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HRAOUI LUI-MÊME QUALIFIE DE “HONTEUSE” LA PROROGATION DE SON MANDAT

“La reconduction est un affront au peuple libanais”, avons-nous écrit en 1995, au moment où la campagne en vue de la prolongation du mandat présidentiel battait son plein. Maintenant, le chef de l’Etat en personne qualifie de “honteuse” la prorogation de son sexennat, disant que “le Liban compte de nombreuses personnalités ayant la compétence et les qualifités requises pour accéder à la magistrature suprême”.

Ainsi qu’on le lira ailleurs dans cette livraison, la St-Elie n’a pas donné lieu cette année, comme en 1995, aux mêmes festivités politico-populaires à Zahlé, ayant constitué le prélude à la campagne en vue de la reconduction, pour trois ans, du mandat présidentiel. Le chef de l’Etat s’est limité à assister à la messe à l’occasion de sa fête patronymique et après avoir reçu les vœux d’usage au salon de l’église, il est revenu vers midi au palais présidentiel. Peut-on en déduire, d’ores et déjà, que la question d’une nouvelle prorogation ne se pose pas? Il est prématuré de se prononcer sur ce point. Il est vrai que le président de la République a fermement écarté une telle alternative, en recevant jeudi dernier le conseil de l’Ordre des journalistes. “Il est honteux, a-t-il dit, d’évoquer une éventuelle proro-gation. Je ne veux plus entendre parler de cela... Il y a bien d’autres personnes compétentes et qualifiées qui peuvent et doivent avoir la chance de servir leur patrie. Dieu n’a pas brisé le moule après m’avoir créé” (sic). Quelques semaines plus tôt, la Première Libanaise avait émis cette réflexion: “Nous sommes fatigués, le président et moi-même; puis, le peuple libanais aime le change-ment”, laissant entendre qu’ils n’étaient pas favorables à la reconduction. Pour en revenir à la messe dominicale de Haouch el-Oumara, seuls y ont assisté les proches du couple présidentiel, dont quatre ministres et trois députés, en plus de nombreux fidèles qui ont acclamé, naturellement, le président et son épouse à leur arrivée et à leur départ... On ne peut empêcher les courtisans d’encenser et d’applaudir. Mais on n’a pas mentionné la présence, à Zahlé, de responsables syriens de haut rang, comme ce fut le cas en juillet 95. Cela n’empêche pas certains hommes politiques de présenter encore comme une “possibilité” la prorogation du mandat présidentiel. Ainsi, le ministre de la Santé, proche de Damas a déclaré: “Nous ne vivons pas dans la République de Platon et il nous faut regarder la réalité en face: la prorogation demeure possible, tout comme l’élection d’un nouveau chef d’Etat”. Et d’ajouter: “Le président Hraoui a assuré jeudi, qu’il n’était pas question de prorogation. Je rappelle qu’il avait dit avant la précédente reconduction de son mandat, qu’il se couperait la main plutôt que d’approuver une rallonge de son sexennat”. Enfin, le ministre de la Santé a réaffirmé son appui à la candidature du général Emile Lahoud, comman-dant en chef de l’Armée, pour la magistrature suprême. Un autre membre du gouverne-ment, le ministre des Transports a émis ces réflexions dimanche der-nier, au cours de sa conférence hebdomadaire à Tripoli: “Le pro-chain Président doit pouvoir regrou-per toutes les parties autour de sa personne; en d’autres termes être un rassembleur. “Le président Hraoui a joué un tel rôle. Mais toute mission a une fin et il nous faut mettre en relief l’aspect démocratique reposant sur le prin-cipe de l’alternance. Nous espérons donc que le futur chef de l’Etat sera capable d’unifier le pays pour le conduire sur la voie du salut”. Il va sans dire que l’élection présidentielle fera couler beaucoup d’encre et de salive d’ici à l’échéan-ce de novembre 1998.


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