Saturnale


Par MARY YAZBECK AZOURY.

DÉGUSTATEUR DE CRÈMES GLACÉES? OU COBAYES POUR ORGASMES?
Des professions ou de simples boulots pour l’été, les étudiants américains ont le choix. Le 4 juillet marque la fin de l’année universitaire aux Etats-Unis, et nombreux sont ceux qui choisissent de poursuivre des cours d’été tout en effectuant des boulots qui leur rapportent de l’argent. Par contre, beaucoup d’entre eux se lancent sur le marché du travail et en Amérique, le pays du rêve, tout est possible. Ainsi récemment, on pouvait lire dans la Presse américaine, différentes offres d’emploi. Parmi les plus inédites: dégustateur de crèmes glacées, cobayes pour de nouveaux déodorants et, enfin, volontaires pour chercheurs scientifiques dans le domaine de la cardiologie pour déterminer les pulsations du cœur, l’accélération de la circulation sanguine dans les cas suivants: masturbation, ou accouplements et exercices amoureux naturels. Des jobs très bien payés. 25$US pour une heure de dégustation de crèmes glacées. Pas nécessairement à avaler. On peut les goûter, les rejeter, se rincer la bouche ou boire, avant de recommencer à goûter d’autres. Pour les cobayes en déodorant, il s’agit de savoir le temps de leur efficacité, d’étudier les réactions allergiques. Ceux-ci rapportent une somme donnée selon le temps utilisé, mais peuvent rapporter gros pour quelqu’un qui n’a pas une peau sensible. Quant aux derniers volontaires pour cardiologues: ce sont les mieux payés. Il n’y a pas de limite d’âge, mais doivent être majeurs, consentants et en bonne santé (examens préalables pour déterminer toute maladie contagieuse possible). Peuvent se présenter en solo ou en duo. Une performance rapporte un minimum de 100$ par personne. Peuvent participer à ces expériences plusieurs fois. Des jobs qui ne sont pas près de voir le jour au Liban.

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DES TITRES POMPEUX, POUR RIEN...
Quel genre de travail offre-t-on aux jeunes Libanais? Plusieurs jeunes se sont mis en contact avec la rédaction pour raconter leurs déboires. Alléchés par des annonces aux titres prestigieux comme «attaché commercial» ou «délégué culturel», ces jeunes fraîchement émoulus des universités ou encore étudiants se sont vus proposer, souvent après des heures d’attente, les postes de vendeur, représentant, colporteur, rémunérés au pourcentage sans aucun salaire fixe. Ces jeunes gens et jeunes filles sont censés se déplacer par leurs propres moyens n’importe où, n’importe quand pendant de nombreuses heures faire le porte à porte quittes à ne rien recevoir en contrepartie, même pas les frais de leurs déplacements. Et ce sont de très grosses firmes, souvent libano-étrangères qui font ce genre de proposition. A savoir que dans les pays où sont implantées les sociétés-mères, les jeunes prospecteurs sont traités différemment. Mais, bien sûr au Liban, pas de protection pour les jeunes candidats au travail. Tant pis pour celui qui n’a pas de piston.

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«ON AURA TOUJOURS LE MÊME NOMBRE DE C...»
On connaît la verdeur du langage d’Alice Saunier Séité, ancien ministre des Universités en France, femme de lettres et membre de l’Académie des sciences morales et politiques en France. On lui demandait alors qu’elle était ministre en exercice, quelle serait la solution pour améliorer le niveau des fonctionnaires. Sa réponse fusa rapidement: «Qu’on recrute par concours, par pistons ou par... coucheries... On aura toujours la même proportion de cons...» Née en 1925, Alice Saunier Séité connaît bien son monde. Alors si cela se passe ainsi en France, pays qui compte parmi les huit les plus industrialisés du globe, qu’en serait-il au Liban?

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“UN POUR TOUS, TOUS POUR UN”
Dans tous les pays du monde civilisé, on s’organise pour que les ministères soient de plus en plus indépendants du point de vue “territoire” et “compétence”; on essaie d’éliminer les compétences croisées, sources de querelles et de stagnation. Qu’elle n’a été la surprise des Libanais d’entendre le ministre des Transports répondre à Boutros Harb, que le Cabinet au Liban est solidaire et qu’un ministère peut suppléer à un autre. Boutros Harb demandait selon quelle logique, l’Ecole navale de Batroun dépendait du ministère des Transports plutôt que du ministère de l’Enseignement technique? Et c’est ainsi qu’il s’est attiré cette réponse qui équivaut au “Un pour tous, tous pour un”. Cela veut dire “responsabilité de tous et de personne...” Et c’est ce qui est vraiment le cas.

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OÙ SONT NOS PRIX NOBEL?
Alors que “Pathfinder” et “Sojourner” poursuivent fièrement leurs pérégrinations, nous autres pauvres Libanais, sommes encore au b+a=ba de la technique. A moins que cela ne soit une nouvelle combine. Pour être rattaché au nouveau réseau électronique, il faut, semble-t-il, des jours pour ne pas dire des semaines, à nos Van Braun et Einstein locaux. Que leurs compétences et leurs possibilités soient extrêmement limitées, nul doute là-dessus. Le Liban n’a jamais fourni le moindre Nobel (bien qu’on ait voulu s’approprier Peter Medawar dont le grand-père avait déjà émigré au Royaume Uni et qui était né lui-même en Grande-Bretagne). Mais de là à manifester une telle nullité, une telle incompétence, il y a un monde. La dernière? Les abonnés du téléphone ont été priés de se rendre au central téléphonique de leur région et d’effectuer avec force documents à l’appui une demande de transfert du réseau mécanique au nouvel électronique. Donc ces abonnés se présentent avec les pièces justificatives: bail de location ou titre de propriété de l’appartement, extrait d’Etat civil, dernières factures payées, etc... Demande est faite et l’on attend! Cette opération censée prendre tout au plus deux jours, n’est pas encore accomplie au bout de six jours, à l’heure où ces lignes sont écrites. Mais si les responsables du Téléphone ne sont pas prêts pour la connection, pourquoi se sont-ils précipités pour déconnecter les abonnés de l’ancien réseau qui fonctionnait tant bien que mal? Aux questions posées la réponse fuse: “Il y a le téléphone cellulaire ou portable”. Sans commentaire.

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LE PARADIS PERDU!
Qu’est-ce que le Paradis? Le Paradis est l’endroit où les cuisiniers sont français, les policiers anglais, les mécaniciens et techniciens allemands, les amoureux italiens, les salaires américains et les organisateurs suisses. Qu’est-ce que l’Enfer? L’enfer c’est l’endroit où les cuisiniers sont anglais, les policiers allemands, les mécaniciens et techniciens français, les amoureux suisses, les salaires russes et les organisateurs italiens. Dommage qu’on ne trouve pas de Libanais dans cette énumération et pourtant ils trouveraient bien leur place comme f....r de pagaille. Ex. Boukaram en Equateur!


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