Par MARY
YAZBECK AZOURY
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LES ÂNERIES DE L’INFORMATION
On peut lire dans la presse libanaise, on peut entendre et voir
dans les médias audiovisuels toutes sortes d’inepties. Mais le record
est battu quand il s’agit de nouvelles diplomatiques. La dernière
en date, concerne l’arrivée du successeur de Ronald Schlicker, ministre-conseiller
près l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique. Il s’agit de
M. Greg Berry qui occupe les mêmes fonctions que son prédecesseur.
Or, dans toute la presse libanaise et sur les ondes, on annonce l’arrivée
du “nouveau chargé d’Affaires US”. Or, annoncer l’arrivée
d’un chargé d’Affaires sous-entend qu’il n’y a pas d’ambassadeur.
Car qu’est-ce qu’un chargé d’Affaires? Prenons toujours le Larousse;
il y est écrit qu’un chargé d’Affaires est un diplomate qui
représente son gouvernement auprès d’un chef d’Etat étranger
en l’absence ou à défaut d’ambassadeur. Cela ne peut être
plus clair, sans avoir fait de hautes études diplomatiques et politiques,
les responsables de l’Information au Liban devraient, enfin, comprendre
(mais c’est trop leur demander) que quand il y a un ambassadeur, il ne
peut y avoir de chargé d’Affaires. Les deux personnages sont comme
deux droites parallèles qui ne se rencontrent jamais. Si l’un est
présent, l’autre est absent et vice-versa. Si l’on s’imagine accorder
plus de prestige à un nouveau diplomate du rang de ministre-conseiller
en le qualifiant de chargé d’Affaires, c’est que l’on est encore
plus ignorant que l’on s’imagine. Car n’importe quel diplomate de n’importe
quel rang peut être nommé chargé d’Affaires. Dans une
petite ambassade où il n’existe qu’un ambassadeur et un secrétaire,
ce dernier peut en l’absence de son chef de mission assumer le rôle
d’un chargé d’Affaires. Nos médias devraient finir par le
comprendre, même si les rédacteurs n’ont pas souvent dépassé
le stade du brevet élementaire. Alors annoncer que “l’ambassadeur
des USA Richard Jones, offre une réception pour présenter
son chargé d’Affaires M Greg Berry” relève de la stupidité
la plus absolue. Il aurait suffi de lire le carton d’invitation lancé
par l’ambassade des USA pour trouver la mention: “En l’honneur du nouveau
ministre-conseiller M. Greg Berry”. Mais qui a lu le carton... On s’est
contenté d’entendre la nouvelle grâce au “téléphone
arabe”. C’est beau la Culture au Liban.
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QUAND KHALIL ABOUHAMAD ÉTAIT MINISTRE
DES A.E.
Parmi nos ministres des Affaires étrangères, dont
la majorité a été de très grande classe, il
est indispensable de mentionner Khalil Abouhamad qui, en sus de ses qualités
professionnelles et culturelles, a témoigné lors de son passage
aux Affaires étrangères de ses qualités humaines.
C’est lui qui a pensé créer un service spécialisé
pour les diplomates et leurs familles qui retournent au Liban après
une longue absence à l’étranger. C’est toujours lui qui,
a pensé relever le niveau des indemnités des ces diplomates
qui, après avoir tant donné de leur temps, de leur vie au
service du Liban, retournent au Liban pour être en butte, souvent
aux tracasseries d’une administration tatillonne, qui se refuse à
appliquer l’esprit de la loi et ne veut qu’en appliquer le texte. C’est
toujours lui qui a compris les problèmes des enfants de diplomates
qui, au cours de leurs nombreux déplacements, n’ont pu apprendre
- plus ou moins selon les pays - la langue arabe. C’est toujours lui qui
a étudié et présenté un projet pour rendre
le retour au bercail aussi plaisant que possible, considérant que
le diplomate libanais à l’étranger n’y a pas été
en tant que touriste, mais bien en mission souvent difficile, avec bien
sûr des compensations, mais mission qui ressemble souvent à
celle d’un soldat. C’est toujours lui qui a fort bien saisi le problème
de réadaptation; c’est toujours lui qui s’enquérait personnellement
ou chargeait quelqu’un de s’enquérir des besoins des familles des
diplomates décédés, soit en poste, soit à la
retraite. Malheureusement, il a disparu avant de faire adopter son projet
par le parlement. Car il ne s’était pas contenté de comprendre,
mais avait fait une étude et présenté un texte en
ce sens. Il est à souhaiter qu’un autre chef de la diplomatie libanaise
parraine à son tour le projet “Abouhamad”.
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NICOLAS SABA ET LES CACOPHONIES DE BEYROUTH
Il faut croire que l’administrateur de Beyrouth, vit soit dans
une tour d’ivoire, soit dans un bureau très bien insonorisé,
car il n’entend que les symphonies beyrouthines et semble fort bien s’accommoder
de toutes les cacophonies de la capitale. Or, les Beyrouthins sont en train
de devenir fous... Peut-être il en est ainsi du reste du Liban, mais
il nous est possible de témoigner de la capitale. Les chantiers
poussent, la construction marche (Hariri dixit) et tout le monde en perd
le sommeil. Que M. Saba daigne se promener dans les rues Abdel Wahab el
Inglizi, Trabaud, Gergi Zeidan, Chéhadé etc... Dans un rayon
de deux cents mètres au plus, plus de vingt chantiers poussent avec
les ouvriers, pour la plupart étrangers, qui appliquent ou subissent
des horaires de travail (démolition, concasseuse, bétonneuse)
bien à eux... Donc depuis 6h30 du matin, y compris les week-ends,
les habitants de ces quartiers doivent accepter tous les bruits insolites
qui les assourdissent jusqu’à midi. A midi, il y a sans doute une
pause repas, puis tout reprend jusqu’à 18 heures... Certains chantiers
appliquent les “3 fois huit,” c’est-à-dire des équipes qui
se relaient pendant 24 heures et, donc, vacances ou non, les habitants
de ces quartiers doivent subir les bruits. Ils en perdent le sommeil. Le
trafic dans ces rues ou ruelles est souvent bloqué par une grue,
une grande machine, etc... Rien à faire! Qu’on construise d’accord!
Mais qu’on ait la paix, les week-ends, les jours fériés et
que les horaires soient compatibles avec ceux de la majorité des
habitants de ces quartiers. Et comme si tout cela n’est pas suffisant s’ajoutent
les feux d’artifice de gens en fête qui veulent annoncer à
tout le quartier qu’ils se sont mariés. Toutes nos félicitations
aux nouveaux époux, mais qu’ils fassent tonner leurs “Bertha” à
des heures décentes. Il y a des feux d’artifice dans tous les pays
du monde... Nous en avons assisté, sans exagération à
des centaines. Mais sans doute des feux d’artifice bien mis au point faits
pour faire plaisir et non pas des feux d’artifice, à la composition
sans doute primitive - dont chaque départ ressemble à celui
d’un grad ou d’un missile et, peut-être, ces derniers sont-ils moins
bruyants! Donc M. Saba ne pourrait-il pas organiser tant les horaires de
chantiers (que ce soit démolition ou construction) et ceux des festivités?
Que l’on se marie, que l’on soit heureux, tant mieux... Mais que ce soit
fait sans déranger toute la planète!
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CHARBELLO ET CHARBELLA
Au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse pendant
la grand-Messe, S.S. le Pape a invoqué des Saints de pays différents.
Parmi ceux mentionnés Saint Charbel qui, actuellement, provoque
un nouvel engouement, non seulement de la part des Libanais mais de nombreuses
personnes dans le monde. Ainsi tant en France, qu’en Italie ou dans les
pays d’émigration de Libanais (Mexique, Brésil, Colombie,
USA, Canada) on voit apparaître dans l’Etat-civil les prénoms
de «Charbello» et de «Charbella». Rien qu’à
Mexico-City, huit «Charbella» ont été baptisées
récemment, et deux «Charbello....»