À QUAND LE RETOUR DES DÉPLACÉS?
“LA RÉINTÉGRATION PAR LES SINISTRÉS DE LEURS TERRES SERAIT LE PLUS BEAU CADEAU DE L’ÉTAT”

Le problème, des déplacés,  dit-il, traîne. Depuis plus de sept ans, il a été résolu à environ 30% seulement et nous sommes à une année des élections présidentielles. “Le gouvernement actuel sera maintenu au maximum pendant un an. Si le problème n’est pas résolu dans le fond avant les présidentielles, il risque de traîner indéfiniment. Pourtant, le retour des déplacés est l’une des conditions essentielles de la convivialité nationale.
“D’ailleurs, précise Mgr Matar, les déplacés, eux-mêmes, sont tous désireux de retourner chez eux, surtout ceux des premières générations, qui ont connu la montagne, sont capables de reprendre la vie en commun et de conduire les nouvelles générations dans cette expérience capitale pour l’avenir du Liban, car les diverses confessions libanaises ne peuvent constituer un Liban “uni” dans le plein sens du terme, si elles demeurent juxtaposées.
“Ici, j’insiste, il faut absolument que la politique générale, officielle et populaire, œuvre dans ce sens. Malheureusement, nous constatons autant de failles que de défaillances”.
 
Mgr Boulos Matar célébrant 
une messe en plein air à Bhamdoun. 
 

L’église de Damour. 
 

Maisons durement frappées dans la banlieue-sud.
BUDGET INSUFFISANT
Pour être plus explicite Mgr Boulos Matar aborde certains dossiers séparément.
Il commence par le Chouf.
“Dans cette région des efforts sérieux ont été déployés en faveur du retour des déplacés.
“Le ministre, Joumblat a été à l’origine de maintes réconciliations dans les villages. L’Eglise lui a tendu la main pour aider à ces réconciliations, contribuer à la réparation des maisons et au retour pacifique des déplacés, mais leur nombre étant considérable, le budget consacré à cette opération s’est avéré nettement insuffisant et bon nombre de déplacés n’ont pu encore retourner chez eux.
“A titre d’exemple, précise Mgr Matar, la ville de Damour comptait 3.000 logements avant la guerre. Les indemnités perçues jusqu’à ce jour par les déplacés, ont permis leur reconstruction partielle, c’est-à-dire, le squelette et les murs de 1500 habitations seulement qui sont, par conséquent, encore inhabitables, pour la plupart, puisqu’elles sont sans toits et sans installations sanitaires.
“L’Etat devait leur accorder une aide en trois tranches. La première a été versée depuis quelque temps; la seconde vient de l’être et on attend toujours le troisième versement.
“Un effort et un peu de bonne volonté suffiront pour ressusciter Damour et on aurait souhaité, pour cette ville, autant d’efficacité dans l’action que dans la reconstruction des villages endommagés au Sud”.
Mgr Boulos Matar parle, ensuite, de la région d’Aley “Les efforts à déployer, observe-t-il, sont gigantesques.
“Ici, je voudrais soulever deux points essentiels: D’abord, les riches aussi bien chrétiens que druzes, devraient investir beaucoup plus dans cette région, réactiver la vie commune et avoir confiance en l’avenir. “Ensuite, il n’est pas permis que les chrétiens vendent leurs biens-fonds à Aley, Bhamdoun, Sofar et Souk El-Gharb, tout comme il n’est pas permis que les musulmans opèrent des achats de nature à concrétiser un fait accompli de séparation”.

LES CHRÉTIENS, COMPOSANTE ESSENTIELLE DANS LA PAIX RÉGIONALE
Monseigneur, vous avez certainement raison dans tout ce que vous avancez, mais ceux nombreux parmi les chrétiens, qui hésitent à investir dans les régions d’Aley, de Bhamdoun, Sofar et Souk El-Gharb objectent qu’ils sont encore méfiants, craignent d’investir et de perdre leur pari. Ils attendent d’être sécurisés par une solution de paix globale au Proche-Orient.
“Cet état de méfiance, répond-il, résulte d’une mauvaise lecture de l’avenir de la région. Les chrétiens sont une composante essentielle dans la paix régionale et l’avenir du Proche-Orient.
“En effet, ce sont eux qui ont introduit en Orient cet esprit de tolérance pouvant contribuer à la solution du problème inter-régional.”
L’archevêque maronite de Beyrouth évoque, ensuite, le cas de la banlieue-sud.
“On a entendu souvent dire que la banlieue-sud est pour les déplacés une ligne rouge à ne pas franchir.
“Maintenant, on entend des échos différents et un espoir naît, celui d’un retour prochain des déplacés, d’autant plus que la cœxistence islamo-chrétienne a été déjà rétablie à Tyr, Nabatieh et Baalbeck.
“On a même entendu dire qu’il n’y a pas de crise de logements dans la banlieue-sud. Ceci pourrait contribuer, dans une large mesure, à normaliser la situation.
“Par ailleurs, on est en train de négocier le retour des déplacés dans le haut Metn et on espère que les dirigeants finiront par céder à l’obligation de clore ce dossier avant les élections présidentielles. Ce sera le plus beau cadeau que le régime pourrait offrir au Liban.
“N’oublions pas, conclut Mgr Matar, que dans l’accord de Taëf, ce problème fait partie des grandes priorités.”

N.M.H.
 

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