“HONTE À QUI PEUT CHANTER, PENDANT QUE
ROME BRÛLE”
“S’il n’a l’âme et le cœur et la voix de Néron”.
(Lamartine) Le Liban Sud brûle. On pleure des jeunes de 18, 19 et
20 ans qui sont morts pour la patrie. Et les responsables de la patrie,
pendant ce temps, participent à un festival de poésie, alors
que d’autres s’oxygènent à l’étranger. Ne s’est-il
pas trouvé une personne sensée et sensible parmi tous les
conseillers des gouvernants, pour leur faire admettre qu’à l’heure
où des centaines de familles pleurent, qu’il est du plus mauvais
goût d’aller à un festival de fleurs, de vins et de poésie?
Pour le moindre mort chez le voisin ou la voisine, l’Etat, les TV et le
pays sont en deuil. Mais quand de jeunes Libanais, sont les victimes innocentes
d’une guerre qui aurait dû engager ou du moins concerner tous les
arabes, ce sont ces Libanais du sud qui paient toujours et pour tous les
Libanais et pour tous, les Arabes que font-il? Ils déclament. Quatre
heures durant, une des chaînes de TV n’a rien trouvé de mieux
qu’à retransmettre, en direct, les divagations poétiques
de septuagénaires en mal d’amour. Croyez-vous que les spectateurs-thuriféraires
étaient intéressés par la poésie? La caméra
les a souvent surpris en train de sommeiller, de bailler, de bavarder.
La finesse, la délicatesse, l’amour n’ont jamais été
les qualités maîtresses des dirigeants. Mais faute de sentiments
vrais, on se serait contenté de faux semblants, d’une annulation
pure et simple de ces festivités qui ont eu lieu le samedi 13 alors
que les pertes humaines avaient eu lieu dans la nuit du vendredi au samedi.
Tous des Néron! Des bavards de l’arrière garde!
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“LA NUIT DE MAI” DE MUSSET
Et puisque l’on vient de citer Lamartine, mentionnons que l’on
vient d’apposer une plaque commémorative sur la maison où
il a résidé de septembre 1832 au mois d’avril 1833. C’est
dans cette maison, foyer des Sœurs Antonines, située à la
rue Mar Charbel, secteur du couvent des Lazaristes-Achrafieh que sa fille
Julia y décédait; certains disent le 2 décembre 1832,
(le Larousse précise le 6 décembre) à l’âge
de 10 ans. Certains collègues ont attribué à la mort
de Julia les vers: “Les plus désespérés sont les chants
les plus beaux Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots...” Or,
ils sont d’Alfred de Musset. C’est une de ses plus belles “Nuits” celle
de mai, où il pleure son amour pour George Sand qui vient de l’abandonner.
Lamartine est l’auteur d’autres poésies aussi belles. De vers aussi
inoubliables, tels que: “Le livre de la vie est le livre suprême
Qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix; Le passage attachant
ne s’y lit pas deux fois Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même;
On voudrait revenir à la page où l’on aime Et la page où
l’on meurt est déjà sous vos doigts.”
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PARCE QUE C’EST UNE FEMME...
Madeleine Albright est venue. Elle a osé venir dans ce
Moyen-Orient si compliqué, pierre d’achoppement de nombreux hommes
politiques non seulement occidentaux, mais même orientaux. Avant
sa venue, les “chers machos”, ne lui ont pas épargné sarcasmes,
critiques. “On attend Miss USA” écrit un confrère de langue
arabe... On ironise parce qu’elle n’est ni jeune, ni belle... Mais qui
demande à un ministre des Affaires étrangères d’être
Miss USA? Chacune a sa fonction! Mais les hommes orientaux resteront toujours
les mêmes... Les hommes ont le droit d’être affreux (souvent)
d’être âgés (fréquents) et même d’être
incompétents (quelquefois)... Tout leur est permis. Personne n’a
le droit de critiquer leur pantalon en tire-bouchon, leur veste qui ferme
mal, leur chemise au col froissé, ou leur cravate à grandes
fleurs nécessitant un arrosoir. Ils s’imaginent, sans doute, être
“Mister Universe”. La femme, quant à elle doit d’abord être
plus compétente qu’un homme, autrement, elle n’aurait pas été
nommée à ce poste. En 1975, Françoise Giroud, secrétaire
d’Etat à la Condition Féminine, disait que la femme “sera
vraiment l’égale de l’homme le jour où à un poste
important, on désignera une femme incompétente”. Or, Madeleine
Albright a été désignée “Secretary of State”
du pays le plus puissant du monde. Cela est difficilement acceptable dans
cet Orient encore plein de préjugés pour les femmes. Qu’elle
soit encore plus compétente, qu’elle ait réussi mieux que
ses prédécesseurs mâles, cela aussi est difficile à
digérer. Eternel masculin qui ne peut accepter que la femme puisse
être l’émule d’un homme. Ils sont tous d’accord avec Sacha
Guitry qui écrit: “Je conviendrais bien volontiers que les femmes
nous sont supé-rieures, si cela pouvait les dissuader de se prétendre
nos égales”.
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QUAND MICHEL MURR DEVIENT “BOUCHE D’OR”
Pour une fois que Michel Murr prend le parti de la classe la
moins favorisée au Liban, peu de journalistes sont là pour
l’applaudir. Car, généralement, Michel Murr fait l’unanimité
de l’opinion publique contre lui. Cette fois-ci revirement. Michel Murr
préconise de nouvelles mesures pour trouver les milliards nécessaires
au budget de l’Etat, sans écraser les moins favorisés. Sera-t-il
écouté? Par exemple il suggère de: - Fixer à
10 millions de L.L ou plus, le prix d’attribution d’une plaque d’immatriculation
automobile à trois ou quatre chiffres, vu qu’elles ont leur marché
auprès des nouveaux riches, de parvenus... Grosso modo, l’Etat pourrait
vendre 4.000 plaques environ. Ce qui ne serait pas si mal. - Faire payer
à tous les exploitants des biens maritimes spoliés soit un
loyer de loin supérieur à celui qu’ils paient actuellement,
soit de leur vendre légalement les biens qu’ils occupent tout à
fait illégalement, et grâce auquel ils ont fait des fortunes
énormes. - Autoriser dans les zones frappées d’urbanisme,
contre espèces sonnantes et trébuchantes, la construction
d’un étage supplémentaire surnommé “étage des
réfugiés” (mais qui serait occupé par des riches)
comme dans le temps on disait “étage Murr”... Ce droit rapporterait
des centaines de millions de dollars. Michel el-Murr a préconisé
d’autres solutions, qui éviteraient ainsi le matraquage par des
taxes indirectes des classes les moins favorisées de la population.
Sera-t-il écouté?
