Editorial
 


Par MELHEM KARAM 

 
 

LA VISITE D’ALBRIGHT: UNE TOURNÉE POUR RIEN...

Madeleine Albright visait de sa récente visite dans la région, à transmettre à Benjamin Neta-nyahu un blâme sévère du président Clinton et c’est ce qu’elle a fait. La réaction du Premier ministre israélien n’a pas satisfait le secrétaire d’Etat US, ni le président Clinton qui a été notifié de sa réponse. 
Albright a dit à ses proches et à ceux qui ont l’habitude de garder ses secrets, que Netanyahu n’est pas habilité à être un messager de paix et qu’elle se doit d’exercer des pressions sur lui, jusqu’à ce qu’il réalise la paix ou une partie d’elle. De là, la difficulté de la mission américaine. Elle a donc vu en Netanyahu un “rebelle et un surenchérisseur”; ce sont ses propres termes. 
Au Liban, la mission d’Albright était entourée de beaucoup d’épines et de contradictions. D’abord, dans la forme et cela s’est manifesté par le retrait d’un certain nombre de ministres et de beaucoup de personnes invitées au “Forum de Beyrouth” où elles n’ont pas trouvé leurs places, sans omettre l’absence de bien des noms authentiques qui auraient dû figurer sur la liste de ses auditeurs. 
Ensuite, dans le fond, preuve en est que le mot qu’elle a prononcé était, naturellement, étudié et se distinguait par sa profondeur. Cependant, il s’agissait plutôt de sermons, de promesses et de planification pour une conduite et un modèle de pouvoir. Son mot comportait des erreurs, tel le fait de dire: “Les musulmans, les chrétiens et les druzes”. Comme si, à son avis, les druzes ne sont pas des musulmans et des mahométans. 
Elle a dit encore: “Nous souhaitons voir prochainement des élections libres...”, allusion aux élections qui ont eu lieu, insinuant qu’elles n’étaient pas libres. Et qu’on planifiait pour des élections municipales falsifiées. 
Puis, elle a fait assumer à l’Autorité la responsabilité du retard à appréhender ceux qui ont accompli des actes terroristes contre les Américains. Tout en insistant sur la nécessité de ne pas tenter des opérations de terreur collectives et de surmonter les obstacles. Puis, le fait de soutenir: “Il reste beaucoup à construire, l’Etat devant agir à l’effet de réduire la marge du chômage”. 
“Le Liban reste un endroit dangereux”, a également dit Mme Albright, ce qui dissuade les gens désireux d’y venir. En plus de son souhait “de voir les Libanais panser les blessures de la guerre et réussir dans leur lutte visant à atténuer la menace de la violence extrémiste”. 
Ceci constitue du “chantage” contre les Libanais et une prise de position contre eux... Sans proposer aucune solution de rechange. 
Il est apparu à Madeleine Albright de sa visite à six capitales arabes, quatre années exactement après la signature des accords d’Oslo autour de la souveraineté palestinienne, que les comportements violents et arbitraires unilatéraux de Benjamin Netanyahu, exposent aux dangers le processus de paix dans son ensemble. 
Mme Albright s’est montrée réservée dans l’utilisation de la logique manquant de diplomatie, tel que l’a fait avec courage Hubert Védrine, ministre français des Affaires étrangères, qui a dit: “La politique suivie par Netanyahu est catastrophique”. Cette appellation n’a pas gêné Albright. Elle a fait comprendre à ses interlocuteurs arabes qu’elle n’était pas éloignée de donner raison à Védrine dans ce qu’il a dit du chef du gouvernement d’Israël. Elle avait laissé entendre en Egypte, qu’elle n’acceptait pas la proposition du Premier ministre israélien en ce qui concerne l’avenir des négociations avec les Palestiniens. 
Elle a émis bien des critiques et riposté aux agissements des respon-sables israéliens qui n’étaient pas tout à fait satisfaits de ses comportements. Pourtant, ils avaient rappelé à son intention l’histoire de son affiliation juive. 
L’encouragement du roi Fahd et du président Hosni Moubarak l’incitant à poursuivre sa mission avec courage et opiniâtreté, lui fit parier sur la rencontre de la fin du mois à New York, entre les ministres palestinien et israélien des Affaires étrangères, Mahmoud Abbas et David Lévy, aux fins de relancer de nouveau le processus de paix. Si une nouvelle initiative américaine n’était pas entreprise au Proche-Orient, comme l’a annoncé l’un des hauts responsables palestiniens. 
Le succès de la rencontre de New York est tributaire de la capacité des Etats Unis d’atténuer l’intransigeance et la crispation israéliennes. Bien que l’initiative israélienne en vertu de laquelle l’embargo a été levé sur les villes palestiniennes situées dans la zone du régime d’autonomie ne fasse pas apparaître la bonne intention de Netanyahu. 
Albright a compris et a été persuadé du fait que la politique américaine favorable à Israël et s’orientant dans le sens de l’Etat hébreu, comme au temps de son prédécesseur Warren Christopher, est de nature à envenimer l’atmosphère dans toute la région. De plus, elle ne contribue nullement à accélérer le processus de paix. 
L’Administration Clinton se doit, aujourd’hui plus qu’un autre jour, d’affronter avec plus de fermeté la dureté israélienne, si elle est vraiment soucieuse de sauver la paix et de ramener le climat de confiance avec le monde arabe. 
Hubert Védrine avait déclaré: “Le style de Netanyahu est catastrophique d’une manière directe et futuriste par rapport aux Palestiniens, à Israël et à tous les habitants de la région. Il n’y a ni style de paix, ni dynamique, ni vision futuriste. Quant au problème du Liban-Sud, il n’est pas permis qu’il soit résolu d’une façon individuelle; il doit faire partie d’une solution globale, laquelle n’est possible qu’avec la relance du processus de paix qu’Israël a fait avorter”. 
Le président Arafat avait condamné la politique des sanctions collectives, le refus de libérer les prisonniers et la confiscation des fonds palestiniens. “Ce que nous voulons, a-t-il affirmé, c’est une paix juste et globale”. 
Cet appel de la part du président Arafat, a été adopté et repris par les forces de paix israéliennes, la plupart des mouvements pacifistes, de même que par le parti travailliste israélien, lequel a organisé une manifestation sous la devise: “Nécessité de sauver la paix”, à l’occasion du quatrième anniversaire des accords palestino-israéliens signés à Washington. 
Sinon, adieu la paix! C’est l’état d’un peuple qui veut vivre, mais dans le rêve et édifier une paix, mais sur la duplicité, le mensonge mutuel et sur des jambes en osier. 
La visite d’Albright qui n’a pas réussi, peut trouver quelque justification dans la rencontre des ministres palestinien et israélien des Affaires étrangères à New York. Faute de quoi, le chef de la diplomatie US aurait effectué, inutilement, sa tournée proche-orientale. 
Photo Melhem Karam

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