En
recevant mardi 270 jeunes émigrés en visite dans la mère-patrie,
le président Nabih Berri a accusé, une fois de plus, l’Union
européenne et des “responsables canadiens” d’œuvrer en vue d’implanter
plus de 300.000 réfugiés palestiniens en territoire libanais.
Le chef du Légistatif a cité, nommément Miguel Moratinos,
émissaire européen et mis en garde contre un tel projet suspect
“que nous combattrons avec la même vigueur que l’occupation israélienne.”
Le président Nabih Berri avait accusé Ottawa, en
1994, «d’œuvrer en vue d’implanter plus de 300.000 réfugiés
palestiniens au Liban».
Aussitôt, M. Perron, haut fonctionnaire du ministère canadien
des Affaires étrangères, s’était empressé de
clarifier la position de son gouvernement, au cours d’une visite à
Beyrouth. «Le Canada, avait-il assuré, se préoccupe
uniquement d’améliorer les conditions de vie des réfugiés,
sans se pencher sur le volet politique de leur problème».
Le comité ad hoc chargé d’examiner le dossier des réfugiés,
dans le cadre des négociations multilatérales, avait réitéré
cette position, au cours d’une réunion de travail tenue, alors,
à Antalya, en Turquie.
On sait que le comité est présidé par le Canada et
comprend, entre autres membres, des délégués de l’Union
européenne, des Etats-Unis, de Russie, de Jordanie, de l’OLP et
d’Israël. Le représentant israélien - faut-il le croire?
- avait affirmé à ce moment que «l’Etat hébreu
était conscient de la nécessité de résoudre
le problème des réfugiés». Comment et sur quelles
bases? Il ne l’a pas précisé...
Est-il besoin de rappeler que le cas des réfugiés palestiniens
est laissé dans le vague, dans les accords que l’Etat hébreu
a signés avec l’OLP et la Jordanie? Il s’agit, pourtant, de 2,7
millions de per-sonnes, officiellement enregistrées auprès
de l’UNRWA, 34 pour cent d’entre eux vivant dans les camps.
Le président Nabih Berri est revenu à la charge, cette semaine:
en recevant les deux cent soixante-dix jeunes émigrés en
visite dans la mère-patrie, il a accusé M. Miguel Moratinos,
émissaire européen, et des «responsables canadiens»
d’œu-vrer aux fins de concrétiser l’im-plantation des réfugiés
palestiniens dans les pays où ils sont établis depuis leur
exode...
«Nous combattrons un tel projet, s’est écrié le chef
du Législatif, avec la même vigueur que l’occupa-tion israélienne...
Nous resterons sur le qui-vive, toujours prêt à mettre en
échec toute tentative de cette nature».
Cette prise de position ferme et claire de M. Berri traduit celle des Libanais,
toutes confessions et tendances confondues.
Cependant, et nous l’avons déjà souligné à
maintes reprises, il faut déplorer le boycottage par le Liban (et
la Syrie) - où vivent, respective-ment, 325.000 et 306.000 Palesti-niens
- du comité multilatéral, à qui est confié
le soin de trancher ce dossier. Les deux pays ont refusé, jusqu’ici,
de participer aux délibé-rations de cet organisme et conti-nueront
à le boycotter «tant que des progrès ne sont pas réalisés
au volet politique des négociations libano-syro-israéliennes».
Il n’est pas permis qu’une solution soit adoptée à propos
d’un problème aussi important et délicat, en l’absence de
délégués libanais et syriens.
Cela dit, le président Berri a mis l’accent mardi, en s’adressant
aux jeunes émigrés sur «la nécessité
de mettre sur pied un lobby, que les Libanais d’outre-mer seraient appelés
à soutenir de toute leur force, afin de contrer toute action et
de mettre en échec tout complot de la juiverie internationale et
du lobby sioniste, dirigés contre le Liban».
«Il existe un «empire libanais», a-t-il ajouté,
capable s’il venait a consolider ses rangs, de changer bien des données
dans le monde».
Cependant, avant cet «empire li-banais», nous serions bien
inspirés - les responsables en tête - en sauvant l’Union libanaise
culturelle mon-diale qui périclite. C’est autour de cette association
que cet «empire» aura quelque chance de se remem-brer, dans
l’intérêt de la patrie et de ses justes causes.
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