PLUS D’UN MILLION DE FIDÈLES À LA MESSE SOLENNELLE À CIEL OUVERT DE LONGCHAMP
S.S. JEAN-PAUL II
TERMINE EN APOTHÉOSE LES XIIèmes JOURNÉES MONDIALES DE LA JEUNESSE À PARIS



Le jeudi 21 août, S.S. Jean-Paul II a été accueilli au Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel, par un demi-million de jeunes venus de 130 pays pour les XIIe Journées Mondiales de la Jeunesse (J.M.J.). Accueil exubérant après son arrivée à l’aéroport d’Orly où le président et Mme Jacques Chirac et le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement lui avaient réservé un accueil des plus chaleureux à Paris, baptisée “la ville du pape”. Il est là pour quatre jours celui que Chirac a qualifié de “référence” et de “guide” pour les jeunes.

AU TROCADÉRO
Après le palais de l’Elysée, le Saint-Père se rend au Trocadéro, inaugurant son séjour par une prière en ce lieu dédié aux droits de l’homme, en hommage au Père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement International. “Aide à Toute Détresse - Quart Monde”. Aussi, Sa Sainteté a-t-elle mis l’accent sur la dimension sociale de l’engagement chrétien, auquel invite la doctrine de l’Eglise. Par ce geste, il exhorte les jeunes à s’engager, généreusement, dans tous les chantiers de la société, leur donnant cette assurance que “la vie est belle, parce qu’on peut la donner”. “Accomplissez votre existence quotidienne avec lucidité et espérance, dit-il, mais sans amertume ou découragement...” Et d’ajouter: “Allez jusqu’à l’extrême de l’amour dans le don et le désintéressement”. Parmi la foule immense, on distinguait un groupe de jeunes Libanais élevant une banderole avec cette inscription: “LIBERTÉ POUR LE LIBAN”.


La veillée des 750.000 jeunes du monde entier qui ont répondu à l’appel de Jean-Paul II
et se sont rassemblés sur l’hippodrome de Longchamp et du voisinage.

AU CHAMP-DE-MARS
Après cet hommage rendu au Père Wresinski, le pape rejoint les jeunes rassemblés au Champ-de-Mars. Après la lecture de l’Evangile de Saint-Jean: “Le lavement des pieds”, le Saint-Père prononce une homélie présentant le thème des JMJ, axé sur un approfondissement du sens de la “Semaine Sainte”, la Passion du Christ, Sa mort et Sa Résurrection. Par le lavement des pieds, Jésus nous enseigne l’humilité, la charité et la miséricorde. L’Eglise nous incite à œuvrer pour que tous les hommes jouissent d’une vie digne, car tous sont enfants de Dieu. “Quand nous servons nos frères, nous nous rapprochons de Jésus, dit le Saint-Père. Nous participons à l’édification du Royaume de Dieu et à la promotion de l’Humanité”... “Chers jeunes, ajoute-t-il, vous êtes l’espoir du monde, vous qui cherchez une vie meilleure fondée sur les valeurs morales et spirituelles qui libèrent et mènent au bonheur éternel. Chers jeunes, vous continuez l’œuvre commencée par ceux qui ont porté les branches d’olivier à la rencontre du Christ entrant dans la Ville sainte. C’est LUI qui vous rassemble, ici, dans un partage de joie et une grande solidarité”. Puis, abordant le thème des vocations religieuses, le pape s’adresse aux aspirants au Sacerdoce: “Dans la chasteté parfaite, vous voulez rappeler que Dieu est préférable à tout”. Quant aux sujets concernant la morale au niveau de la sexualité, ils devaient être abordés le lendemain mais, silencieusement, par un admirable témoignage, lorsque Jean-Paul II se recueille durant une heure, sur la tombe du généticien Jérôme Lejeune, pionnier de la lutte contre l’avortement que la loi française autorise depuis 1975.


Le vendredi 22, S.S. Jean-Paul II s’est rendu
dans l’Essonne, pour bénir la cathédrale
d’Evry, la seule cathédrale de France
construite au XXème siècle.


Après son arrivée à Paris, le Pape Jean-Paul
II a été reçu par le président Chirac au palais
de l’Elysée. On voit ici le Saint-Père descendant
de la “Papamobile” accueilli par le chef de l’Etat français.


Le chef de l’Eglise catholique traversant un salon
du palais de l’Elysée en compagnie de M. et Mme Chirac.


Sur l’hippodrome de Longchamp, le Pape,
protégé du soleil ardent par une large ombrelle,
célèbre la messe devant un million de personnes.

A NOTRE-DAME DE PARIS
Le second jour des J.M.J. est marqué par la béatification de Frédéric Ozanam, fondateur de la société Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité qui a plaidé en faveur des plus démunis et “dénoncé l’exploitation de l’homme par le système capitaliste”. Dans son homélie prononcée devant 300 évêques et cardinaux, Jean-Paul II insiste sur l’engagement des chrétiens dans les œuvres sociales, car “il ne suffit pas de parler de charité”, précise-t-il, lui qui a contribué au renversement du marxisme et prôné la théologie de la libération. Aujourd’hui, il veut rappeler à tous que “Charité et justice” vont de pair et “qu’aucune société ne peut accepter la misère comme une fatalité sans voir son honneur atteint.” Il n’hésite pas à reprendre à son compte la devise de la Journée Mondiale du refus de la misère: “Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés”. SÉANCES DE CATÉCHÈSE Il est intéressant de signaler qu’on voyait, alors, à Paris des jeunes des pays arabes, (Liban, Syrie, Palestine de Terre Sainte, Jordanie, Irak, Egypte etc...) assistant à des séances de catéchèse données en langue arabe par Mgr Georges Scandar, archevêque maronite de Zahlé, président de la Commission épiscopale pour la préparation du grand jubilé de l’an 2000. De même, NN.SS. Michel Sabbah et Jean-Clément Jembart ont pris en charge d’autres séances de catéchèse sur le sacrement de l’Eucharistie. En ce jour de vendredi, les jeunes Libanais, tout de ferveur et de recueillement, ont tenu à participer au “chemin de la Croix” traditionnel, ce qui leur a permis d’approfondir l’Evangile sur la Passion du Christ.


Les Libanais à Longchamp.


Lever de soleil sur l’hippodrome
de Longchamp, le 23 août.

CHAÎNE DE FRATERNITÉ INTERNATIONALE
Au soir du 24 août, une immense chaîne de fraternité formée de 200.000 personnes de diverses nationalités, a ceinturé Paris en passant par les avenues qui entourent la capitale. Vêtus d’un T-shirt blanc sur lequel figure le mot “paix”, ce groupe de jeunes entonnait la neuvième symphonie de Beethoven “Hymne à la Joie”. A 10h50, après une minute de silence, les cloches de toutes les églises de Paris et de la banlieue marquaient le début d’une veillée évangélique. Dimanche 25 août, le Pape de la Jeunesse clôture les J.M.J. par une messe solennelle à Longchamp. Ancienne abbaye de femmes, cette plaine devenue un champ de courses est, aujourd’hui, un centre d’accueil où aux 500.000 jeunes sont venue se joindre 850.000 personnes pour une célébration eucharistique. La délégation libanaise, à elle seule, compte 400 jeunes. Les dix jeunes que le pape a baptisés sont au premier rang. Avant la messe, le Souverain Pontife s’adresse à la foule: “La foi chrétienne, dit-il, est fondée sur le Christ, le même hier, aujourd’hui et à jamais... A vous qui cherchez à savoir où Il habite, voici sa réponse: “Venez et voyez”! Et le pape de lancer une invitation aux sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie.

CHANT D’ENTRÉE
L’entrée du pape escorté de trois-cents cardinaux et évêques, se fait dans une procession de l’Evangile, accompagnée de cantiques interprétés en plusieurs langues dans une communion d’esprit et de cœur: “Béni sois-tu, Jésus Sauveur. ... Tu es la vraie lumière de Dieu, ... Tu nous conduis auprès de Dieu, ... Tu sanctifies l’Eglise de Dieu. Arrivés devant l’autel, le cardinal Lustiger prend la parole: “Jeunes du monde entier, au nom de tous, nous disons au Pape Jean-Paul II un immense merci. Car il vous fait entendre l’appel du Christ... Quelle joie! Merci, car il vous fait connaître le Christ qui vous a rassemblés... et vous avez pris votre place dans l’Eglise. Quelle joie! Merci, car il vous montre le chemin de la prière et vous aide à savourer la parole de Dieu qui vous donne le courage pour l’avenir. Quelle espérance! “Merci, car il est pour vous, les jeunes, témoin du Christ qui donne sa vie pour vous sauver et vous découvrez que vous êtes aimés de Dieu. Quelle joie! Merci, car il vous a confirmé dans la foi... Quelle espérance! Quelle fête! Quelle joie!”.

JÉSUS, NOTRE ESPÉRANCE
Sa Sainteté s’adresse, ensuite, aux fidèles: “Chers amis, jeunes de tous les pays, et vous frères qui nous ont rejoints ce matin, nous sommes rassemblés pour célébrer la Résurrection du Christ qui a vaincu la mort.” Il ajoute cette prière: “Seigneur Jésus, venu pour nous sauver, nous crions vers Toi. Seigneur, Toi qui soutiens Tes amis, nous crions vers Toi”. Le Saint-Père met l’accent sur “Jésus, notre Espérance”. Rappelant la fragilité de notre nature, il poursuit: «Jésus est notre force, Lui qui est venu au monde et nous apprend à développer notre personnalité. “Plus l’homme ressent sa précarité, plus se pose pour lui la question de l’immortalité. Alors, surgit la question de Celui qui a vaincu la mort: “Maître, Toi qui respectes l’homme, Toi qui éclaires le mystère de l’être humain, fais-nous découvrir le sens de notre vie... Montre-nous Ta face, Seigneur... Nous aussi, nous voulons comprendre le mystère de Dieu. “C’est Toi qui révèles le visage de Dieu. C’est Toi qui nous enseignes la sagesse, car Tu es la “Sagesse Suprême” La Croix, nous dit Saint Paul, est folie pour le monde. Nous prêchons le Christ crucifié. Celui qui semble n’être que faiblesse et folie, est PUISSANCE et SAGESSE”.

SAINTE THÉRÈSE DOCTEUR DE L’ÉGLISE
Enfin, le Saint-Père clôture les XIIe J.M.J., en rappelant le centenaire de la mort de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui fut totalement saisie par l’amour de Dieu. “Elle a vécu dans la simplicité de la vie quotidienne pratiquant la charité fraternelle, ayant le désir de voir tous les hommes éclairés par le flambeau de la foi. “Dans le cœur de l’Eglise, Thérèse a voulu être l’Amour-même. Patronne des missions, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face occupe une place de choix dans l’Eglise. “Le 19 octobre, dimanche des missions, dit le Saint-Père, j’ai proclamé Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, Docteur de l’Eglise. Sainte jeune, elle nous ouvre le chemin et appelle à une infinie générosité, à être dans le cœur de l’Eglise, des disciples fidèles”. Enfin, Jean-Paul II salue tous ceux qui le suivent sur le petit écran: “Gardez courage, dit-il et restez les artisans de la réconciliation et de la paix”.

Sœur Marie-Roger Zoghbi

XIIèmes JOURNÉES MONDIALES DE LA JEUNESSE EN FRANCE

LES FRANÇAIS PLÉBISCITENT JEAN-PAUL II

“Fille aînée de l’Eglise” ou bastion de l’anticléricalisme? Telle est la question qui a agité la classe médiatique française, à l’occasion de la venue du pape Jean-Paul II pour les Journées Mondiales de la Jeunesse organisées par l’Eglise catholique. En réalité, dans un pays où tout grand événement fait, traditionnellement, l’objet de polémiques sans fin et nonobstant de rares et chétives manifestations de groupuscules libres-penseurs ou gauchistes, la France a réservé un accueil chaleureux à l’homme à la force tranquille, dont les convictions et le courage sont respectés même par les plus incrédules. Ainsi, n’en déplaisent aux esprits chagrins qui prédisaient (ou souhaitaient) que les Français boudent la visite du pape, les Français, pourtant habituellement réservés en matière religieuse, ont majoritairement manifesté une vive sympathie à l’égard de celui que le président Jacques Chirac a accueilli en le qualifiant de “guide et d’exemple”.

TOUTES LES PRÉVISIONS DÉPASSÉES

En réalité, les attaques malveillantes dont la visite pontificale avait fait l’objet de la part de milieux sectaires et minoritaires, ont eu pour effet de mobiliser davantage les Français au point que toutes les prévisions ont été dépassées en matière de participation aux diverses cérémonies ayant marqué ces journées. 800.000 jeunes et le point culminant a été atteint le dimanche 24 août, avec plus d’un million de participants à la messe de clôture célébrée à l’hippodrome de Longchamp, au bois de Boulogne. Ce chiffre est exceptionnel en pleine saison estivale. Comme l’a noté un analyste: «Il semble que la majorité silencieuse des Français ait voulu infliger un cinglant démenti aux commentaires de certains cercles politico-médiatiques qui ont, une fois de plus, montré combien ils sont coupés de la France réelle.» Ce qui a surtout frappé les observateurs est l’enthousiasme des jeunes Français, alors même que les manifestations d’hostilités ont, surtout, rassemblé d’anciens et bedonnants rescapés de mai 1968. Il est, également, notable que les représentants des autres religions, notamment les musulmans, se sont associés à ces journées, au cours desquelles le pape a appelé à l’entente entre les religions.

ORGANISATION IMPECCABLE

En tout cas, les Parisiens, volontiers râleurs et impatients, ont fait montre pour l’occasion d’une rare bonhomie et d’une charmante humeur, en supportant avec le sourire les tracas de la circulation et l’exubérance parfois bruyante des centaines de milliers de jeunes venus des deux Amériques, d’Afrique, d’Asie et de toute l’Europe, sans oublier le monde arabe avec de nombreux participants irakiens, syriens, jordaniens, palestiniens et, bien sûr, une imposante représentation libanaise (près de 3.000 jeunes venus spécialement du Liban), partout présente autour de dizaines de drapeaux aux couleurs nationales. Il est vrai que les Journées Mondiales de la Jeunesse ont bénéficié d’une organisation impeccable, confiée à un comité de coordination présidé par le général Morillon, d’une part, et facilitée par un impressionnant déploiement de moyens de la part de l’Etat français, d’autre part. La télévision publique française n’a pas été en reste, puisqu’elle a largement retransmis l’événement, ce qui lui a, d’ailleurs, permis d’enregistrer une augmentation sensible de son taux d’écoute, généralement bas en période de vacances.

VALEURS HUMANISTES PRÉSERVÉES

En fin de compte, la visite du pape est venue contredire ceux qui annoncent, périodiquement, un déclin irrémédiable du catholicisme français. Cette visite a surpris par son formidable succès et ceux qui cherchaient à en faire un sujet de polémique ou à ressusciter des querelles religieuses d’un autre temps, ont subi un échec retentissant. Cette visite a prouvé que les valeurs humanistes dont le pape est le porte-parole conserve une très large audience dans une France qui montre, une fois de plus, la force de son exception en conciliant un réel attachement à la laïcité et son statut de Fille aînée de l’Eglise. Jean-Paul II semble apprécier tout particulièrement cette exception française, puisqu’à l’issue de sa visite et malgré la fatigue causée par un programme très chargé et une extrême canicule, il s’est déclaré ravi et a fait savoir qu’il comptait bien revenir une fois encore en France pour aller se recueillir sur la tombe d’un écrivain ami, André Frossard.

ZEINA W. EL-TIBI (Paris)


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