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CHAMBRE DES DÉPUTÉS: UN NOUVEAU DÉBAT POUR RIEN...

Quarante-quatre députés ont pris la parole et critiqué le Cabinet au cours du débat de politique générale qui a débouché sur le... néant! D’abord, le gouvernement s’est abstenu de faire une déclaration préliminaire. Ensuite, le Premier ministre n’a pas répondu aux questions posées sur les parlementaires. Dans sa brève péroraison, tout en reconnaissant «l’existence de problèmes socio-économiques» qu’il s’employait à régler, il a prétendu que tout allait pour le mieux dans nos murs... et que «des perturbateurs persistaient à compromettre la paix civile».

Un tel débat sous l’hémicycle devrait faire réfléchir ceux qui ont des oreilles pour entendre, d’autant que les critiques décochées au gouver-nement et à son chef ont porté, essentiellement, sur la mauvaise gestion de la chose publique, sur l’endettement - le montant de la dette publique dépassant le produit intérieur brut - sur le déficit du Trésor et sur «ce qui ne va pas au plan socio-économique dans la IIème Répu-blique». «Non, ce n’est pas de cette façon qu’on édifie un Etat digne de ce nom», s’est écrié le président Salim Hoss, au terme d’une intervention étayée de faits et de chiffres, dont le moins qu’on puisse dire, est qu’ils émanent d’un ancien chef de gouvernement connu pour son sérieux, son objectivité et sa pon-dération. D’autres membres de l’Assemblée se sont succédé à la tribune durant deux journées (et nuits) consécutives, pour dénoncer la politique socio-économique du Sérail, laquelle prouve que «les responsables ne sont pas en contact avec la réalité et vivent sur une autre planète» (Nassib Lahoud dixit). ... Et la manière qu’ont les gouvernants de violer les lois, de ne pas respecter les décisions de justice - celles du Conseil d’Etat, notamment - ce qui mine la confiance des Libanais (et des étrangers) dans les institutions, pour reprendre les termes de M. Issam Farès, député de Akkar. En fait, malgré la véracité des faits et des chiffres, tout autant que les arguments hautement persuasifs développés par les différents députés, le débat devait se terminer comme prévu, en queue de poisson. Sans que le Cabinet haririen soit inquiété d’être mis en minorité ou, au moins, contraint de modifier une politique décousue, ayant mené le pays à la situation si peu enviable dans laquelle il est enlisé! Ce fut, a-t-on besoin de le souligner, un nouveau débat général pour rien. Et la raison en est claire: la veille de la séance-marathon de la Chambre, la «troïka» - toujours elle - s’était retrouvée, un dimanche soir, au palais de Baabda, «pour préparer le débat de politique générale, place de l’Etoile»... Au préalable, un sommet libano-syrien s’était tenu à Damas, où le Premier ministre s’était fait un devoir de se rendre, pour une ultime entrevue avec M. Khaddam, en charge du dossier libanais... Pourtant, M. Nabih Berri avait juré qu’il n’y aurait plus de «rencontres à trois», après avoir annoncé «l’enterre-ment de la troïka». Mais il reprend le chemin du palais présidentiel qu’il avait boudé pendant plus d’un semestre. Maintenant, tout est redevenu comme avant la brouille (entre les première et deuxième présidences). Il y aura, sans nul doute, d’autres gricements au niveau de la «troïka» que les «décideurs» se hâteront de dissiper, «parce que la conjoncture régionale ne permet aucune pertur-bation au plan gouvernemental». Aussi, ne s’étonne-t-on pas de voir les trois présidents parvenir à s’entendre, autour des candidats appelés à pourvoir à des postes vacants au commandement de la gendarmerie, à la présidence du Conseil supérieur de la magistrature, à l’état-major de l’armée et à la tête de la police judiciaire... Il en sera de même par rapport à d’autres fonctions gouvernementales, dont le pourvoi s’effectuera à l’insu des organismes chargés d’en décider, celui de la Fonction publique en tête... ... Une fois de plus, le même jeu pernicieux recommence, ouvrant la voie à un nouveau détournement en règle des institutions. Et vive la République!


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