Evénements de la semaine

BAALBECK-HERMEL (ET AKKAR) PLUS INDIQUÉS
QUE RABAT ET CASABLANCA...

Au lieu de se rendre à Rabat - le voyage au Maroc n’aurait-il pu être ajourné? - le chef du gouvernement aurait été mieux inspiré s’il avait gagné Baalbeck-Hermel, le Akkar ou d’autres régions déshéritées, pour un contact direct avec la population qui pâtit de toutes les conséquences du sous-développement. Il lui aurait donné ainsi
a preuve de sa bonne foi et de ses intentions saines, tout en relevant son moral.

Après le faste ayant entouré une visite princière et la fin des élections partielles, le dossier socio-économique revient sur le devant de la scène. Le chef du gouvernement a présidé, au début de la semaine, une réunion de la commission ministérielle chargée de mettre en chantier des projets susceptibles d’améliorer les conditions de vie des citoyens dans les régions déshéritées, celles de Baalbeck-Hermel et du Akkar en tête. Dans le premier caza, un «mouvement de fronde et de désobéissance civile» devrait être déclenché aujourd’hui, vendredi 4 juillet, ce qui risque de provoquer quelque dérapage. D’autant que ce mouvement protestaire intervient une semaine après l’épisode de Amroussieh où un incinérateur a été incendié et mis hors d’usage par des personnes en armes dans la banlieue-sud de Beyrouth. Dans le but de court-circuiter la «révolte des affamés», laquelle pourrait faire tache d’huile, le Conseil des ministres a décidé de débloquer 150 milliards de livres, à l’effet d’accélérer la réalisation des projets. Mais à l’issue de la réunion de la commission ministérielle, le président Hariri s’est envolé pour le Maroc, accompagné d’une nombreuse suite, pour effectuer une visite officielle de trois jours, avant de gagner Paris. Ne s’est-il pas trompé de destination? Au lieu de se rendre à Rabat et Casablanca, n’aurait-il pas été mieux inspiré s’il avait pris le chemin de Baalbeck-Hermel ou du Akkar, en même temps que les ministres en charge des services publics, ses compagnons de voyage au royaume chérifien? Le ministre de l’Intérieur qui assume en l’absence de M. Hariri les charges de Premier ministre à titre intérimaire se contente de clamer: «La désobéissance civile est interdite» (sic). Sans doute est-ce pour cela qu’il a conféré mardi avec le chef du Législatif, après que le président Berri eut un long entretien avec le chef des S.R. des forces syriennes stationnées au Liban... «La fuite constitue les deux tiers de la bravade», rappelait le même jour, le caricaturiste d’un quotidien local, allusion au voyage de M. Hariri à un moment inopportun alors qu’il devait consacrer son temps, en priorité, aux problèmes requérant des solutions urgentes, auxquels notre peuple est actuellement confronté. Le «groupe des Six (Husseini, Karamé, Hoss, Lahoud, Beydoun, Harb) n’a pas manqué de faire état de la situation socio-économique et d’appeler les gouvernants à recourir à des moyens efficaces pour y remédier sans plus de retard. Tout en critiquant la nouvelle politique agricole et le relèvement des taxes sur les voitures importées, avant la réorganisation des transports en commun. Aussi, les «Six» ont-ils élaboré une proposition de loi revêtue du caractère d’urgence, - qu’ils ont déjà déposée sur le bureau de la Chambre - exigeant du gouvernement de transmettre à l’Assemblée les dernières mesures protectionnistes, dénoncées par les organismes économiques, de nombreux parlementaires et, fait curieux, par la CGTL (aile Zoghbi) reconnue par l’Etat! Aux dernières nouvelles, le président Berri a laissé entendre qu’il pourrait annuler la séance parlementaire fixée à la semaine prochaine et devant être consacrée à un débat général «si le président du Conseil restera absent du pays»... Evidemment et cela a tout l’air d’un scénario élaboré, de commun accord, par l’Exécutif et le Législatif, aux fins de prémunir le premier contre les attaques des représentants de la Nation...


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