LES KAMIKAZES DE JÉRUSALEM-OUEST 
Déblayage pour secourir les blessés 
et dégager les morts. 
Tableau dantesque après le double 
attentat-suicide! 
La prière du rabbin, pour un mort sur sa civière. 
Vision macabre d’un homme soutenant 
une épouse ou une mère grièvement blessée. 
Mercredi à la mi-journée, deux puissantes déflagrations ont ébranlé et détruit le marché de Mahane Yehuda, l’un des plus fréquentés de Jérusalem-Ouest, à une heure de pointe et à quelques secondes d’intervalle, tuant dix-huit personnes et en blessant cent cinquante-six, selon les premières estimations. En soirée, la branche de la résistance islamique Hamas en a revendiqué la responsabilité. Du reste, tous les soupçons de la police israélienne, avant même d’en avoir la preuve formelle, pesaient sur ce groupement et lui attribuaient la paternité de l’attentat. D’autant plus qu’ultérieurement, il s’est avéré que les corps des deux terroristes figuraient parmi les victimes, puisqu’à côté de leurs cadavres on a découvert des perruques ayant vraisemblablement servi de déguisement aux deux bombes humaines. Selon un témoin oculaire rescapé, “il y a eu deux énormes explosions et j’ai vu des corps déchiquetés et des têtes décapitées voler à droite et à gauche, comme dans un film d’horreur. Une immense boule de feu m’a fait rebrousser chemin; puis, ce fut la panique, une panique collective... Des cris, des gémissements, des hurlements, du sang et du sang partout. La fumée, l’odeur de la cordite, les stands de légumes saccagés, les vitrines volées en éclats, un spectacle de fin de monde... Alors que les ambulances arrivaient toutes sirènes hurlantes pour ramasser les victimes, blessés et morts, on ne savait plus...”

REPERCUSSIONS
Côté palestinien, le président Arafat a réagi en stigmatisant l’attentat et en exprimant ses plus vifs regrets au peuple et au gouvernement israéliens. Il s’est engagé vis-à-vis des deux à lutter contre le terrorisme. Effectivement, il déclenchait aussitôt une vaste campagne d’arrestations en Cisjordanie et à Gaza, en particulier dans les rangs du Hamas et du Jihad islamique. Côté israélien, comme on l’imagine, Benjamin Netanyahu a presque refusé les condoléances présentées par le président de l’Autorité palestinienne. Dans son entretien téléphonique, il se serait exprimé en termes très durs, notamment, en affirmant qu’il n’est pas suffisant d’exprimer ses regrets - aussi profonds ou sincères puissent-ils être - mais qu’il est indispensable que des mesures draconiennes soient prises à l’encontre des responsables et, surtout, à l’encontre des organisations terroristes qui foisonnent dans les zones palestiniennes - à l’en croire! Les réactions dans le monde, bien entendu, ont été unanimes à réprouver l’attentat. L’Egypte a condamné, imitée par la Jordanie et la Ligue arabe. En Europe, la France, la Grande-Bretagne et l’Union européenne ont vigoureusement dénoncé ce qu’ils ont qualifié de crime et adressé des messages de sympathie. Quant aux USA, le président Clinton a dénoncé, à son tour, les deux attentats en les qualifiant de lâches et barbares. “Il n’y a aucune justification et il ne doit y avoir aucune tolérance pour ce genre de crime. C’est, seulement, lorsqu’une paix sûre et durable sera obtenue que les ennemis de la paix seront vaincus...” La seule note discordante à ce concert de récriminations, le témoignage du FDLP qui a, carrément, rendu responsable le Premier israélien de cette reprise de violence: “La politique d’arrogance d’Israël d’expansion et de confiscation de terres, de judaïsation de Jérusalem et de mépris pour l’ONU, favorisera toujours la poursuite de la violence et de la contre-violence”, selon son porte-parole, Aly Badwane.

PROCESSUS DE PAIX EN PANNE
Il n’est point besoin d’un dessin pour ajouter que le double attentat de Jérusalem aura eu pour effet, du moins présentement, de balayer les maigres espoirs de reprise du dialogue entre les deux camps. Du reste, quelques heures après l’attentat, un responsable de la Maison-Blanche annonçait le report de la nouvelle tournée régionale que devait entreprendre l’increvable Dennis Ross. Pour sa part, Mme Madeleine Albright a indiqué, après avoir fait allusion au report de cette tournée, avoir demandé immédiatement, par téléphone, au président de l’Autorité palestinienne, de redoubler d’efforts pour assurer la sécurité et elle a déclaré lui avoir fait comprendre “sa conviction que, sans la sécurité, la paix est un slogan sans signification, ni valeur!”

C.E.H.

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