurs.”
LES EXAMENS DES ENFANTS ET DE LEUR PÈRE...
La ville de M. Mikhaël Daher ne désemplit pas. Ayant
accompli son devoir électoral, il s’installe dans le jardin répondant
à de multiples appels et suivant de près le déroulement
du scrutin. Son épouse est infatigable et confirme le rôle
et la place de la femme dans la vie politique. Elle n’a pas fermé
l’œil de toute la nuit, tant il y avait à faire. “Je suis mobilisée,
confie-t-elle, depuis un mois au Nord pour préparer ce scrutin.
Mes enfants avaient des examens à préparer, mais je leur
ai dit que leur père avait un examen plus important à passer.
“La mobilisation, poursuit-elle, s’est faite spontanément, dès
le verdict du Conseil constitutionnel que les gens attendaient avec impatience.
Ce verdict était, pour nous, une victoire. D’ailleurs, quelle que
sera l’issue du scrutin, nous ne serons jamais perdants”. Qu’en est-il
des pressions? “Vous savez, soutient-elle, il y a un veto contre nous,
de la part de plusieurs médias, qui nous boycottent carrément,
ce qui est injuste au cours d’une campagne électorale, car chaque
candidat doit avoir un droit équitable de passage sur le petit écran”.
Elle précise qu’au cours de la nuit, plusieurs permis devant être
délivrés aux délégués ont disparu du
sérail de Tripoli et qu’il a fallu veiller jusqu’au matin pour en
faire d’autres. “Ceci a perturbé la répartition des tâches”.
LE PRÉSIDENT DU M.D.L. TÉMOIGNE...
Une tournée dans les bureaux de vote à Kobayate; puis,
à Andkit, village tout proche, révèle une nette affluence
des électeurs vu l’enjeu de la bataille. Sur notre chemin nous rencontrons
M. Paul Salem, président du mouvement pour la démocratie
et la liberté (MDL). “Il y a, certes, très peu de votants,
remarque-t-il, dans l’ensemble du mohafazat du Nord. Par contre, nous avons
pu constater grâce à une équipe qui visite l’ensemble
du secteur, que l’organisation cette année est de loin meilleure
que l’an dernier. Les listes électorales sont faites sur computer,
ce qui réduit la marge d’erreur. En revanche, on relève qu’il
n’y a pas de délégués de tous les candidats dans les
différents bureaux de vote et nous avons entendu, à ce propos,
quelques plaintes qui restent à vérifier”. Nous quittons
Kobayate en direction de Baïno, lieu de résidence d’été
du député Issam Farès. Cette randonnée qui
a plus l’allure d’une excursion touristique que d’une couverture électorale,
nous permet de découvrir une autre région du Akkar tout aussi
pittoresque que la précédente, surtout, la localité
de Baïno avec ses belles maisons en pierre, dans un cadre verdoyant.
La résidence de M. Farès ne désemplit pas depuis le
matin et la campagne bat son plein en faveur du tandem Fawzi Hobeiche -
Khaled Daher. Autour de quatorze heures, toutes les personnes présentes
sont invitées à déjeuner au restaurant jouxtant le
domicile et il est bien difficile de décliner l’invitation.
FARÈS FAVORABLE AU CAZA
Concernant le déroulement du scrutin et son appui aux candidats
Hobeiche et Kh. Daher, M. Farès répond en toute simplicité.
A la question: La très faible affluence des électeurs ne
serait-elle pas due au fait que le vote se déroule au niveau du
mohafazat et non du caza? “J’ai déjà donné mon avis
sur cette question, affirme-t-il. L’expérience du mohafazat est
récente et nouvelle, issue de Taëf. Il lui faut peut-être
du temps pour réussir et il est probable qu’il lui soit difficile
de réussir. Cette expérience est trop vaste, trop large pour
nous. Les citoyens sont davantage attachés au caza. La députation
continue d’être un service et ne se limite pas au fait de légiférer.
Après avoir fait l’expérience du mohafazat, je pense qu’il
vaut mieux revenir à celle du caza.” - Pourquoi avez-vous mis tout
votre poids dans cette bataille? “Tout d’abord, Fawzi Hobeiche était
notre allié en 1996 et l’invalidation de sa députation était
une atteinte à notre crédibilité à tous, en
même temps qu’une atteinte à l’électorat. On est venu
dire à l’électeur: tu as voté en 96, sous la pression
et toutes sortes d’influences. Pour cela, nous avons senti, qu’il était
de notre devoir de défendre les citoyens, en général,
et les électeurs, en particulier. “Certes, nous avons accepté
et respecté les décisions du Conseil constitutionnel, mais
on doit reconnaître aussi que les élections au Nord en 96
ont donné une crédibilité à tout le processus
électoral au Liban. Il y a eu des candidats élus de trois
listes différentes et notre liste, qu’on disait la plus favorisée,
a perdu onze de ses membres”. - Comment expliquez-vous l’alliance avec
la “Jamaa islamiya” en la personne de son candidat Khaled Daher? “Nous
sommes pour la collaboration avec toutes les parties et fractions et cette
alliance avec la “Jamaa” enlevait tout caractère confessionnel au
scrutin dans une région qui, tout au long des années de guerre,
est restée loin de ce conflit.” - Avez-vous mis toute votre machine
électorale au service du ministre Hobeiche? “Non, on s’est plutôt
partagé les rôles entre les partisans. Au Akkar, il a sa propre
machine électorale et la nôtre vise à l’appuyer. Nous
avons donc apporté notre soutien, remplissant un vide dans chaque
région où la nécessité se faisait sentir.”
DES RÉSULTATS ATTENDUS
Mis à part donc le Akkar, dont tous les candidats - à
l’exception d’un seul - étaient originaires et qui était
donc directement concerné par le scrutin, partout ailleurs dans
les autres cazas du mohafazat du Nord, de Bécharré à
Zghorta, de Koura à Batroun y compris la ville de Tripoli et même
à Denniyé, le taux de participation est demeuré faible
à de rares exceptions. Par exemple, dans un bureau de vote de Batroun,
il y a eu 20% de votants. Mais dans la majorité des bureaux, il
n’y a pas eu plus de 15%, sauf au Akkar. D’après le résultat
final, le taux de participation a été pour l’ensemble du
mohafazat du Nord de 25% et, dès dimanche soir, Fawzi Hobeiche et
Khaled Daher étaient, officieusement élus; puis, officiellement,
dans l’après-midi du lundi 30. Un scrutin sans surprise!...
JBEIL:
![]() L’optimisme de M. Nazem Khoury a été démenti à la fin de la journée électorale. |
![]() Bien que tardive, la candidature de M. Kamal Cordahi a été soutenue par de nombreux électeurs. |
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Première leçon à tirer des élections
partielles de Jbeil: le boycottage qui a sévi lors des législatives
de 92 et de 96, n’exerce plus, semble-t-il, autant d’attrait sur les votants
et, plus particulièrement, sur les jeunes électeurs qui ont
afflué aux bureaux de vote. L’un d’eux a répondu en ces termes
à une question que nous lui avons posée, sur le point de
savoir pourquoi il participait au scrutin, auquel il avait refusé
de prendre part au cours des deux précédentes consultations
populaires: “Rien n’a changé, mais cette fois, l’un des candidats
en lice est persécuté par le Pouvoir. C’est pourquoi, mes
amis et moi-même avons décidé de le soutenir.” Naturellement,
il s’est abstenu de révéler le nom de ce candidat (persécuté),
mais tout indique qu’il s’agissait de M. Emile Naufal, dont le mandat a
été invalidé par le Conseil constitutionnel. M. Naufal
qui a été réélu avec un large écart
de voix, n’a cessé d’accuser le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri,
en personne, de le combattre. “Est-ce que j’entrave ses projets, pour qu’il
soutienne mon concurrent?” s’est-il demandé. Au début de
la campagne électorale, M. Elie Hobeika, ministre des Ressources
hydrauliques et électriques - chef du parti “Al-Waad” dont le parlementaire
jbeiliote était un allié - avait “conseillé” à
M. Naufal de se retirer, pour on ne sait quel motif. Mais celui-ci a refusé
d’obtempérer à sa demande et a poursuivi sa tournée,
recueillant chaque jour plus d’appui de la part de ses compatriotes. Les
autres candidats étaient: MM. Nazem Khoury, Michel Khoury et Kamal
Cordahi, tous briguant le siège maronite vacant.
AFFLUENCE RECORD
Contrairement au Liban-Nord, où la
proportion des votants n’a pas excédé 22 pour cent, à
Jbeil elle a atteint 53 pour cent, ce qui constitue un record. Aussi, l’administrateur
du Mont-Liban, M. Mohamed Yammout, n’a-t-il pas caché son étonnement,
face à un tel afflux d’électeurs. De longues files de citoyens
tenant en main qui, sa carte électorale utilisée pour la
première fois; qui, son extrait d’Etat civil leur donnant le droit
d’accomplir leur devoir électoral, se sont formées dès
le matin, devant les bureaux de vote. Et à 17 heures, au moment
où ces derniers devaient fermer, plusieurs dizaines de votants attendaient
encore leur tour. La même affluence a été constatée
tant à Jbeil et dans les villes du littoral, notamment à
Amchit, localité dont sont natifs deux candidats: MM. Michel et
Nazem Khoury; que dans le jurd, notamment à Tartej, village natal
de M. Naufal, à Akoura, Laklouk et ailleurs. Pourtant, les partis
d’opposition: le Bloc national, le Parti national libéral et le
courant aouniste avaient appelé au boycottage de la consultation
populaire, estimant que la situation qui prévalait en 92 et 96 n’avait
pas évolué. En fait, les jeunes ont tenu à exprimer
leur volonté et réussi à imposer le candidat bénéficiant
de leur soutien, en l’occurrence M. Naufal. Les électeurs chrétiens
ont donc changé d’attitude, déterminés qu’ils sont
à combattre autant la prostration que la marginalisation, en participant
activement au choix de leurs représentants à la Chambre.
FINI LE TEMPS DE LA RIVALITÉ DESTOUR-B.N.?
Le temps paraît fini où le Bloc
national (des Eddé) était aux prises avec le Destour (des
Khoury), sans doute parce que les leaders de ces partis ont déserté
la scène politique depuis les douloureux événements.
Verra-t-on l’émergence de la vieille rivalité entre ces deux
courants, lorsque la situation redeviendra tout à fait normale et
que les chefs de file des deux formations politiques auront la possibilité
de redescendre, personnellement, dans l’arène? Autre remarque à
relever: on a noté beaucoup moins d’erreurs dans les listes d’électeurs,
les plaintes ayant été de loin inférieures à
celles de 92 et 96. Ainsi, la lutte a opposé d’anciens parlementaires
(ou candidats malheureux): MM. Nazem et Michel Khoury, le premier étant
soutenu par Mme Nouhad Souaïd, actuel député de Jbeil;
Emile Naufal, ayant bénéficié, dit-on, des voix des
membres du Bloc national et Kamal Cordahi qui s’est manifesté tardivement,
ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir un nombre appréciable
de suffrages.