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CE SÉMINAIRE TARDIF NE REMPLACE PAS LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

M. Hariri a placé la charrue devant les bœufs; c’est le cas de le dire. En effet, après avoir fait adopter en Conseil des ministres des mesures “protectionnistes” ayant provoqué un tollé général dans tous les secteurs productifs, le chef du gouvernement a organisé un séminaire aux fins “de définir une politique de développement globale et cohérente”. S’il avait constitué le Conseil économique et social, dont la loi a été ratifiée il y a plus d’un an, le Pouvoir n’aurait pas eu tant de désagréments: M. A. Kassar (notre photo), président de la CCIB, dénonce la politique protectionniste.

C’est ce qu’on appelle “mettre la charrue devant les boeufs”, autrement dit, commencer par là où on devrait finir. Nous écrivons cela à la suite du séminaire économique que le chef du gouvernement a convoqué, à l’effet “de débattre avec les représentants des organismes économiques des grandes lignes d’une politique de développement globale et cohérente”. Et ce, pour la première fois depuis que M. Rafic Hariri a accédé, voici cinq ans, au Sérail... Jusqu’ici, celui-ci avait fait la sourde oreille aux protestations des chefs d’entreprises et aux recom-mandations et suggestions de leurs porte-parole que sont les associations des industriels, des commerçants, des banques et l’Union des Chambres de commerce, d’industrie et d’agricul-ture placés devant le fait accompli de l’endettement. Durant deux jours, le séminaire économique a tenu des séances à huis clos au “Coral Beach”, les discussions ayant porté sur la politique gouverne-mentale dans les divers domaines, spécialement, sur les mesures “protectionnistes” qui ont provoqué un tollé général dans tous les secteurs productifs. Ainsi, le Cabinet haririen a arrêté des mesures qualifiées par les experts d’inopportunes et d’indéfendables, parce qu’improvisées. Puis, la vague de protestation qu’elles ont suscitée, a finalement décidé M. Hariri à se concerter avec les cercles directement concernés, à propos du plan visant à protéger la production agricole locale - élaborée par le ministre de l’Agriculture qui est, comme on sait, avocat de carrière! - et des surtaxes imposées aux voitures importées... Il a donc placé la charrue devant les boeufs. Il n’est pas donc pas surpre-nant de le voir faire marche arrière et changer le fusil d’épaule, en renonçant à la “politique du rouleau compresseur”. En fait, il aurait dû consulter, au préalable, les organismes économi-ques devant lesquels il a proclamé son attachement au système libéral et s’est engagé à œuvrer aux fins d’alléger, le plus possible, le déficit du budget. De quelle manière et au moyen de quel plan; nous ne le savons pas encore au moment de mettre sous presse. En ce qui concerne les mesures destinées à protéger les produits locaux de la terre, il nous revient que la tendance est en faveur de l’aménagement de marchés popu-laires, où les producteurs de fruits et légumes débiteront leur récolte aux consommateurs, sans passer par les intermédiaires, ces derniers étant à l’origine de la déconvenue des cultivateurs et, partant, de la hausse effrénée des prix. Cela dit, et comme nous ne ces-sons de le réclamer avec insistance depuis des mois, tous les désa-gréments provenant de la politique officielle décousue, auraient pu être évités, si le gouvernement haririen avait pris la peine de constituer le Conseil économique et social, cadre tout indiqué pour l’élaboration d’une politique rationnelle de longue portée, doublée d’un plan général de redressement socio-économique, au sein duquel tous les secteurs productifs seraient représentés. Notre souhait le plus cher, celui des Libanais bien pensants, est de voir le Pouvoir mettre, enfin, sur pied un tel organisme d’importance capitale, seul habilité à guérir notre société de tous ses maux, à l’orée du troisième millénaire.


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