Editorial


Par MELHEM KARAM 

 

SOMMES-NOUS À LA VEILLE D’UNE NOUVELLE GUERRE?

L’entretien du président Yasser Arafat doit être lu, en profon-deur. Chaque ligne et chaque lettre peuvent servir de titre et de matière digne d’être mise en relief. C’est que le temps place l’affaire palestinienne, en tant que cause centrale, en tête des développe-ments. L’homme fait l’événement par sa présence. Si les médias suivent minutieusement la cause palestinienne, c’est parce qu’elle impose une poursuite persévérante, ce qu’accomplit Israël, suscitant l’indignation partout dans le monde. 
Madeleine Albright a accueilli avec réprobation le fait pour le gouvernement israélien d’avoir construit trois-cents unités de logement près de Bethléem, à des fins prétendûment sécuritaires. Ainsi que l’a dit son porte-parole, James Rubin, elle ne juge pas ces projets propices au climat qui, à son avis, devrait élargir le cadre des négociations dans un proche avenir. La rencontre de Mahmoud Abbas et de David Lévy à New-York ne rassure pas Albright, bien qu’elle l’ait préparée. Comme elle a adouci le climat afin de favoriser l’ouverture des territoires occupés. Mais cette initiative a été entreprise après que des étudiants israéliens aient occupé un édifice dans le quartier arabe de Jérusalem, ceci ayant eu un mauvais impact sur l’opinion. 
Ceci justifie toutes les déclarations de Hubert Védrine, chef du Quai d’Orsay, disant que les agissements d’Israël placent Arafat dans une situation impossible, alors qu’ils posent bien des points d’interrogation et suscitent beaucoup de griefs autour du processus de paix. 
Védrine n’est pas le seul parmi les responsables occidentaux à exprimer, franchement, son opinion à propos des comportements israéliens. L’ambassadeur égyptien, Bassiouni, a émis le désir de quitter Israël où il s’expose à des vexations. De même que l’am-bassadeur américain à Tel-Aviv, Martin Indyk, dont la mission a pris fin. Celui-ci a dit que «Netanyahu a transformé le rêve de la paix en cauchemar». 
Il a dit encore que l’Etat hébreu devrait donner à Arafat l’occasion de souffler, s’il voulait vraiment œuvrer en faveur de la paix. 
Le président Arafat m’a dit: «Je ne serai le policier de personne», en réponse à des rumeurs lui attribuant un tel rôle. Il semble qu’après mûre réflexion, les Américains aient pris conscience des risques auxquels les agissements israéliens exposent Arafat et la paix. 
Il importe, à présent, de ramener la confiance aux peuples de la région, y compris le peuple israélien dont 26 pour cent se proclament optimistes par rapport à la paix, à quelques jours de la nouvelle année juive, contre 51 pour cent, il y a un an à pareille date. 
Ce qu’a dit Arafat est particulièrement dangereux, quand il a relaté des faits en rapport avec le peuple palestinien et les Israéliens qui se prononcent pour la paix ou la guerre, préférant ne pas continuer à vivre dans un état de ni guerre ni paix. 
Sans mener à une guerre véritable, cette situation corrompt et détruit la paix et ses significations. Les juifs de la droite folle dans son comportement, la droite des barbes et de la calotte (la kipa) sont soucieux d’enterrer les négociations considérées comme un leurre arabe. En revanche, les autres, les gens de la gauche travailliste, en dépit des attentats-suicides et de la violence, œuvrent en vue de raviver la paix moribonde. 
Les extrémistes de «Hamas», eux, tentent par leurs actes de s’attaquer à la paix promise. 
Aujourd’hui qu’ont repris les actes de violence, parce que la paix commence à s’éloigner, un certain nombre de diplomates rassemblent les éléments du «puzzle» difficile; ils se trouvent face à face devant l’une des équations: Israël ou la Palestine, le Liban ou «Hamas». 
La présence sioniste sur la terre arabe s’impose depuis cinquante ans, alors que sur la scène arabe le pétrole constitue le facteur stratégique mondial, tandis que la pauvreté est la matière explosive au plan politique international. Jusqu’à l’explosion globale, il y a l’arme la plus forte, c’est-à-dire la religion qui enflamme les fils d’Abraham, d’Ismaël, d’Israël, le musulman et le juif. Au point que toute guerre au-dessus de ces collines inspirées qui engendre la mort, paraît comme une guerre sainte ou, du moins, ainsi on l’imagine. 
En septembre 1993, tout le monde a salué Arafat et Rabin pour avoir signé un accord, même en poterie et en verre. Rabin a subi le martyre comme prix de la signature. Arafat, lui, continue à pâtir de ses retombées. Pendant ce temps, la droite israélienne a accaparé le pouvoir, avec l’intention de briser le verre bon marché. Netanyahu est apparu comme un partisan d’une nouvelle guerre afin d’opprimer ses adversaires comme en 1956, 1967 et 1973. 
Cependant, Israël sait que le grand piège pour l’Etat hébreu réside dans l’élargissement des terri-toires occupés: le soulèvement, l’amertume ressentie par les Palestiniens vivant dans les camps et l’extrémisme islamique, tout cela cause plus de martyrs et encourage les opérations-suicides. 
La Syrie seule dispose de la force d’un armement géant, le président Hafez Assad ressemblant quelque peu à Louis XI. Le chef, le citoyen et le visionnaire œuvrant aux fins de consolider sa patrie contre toutes les agressions, faisant de Damas le rempart straté-gique de la région, le chef de l’Etat syrien, disons-nous, jouit d’une puissance rare par sa personnalité, sa foi et sa connaissance. 
L’Occident signifie, maintenant, l’Amérique, l’Europe étant encore hésitante. Il se doit de ne pas atténuer sa pression, pour relancer le dialogue, pareil à celui ayant eu lieu entre Sadate et Begin, Arafat et Rabin. Dans tout le milieu arabe, Israël apparaît comme un appât occidental sur la terre de la paix. Toute régression de la paix à Jérusalem, contribue à réactiver la fièvre fondamentaliste. Bien des convoi-tises et des desseins grouillent dans le volcan proche-oriental, de même que l’avenir d’Israël, son destin et le pétrole. 
Toujours est-il que le rôle de l’extrémisme islami-que efficace affecte tout le monde partout et derrière chaque voile. 
Photo Melhem Karam

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