La
conférence économique pour le Proche-Orient et l’Afrique
aura-t-elle lieu à Doha en novembre prochain? Rien n’est moins sûr,
surtout si le déblocage des négociations israélo-arabes
n’intervenait pas avant le date prévue. D’ailleurs, cinq des six
Etats membres du CCG - sauf Qatar, pays hôte de la conférence
- lient au processus de paix, la tenue de ces assises auxquelles l’Etat
hébreu devrait, en principe, prendre part. Notre photo: cheikh Hamad
Al-Thani, chef de la principauté “rebelle”...
Le fait pour le
secrétaire d’Etat US d’avoir inscrit Djeddah sur l’itinéraire
de son périple proche-oriental, n’a pas manqué d’intriguer
les observateurs, l’Arabie séoudite n’étant pas directement
impliquée dans le conflit israélo-arabe. Il est apparu, par
la suite, que Mme Albright s’est rendue à Ab’ha, ville du royaume,
pour y rencontrer les ministres des Affaires étrangères des
pays membres du Conseil de coopération du Golfe. Et ce, à
l’effet de leur demander de participer à la conférence économique
de Doha (Qatar) prévue pour la mi-novembre prochain, à laquelle
l’Etat hébreu est invité. Cinq des six membres du CCG ont
réservé leur réponse, faisant dépendre leur
participation à ces assises au déblocage du processus de
paix au Proche-Orient. Tel est le cas, notamment, de l’Arabie séoudite
et de l’Etat des émirats arabes unis, «en signe de protestation
contre la politique intransigeante du Cabinet israé-lien».
Bahrein, le Koweit et le sultanat d’Oman, ce dernier ayant le plus avancé
dans sa normalisation avec Israël, n’ont pas encore donné leur
réponse définitive. Seul Qatar, pays hôte, a réaffirmé
sa détermination à organiser la conférence, même
si le processus de paix reste bloqué! Le chef de sa diplomatie ne
jugeant pas «raison-nable de lier les deux sujets». Rappelons
que la Syrie avait, la première, mené campagne contre Qatar.
M. Abdel-Halim Khaddam, vice-président, avait effectué du
15 au 20 mai dernier, une tournée dans les pays du Golfe. Le NÞ2
Syrien avait tenté de convaincre ses interlocuteurs de tenir à
la place du forum de Doha, une conférence économique arabe.
Devant la réticence de ces derniers, il avait alors déclaré
sous le ton de la menace: «Tout dirigeant arabe qui collaborerait
avec Israël connaî-trait, tôt ou tard, le sort du Chah
d’Iran». L’Emir de Qatar, apprenons-nous, avait eu une vive altercation
le 13 juin avec l’ambassadeur de Syrie à Washington, au cours d’une
rencontre avec les chefs des missions diplomatiques accrédités
à dans la capitale fédérale. «Nous ne pouvons
pas faire marche arrière et renoncer à la conférence
économique», avait déclaré le chef de la principauté.
Le diplomate syrien avait rétorqué: «Nous voulons la
paix, mais si Israël entrave le processus, il y aura un «Hezbollah»
dans les hauteurs du Golan et dans tous les Etats arabes». L’évolution
de la conjoncture régionale au cours des derniers mois, a réduit
le nombre des participants au sommet de Doha. La prise de position de Djeddah
y est pour quelque chose. Les autres partenaires de l’Arabie séoudite
au sein du CCG lui ont emboîté le pas, faisant savoir à
Mme Albright qu’ils pourraient réviser leur décision «si
le climat s’améliorait entre Palesti-niens et Israéliens».
Signalons, enfin, que le chef de la diplomatie américaine dirigera
elle-même la délégation américaine à
la conférence, dont les trois précéden-tes éditions
avaient eu lieu en 1994 à Casablanca, en 1995 à Amman et
en 1996 au Caire. Cela dit, on ne peut s’empêcher de s’interroger
sur les raisons qui portent Qatar à persévérer dans
ses préparatifs de telles assises, allant à l’encontre de
ses partenaires du CCG et de la Ligue arabe et assé-nant un coup
dur à la solidarité interarabe déjà sérieusement
com-promise!
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