L’Assemblée Internationale des Parlemen-taires de Langue Française réunie encore tout récemment dans le grand duché du Luxembourg célébrait ses trente ans d’existence... Les parlementaires réitéraient leur attachement à la souveraineté du Liban et renouvelaient leur appui à la juste cause de notre pays, en votant une résolution très musclée concernant l’article 425. Entré très tôt au sein de cette institution, Me Khatchig Babikian qui, depuis 1982, est réélu régulièrement au titre de vice-président mondial de cette assemblée est en quelque sorte la mémoire vivante de l’AIPLF, du fait d’avoir été le seul parlementaire à avoir suivi tous les travaux, ayant acquis ainsi le sens du passé et la vision du futur. Dès son arrivée du Luxembourg, nous avons rencontré Me Babikian pour lui poser quelques questions concernant le rôle de la Francophonie dans le monde et, plus particulièrement, au Liban et du rôle de la présence libanaise au sein actif de cette instance. Me Babikian n’est plus à présenter... Il est cette personnalité dont la réussite ne doit rien au hasard. Sa forme il la doit à ses visions politiques exceptionnelles, son sens inné de l’anticipation, son charisme et sa volonté permanente d’aller jusqu’au bout de sa réflexion.


RENCONTRE AVEC Me KHATCHIG BABIKIAN DE RETOUR DU LUXEMBOURG

“LA PARTICIPATION LIBANAISE AU SEIN DE L’AIPLF EST D’UNE IMPORTANCE CONSIDÉRABLE SUR PLUS D’UN PLAN...”

ROTATION DE POSTE
- Nous connaissons votre parcours exceptionnel concernant la Francophonie du fait de votre ancienneté au sein de l’AIPLF. Nous venons d’apprendre la création d’un nouveau poste pour vous maintenir dans le Bureau de cette institution.
“Il existe dans les règlements de cette Assemblée internationale un texte qui fait état de rotation de poste. “Nous sommes quarante-sept parlements membres de l’AIPLF, chacun doit en somme occuper à son tour un poste de responsabilité. “Durant notre dernière session, le chef de la délégation vietnamienne nous a demandé un poste de vice-président. “Je voudrais rappeler là que le sommet francophone des chefs d’Etats et de gouvernements devra se tenir à Hanoï en novembre prochain. “Evidemment, cette demande exigeait que nous lui cédions la place... “Je dois vous dire que j’ai été très agréablement surpris, lorsque le lendemain, le Bureau de l’Assemblée annonçait que, pour des raisons diverses, il tenait à ce que je conserve mon titre et pour résoudre ce problème, les parlementaires ont exceptionnellement décidé d’ajouter un nouveau poste de vice-président pour me maintenir”.

- En quoi profite la participation de notre pays à l’AIPLF?
“Evidemment, notre présence dans le conseil international de cette assemblée aussi vaste est d’une importance éthique considérable. “Nous avons obtenu que soit votée une résolution très musclée sur le Liban. “Mais ceci s’est effectué au fil des ans. “Il existe au sein de cette institution des pays très liés à Israël qui refusaient de nous appuyer. “Avec le temps et à force d’expliquer la juste cause du Liban, nous faisons aujourd’hui l’unanimité et ceci se reflète aux Nations Unies par des prises de position en ce sens. “Politiquement, nous avons, également, obtenu un appui concernant le rôle culturel de notre pays, son rôle civilisateur, son rôle unique dans le monde arabe. “Mais il y a beaucoup plus... La Francophonie est faite en bonne partie de pays africains francophones tous membres de cette Assemblée. “Nous avons établi des contacts premanents avec les chefs et les responsables de ces pays.

CONTACTS AVEC LES ÉMIGRÉS
“Nous avons développé une relation très intime avec les Etats où il existe une émigration libanaise, ce qui nous a donc permis de résoudre des problèmes que ni la diplomatie libanaise, ni l’Etat n’avaient réussi à faire. Cette fois encore, nos collègues africains nous ont promis de s’intéresser spécifiquement au cas des Libanais se trouvant sur leurs territoires... Enfin, il y a aussi de la part de cette Assemblée une assistance directe qui se traduit par plusieurs aspects. Tout d’abord, sur le plan parlementaire, nous avons obtenu il y a deux ans une assistance importante pour la création d’un Centre de Documentation et d’Informatique au sein du Parlement libanais. “Grâce à la Francophonie, on a acquis des équipements hautement technologiques. Nous nous trouvons au stade des Parlements les plus modernes dans le monde. Mais la Francophonie est encore plus vaste... “L’Université Libanaise a profité d’une assistance pour la remise à jour de 3000 étudiants qui peuvent ainsi s’ouvrir encore plus à la modernité ayant accès à l’information, à des voies nouvelles... “Evidemment tout ceci ne se fait absolument pas au détriment de la langue nationale. L’Arabe, nous le répétons, est notre fonds culturel, un patrimoine considérable. “Mais la langue française est une fenêtre ouverte sur la modernité qui permet l’accès à des sciences nouvelles...”

JUMELAGE
- Existe-t-il une section parlementaire libanaise?
“Il existe une section parlementaire au Liban dont je suis le président. La dernière fois, les personnalités membres étaient MM. Mohamed Abdel-Hamid Beydoun et Sleiman Kanaan. “Durant notre session de travail qui s’est tenue au Luxembourg, M. Kanaan a été nommé rapporteur d’une commission très importante qui est celle du Développement et de la Coopération. Il a, immédiatement, pris les mesures nécessaires pour établir un jumelage entre la ville de Jezzine et l’une des grandes villes françaises qui reste à déterminer par correspondance parlementaire...”

- Avez-vous tenu des réunions au Liban?
“Nous avons tenu deux réunions du Bureau des Parlementaires au Liban, la dernière a eu lieu les 20 et 21 novembre 96, juste à la veille de la célébration de la Fête de notre Indépendance. “Soixante-dix délégués ont pu assister au défilé militaire et participer aux festivités de l’Indépendance. “Ils ont également visité le Liban-Sud et Cana. “Ils sont repartis avec une vue enrichissante considérable sur le rôle unique du Liban dans cette partie du monde.”

(Propos recueillis par SONIA NIGOLIAN)

 

 


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