
Nos ministres au travail
M. Talal Arslan, ministre des Emigrés, a appelé
les conseils continentaux de l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM)
à tenir, sans retard, leur onzième congrès pour renouveler
ces conseils et s’employer à renforcer leur association. En ce qui
concerne les impôts et taxes, il préconise l’élaboration
d’une nouvelle loi fiscale prenant en considération la situation
économique et les conditions de vie des citoyens. L’émir
Talal se réjouit, d’autre part, de la levée de l’interdit
qui empêchait les ressortissants américains de venir au Liban,
estimant que c’est la conséquence de l’action entreprise par l’Armée
libanaise, à l’effet de stabiliser la sécurité intérieure.
Par ailleurs, il met l’accent sur la nécessité de régler,
sans plus de retard, le problème des personnes déplacées,
“afin de ramener la confiance du citoyen dans sa patrie et de raffermir
l’unité nationale”. Enfin, de ses rapports avec Walid Joumblatt,
M. Arslan se limite à dire “qu’ils dépendent de l’humeur
du moment de son collègue et coreligionnaire”.
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RENCONTRE AVEC LE MINISTRE
DES ÉMIGRÉS
TALAL ARSLAN:
“NOUS DEVONS ŒUVRER
SANS RÉPIT EN VUE DE RASSEMBLER, EN LES UNIFIANT, LES LIBANAIS D’OUTRE-MER”
QUID DES DISSENSIONS AU SEIN DE L’ULCM?
Invité à définir la position de son
département envers les dissensions au sein de l’ULCM, le ministre
des Emigrés émet ces réflexions: “L’anarchie sévit
au sein de l’Union depuis 1975, chaque groupe pré-tendant représenter
la majorité. En tant que ministère des Emigrés, il
nous importe, naturellement, d’uni-fier les Libanais d’outre-mer et de
resserrer leurs rangs. A cet effet, nous appelons à la stricte applica-tion
des statuts de l’ULCM et à la tenue à Beyrouth du onzième
congrès général, pour procéder au renouvellement
des conseils con-tinentaux. “Les élections seront supervisées
par l’Etat qui ne peut rester inactif, car s’il n’est pas mis un terme
aux divisions internes de l’Union, celle-ci ne tardera pas à se
disloquer et à se partager en trois groupements anta-gonistes. “Ceci
n’est dans l’intérêt ni du Liban, ni des émigrés”.
L’ULCM EST MENACÉE DE DISLOCATION
- Le mandat du conseil central de l’Union avait expiré au
mois d’octobre et il l’a renouvelé pour un semestre qui a pris fin.
Le ministère le considère-t-il comme légal?
“Comme je l’ai déjà dit, il importe de renouveler le
conseil central et les conseils continentaux pour mettre un terme à
toute contestation sur la légalité de ces organismes représen-tatifs.
“L’ULCM s’achemine vers la désintégration si elle ne remet
pas de l’ordre en son sein, par l’élection de nouveaux conseils.
Il faut, aussi, la mettre à l’abri de tous les courants tant politiques,
que sectaires ou confessionnels et ce, en la réunifiant sur base
des principes et des objectifs définis par ses statuts”.
-Le conseil continental africain se donne un cachet communau-taire
déterminé et exerce ses acti-vités en dehors du conseil
central mondial de l’ULCM. Comment expliquez-vous cela et approuvez-vous
sa manière d’agir?
“Tout ce qui se passe, actuelle-ment, au sein de l’Union est anormal,
surtout en l’absence de preuves attestant la représentativité
de conseils continentaux déterminés, tel celui d’Afrique”.
LE CAS DES ATTACHÉS À L’ÉMIGRATION,
RÉGLÉ
- Qu’en est-il de l’affaire des attachés à l’émigration?
“Nous leur préparons des passe-ports diplomatiques, lesquels
leur seront délivrés par le ministère des Affaires
étrangères, conformément à la décision
du Conseil des minis-tres”.
- Cette question avait provoqué un froid dans vos rapports
avec le chef du palais Bustros...
“J’affranchis mon action officielle de toute considération d’ordre
per-sonnel. En définitive, je détiens le portefeuille d’un
département ayant fait l’objet d’un décret en bonne et due
forme, sur lequel les présidents de la République et du Conseil
ont apposé leur signature. Ce décret définit mes prérogatives
et les missions dont je m’acquitte”.
- Où en est votre projet d’allian-ce avec M. Sleiman Frangié?
“C’est un sujet qui ne peut faire l’objet de discussion, car il s’agit
d’une des constantes sur base desquelles nous traitons Sleiman bey et moi-même”.
- Et vos relations avec Walid Joumblatt?
“Elles connaissent des hauts et des bas et dépendent de son
humeur du moment”.
- Comment expliquez-vous la rencontre entre Walid bey et le cheikh
Akl druze qu’il n’avait cessé de combattre?
“Nul n’est infaillible et la re-nonciation à l’erreur est une
vertu. En ce qui me concerne, j’ai toujours entretenu les meilleurs rapports
avec le chef spirituel de notre com-munauté”.
- Une solution à la crise du conseil communautaire druze est-elle
envisagée dans un proche avenir?
“Tous les éléments qui étaient à ma disposition
à ce sujet, je les ai mis à la disposition du conseil”.
POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE FISCALE
- Etes-vous satisfait de la manière dont le Pouvoir traite
la chose publique et, surtout, de sa politique fiscale?
“Je suis de ceux qui soutiennent que la majorité doit l’emporter
en Conseil des ministres, parce que j’ai foi en la démocratie. Aussi,
suis-je partisan d’une nouvelle politique fiscale prenant en considération
la situation économique et les con-ditions de vie des citoyens qui
laissent beaucoup à désirer. “Je préconise, également,
l’élabo-ration d’un plan de redressement économique aux lignes
claires, reposant sur un agenda bien établi”.
- Quelle est votre position en-vers la prorogation du mandat des
conseils municipaux et des moukh-tars?
“On ne peut traiter cette question d’une façon arbitraire et
improvisée, avant de mettre au point une nou-velle loi réglementant
les élections municipales et des moukhtars. “A ce propos, une commission
ad hoc a été chargée d’élaborer une nouvelle
loi électorale qui doit être examinée, en détail,
d’ici à deux semaines: le projet est actuellement à l’étude”.
GASPILLAGE GÉNÉRALISÉ...
- Qu’auriez-vous à dire du gas-pillage dont tout le monde
se plaint?
“On ne peut limiter le gaspillage à un ou deux secteurs, car
il est général et tous les gouvernants en sont responsables,
abstraction faite de leur position et de leur rang au plan de la hiérarchie
gouvernemen-tale. “S’il n’est pas procédé à une réforme
administrative radicale et si l’échelle des salaires n’est pas approuvée,
tout débat sur cette question restera inutile”.
- Le ministre des Affaires étran-gères accuse le chef
du gouverne-ment d’accaparer les attributions du Conseil des ministres;
êtes-vous de son avis?
“Le président du Conseil n’oblige aucun membre du gouvernement
à garder le silence et à ne pas émettre son point
de vue lors de l’examen des projets ou des questions figurant à
l’ordre du jour des réunions. Il n’y a pas de diktat au sein du
Conseil des ministres où prévaut la règle de la majorité”.
CRÉDIBILITÉ DE L’ARMÉE
- Quel est, d’après vous, l’im-pact de la levée par
le département d’Etat US de l’interdit qui frap-pait les ressortissants
US désireux de venir au Liban?
“Cette décision renforce la con-fiance dans notre pays. Il ne
fait pas de doute que les mesures sécuritaires adoptées après
l’accord de Taëf et la crédibilité du commandement de
l’Armée dans la restructuration de l’institution militaire et du
déploie-ment de ses effectifs ont contribué à la levée
de cet interdit”.
- Les personnes déplacées ont l’impression que vous
ne vous préoccupez pas de leurs pro-blèmes, bien que vous
vous ré-clamez d’une communauté dont les membres ont le plus
souffert de l’exode. Qu’auriez-vous à leur répondre?
“J’ai maintes réserves à formuler que j’ai exposées
plus d’une fois, en ce qui concerne le dossier des déplacés.
Je ne suis pas d’avis que ce dossier soit restreint à un départe-ment
déterminé, car il s’agit d’une affaire ayant une dimension
nationa-le. La responsabilité de cette affaire incombe au gouvernement
et à la Chambre dans leur ensemble, ainsi qu’aux institutions officielles,
natio-nales et sociales. “Malheureusement, ce dossier est traité
comme une simple question relevant d’un département ou d’un fonds
publics. “Je considère comme secondaires toutes les réalisations
accomplies jusqu’ici, qu’il s’agisse de la recons-truction des régions
dévastées par la guerre, de la consolidation de la sécurité
et du secteur bancaire, si le problème des personnes déplacées
reste sans solution. “Seule l’unité nationale peut protéger
les réalisations, c’est pourquoi, il faut d’urgence en finir avec
le dossier des déplacés, parce que sa solution redonnera
confiance au citoyen dans son pays”.
LIBAN-CÔTE D’IVOIRE-EGYPTE
- Comment évaluez-vous la visite de Mme Bédié,
épouse du chef de l’Etat ivoirien et donnera-t-elle des résultats
positifs par rapport au Liban?
“Mme Bédié est venue à l’invi-tation du conseil
continental africain de l’ULCM et, spécialement, de M. Najib Zahr,
président dudit conseil. Cependant, sa visite a revêtu un
cachet officiel, en raison de l’impor-tance de la présence libanaise
en terre ivoirienne, où résident le plus grand nombre de
nos frères émigrés en Afrique. J’espère que
la visite de l’épouse du chef de Côte d’Ivoire contribuera
à raffermir davantage les relations entre les deux pays”.
- Et que pensez-vous des entre-tiens à Beyrouth du Premier
ministre égyptien?
“L’Egypte est le plus grand Etat arabe, disposant d’une position de
premier plan dans les instances internationales, au double plan politique
et économique. Dans le même temps, elle a un grand rôle
à jouer aux plans arabe, régional et international. “La visite
de M. Kamal Al-Janzoury prouve la solidité des relations libano-égyptiennes
et le soutien de l’Egypte aux volets libanais et syrien au niveau des négociations
avec Israël. “Ainsi que notre éminent hôte l’a réaffirmé:
Le Caire soutient la résolution 425 et la résistance à
l’occupant israélien. Il a évoqué en toute franchise
la nécessité pour Israël d’évacuer les territoires
liba-nais, palestinien et syrien occupés illégalement. “De
même, il a soutenu la soli-darité et la coopération
interarabes au plan des négociations avec l’Etat hébreu,
en vue de l’instauration d’une paix juste et globale dans la région”.
(Propos recueillis par ZALFA BASSILA)
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