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LES MINISTRES FRONDEURS REFONT SURFACE...

Les ministres frondeurs émergent de nouveau, quelques mois après la formation du troisième Cabinet haririen. C’est tout à fait naturel, du moment que le Premier ministre mène son équipe selon son bon plaisir et prend souvent des décisions sans consulter les ministres qualifiés. Ceux-ci ne cachent pas leur désappointement et critiquent, ouvertement, leur chef qui multiplie les bévues et les faux pas... Le chef de la diplomatie (notre photo), le plus virulent parmi ses collègues, ne mâche plus ses mots.

Après s’être débarrassé des “ministres-opposants” qui obs-truaient l’action de ses deux premières combinaisons ministé-rielles, M. Hariri en formant son troisième Cabinet, a cru se trouver à la tête d’une équipe homogène où il ne percevrait aucune note discor-dante, parce que tous les “instrumen-tistes” suivraient le chef d’orchestre comme un seul homme. Or, quelques mois après la cons-titution de son troisième Cabinet, des grincements se font entendre, ayant tendance à s’intensifier. De fait, on perçoit de “fausses notes” dénotant un manque d’homogénéité parmi les membres du gouvernement. Il est possible que cet état de choses soit provoqué par l’insistance du Premier ministre à se faire accompagner par les plus proches de ses ministres - toujours les mêmes - dans ses pérégrinations. Ces derniers pourraient être le plus indiqués pour parafer les projets d’accords de coopération ou de toute autre nature qu’il est appelé à négocier et, surtout, à parafer. Mais on ne s’explique pas l’exclusion du chef de la diplomatie, par exemple, celui-ci ayant pour charge naturelle, en raison de sa fonction, d’engager des pourparlers avec ses homologues étrangers, portant sur les problèmes extérieurs. Il n’est donc pas étonnant de voir le chef du palais Bustros critiquer les déplacements de M. Hariri et sa gestion autant politique qu’économi-que. Sans le citer nommément, M. Farès Bouez a dit que “le respon-sable est tenu de s’occuper davan-tage et en priorité des problèmes internes, au lieu de perdre un temps précieux dans des voyages à l’étranger souvent infructueux, sauf sur le plan médiatique”. A propos de la situation dans son ensemble, le ministre des A.E. a émis ces réflexions: “Je pense que le pays pâtit d’une véritable crise politico-économique... Quiconque ne veut pas le reconnaître se dérobe à ses responsabilités en pratiquant la politique de l’autruche”... Un autre membre du gouverne-ment, en l’occurrence le ministre de la Santé, a avoué “n’être pas très éloigné de la vision que son collègue des Affaires étrangères se fait de la situation”... Cela dit, peut-on passer sous silence l’attitude critique du chef de l’Etat à l’égard de certaines initiatives du Premier ministre, telle l’affaire de la “Cité sportive Camille Chamoun” dont M. Hariri voulait changer le label, ce à quoi s’est opposé le président de la République? La cohésion ministérielle est donc battue en brèche par le Pouvoir lui-même qui fait fi des institutions et du Conseil des ministres, ce dernier, selon certains membres du Cabinet, tenant des séances de routine, “pour avaliser des décisions prises à l’avance, sans qu’ils soient consultés comme le veut la coutume”. “Nous ne tolérons plus, disent-ils, de telles pratiques despotiques de la part du président du Conseil qui veut prendre seul les décisions... son comportement quasi-dictatorial n’étant ni justifiable, ni admis-sible”. L’émergence d’une opposition au sein du gouvernement, laisse donc craindre une rentrée chaude au double plan politique et socio-économique.


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